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Tousch à tout [ Le nom du Titre]

entretien avec Fred Tousch de la compagnie Le Nom du Titre

lundi 4 juin 2007, par Mathieu Nihouarn

La rumeur enflait depuis quelques jours, les habitants de Saint-Thégonnec s’interrogeaient : un canular ? Un fou ? Un envoyé du seigneur ? En ce samedi 19 mai, Jean-Claude Fischer avait décidé que ce serait leur « Golden Day » et a donc lancé ce défi colossal : soulever l’église de Saint-Thégonnec ! Quelques heures avant le miracle, ce prêcheur de l’impossible m’accordait quelques minutes de son temps si précieux afin de répondre à mes questions...

Commençons par la sempiternelle question : quel est ton métier ?

Comédien professionnel.

Pourrais-tu revenir sur ton parcours ?

En 1988, j’ai commencé à faire des matches d’improvisation quand j’étais à l’IUT à Tours. Puis, peu après, j’ai découvert le cirque Archaos. Je connaissais également les Béruriers Noirs : je suis allé les voir, j’ai fait la fin de leur tournée de 1989, cinq, six concerts avec eux en Suisse et dans l’est de la France en étant clown de scène. Et ils m’ont remercié : il faut dire que j’étais plus un fan qui avait envie d’être sur scène et qui faisait n’importe quoi ! C’est là que j’ai compris que c’était un vrai métier, qu’il ne suffisait pas de jongler avec trois boules. Je suis donc parti avec Archaos, et j’étais un petit peu plus sérieux. L’aventure a duré quatre-cinq ans. Suite à cela, je me suis dit qu’il me fallait un peu plus de technique : j’ai donc pris des cours de théâtre. J’avais compris l’essence même du spectacle mais il me manquait la technique pour monter sur scène et faire ce que j’avais dans la tête. J’ai fait des stages AFDAS pendant deux ans. Et puis, j’ai galéré : je faisais des plans figurations jusqu’au jour où j’ai rencontré Pierre- Claude Artus, qui m’a initié à la cornemuse : nous avons crée ensemble notre premier duo de rue avec la collaboration du Fourneau en 1996 qui s’appelait « Fred et Pierre-Claude, chanteurs sincères ». Nous avons tourné sept ans avec ce spectacle, 300 - 400 représentations.

Ensuite, j’ai monté « Oui, je suis Poète », ma série des « Benoît », le 1, le 2 que j’ai fini cette année, « Le Cabaret Philosophique »... Ce parcours s’est fait aussi au fil de rencontres avec des gens. Je suis resté très attaché à la rue : j’aurais pu développer le réseau « salle », mais la rue nous plaît beaucoup.

Excellente transition, Fred, car justement pourquoi avoir choisi la rue, l’espace public pour s’exprimer artistiquement ?

J’avais peur de ne pas pouvoir jouer. La rue, l’espace public permet de pouvoir jouer sans obligatoirement rentrer dans des cadres, et j’ai pu créer mes propres cadres sans être formaté par une compagnie. Avec la rue, tu y vas, tu joues et tu t’arrêtes ! Et elle me donnait l’assurance de vivre de ce métier. Au théâtre, tu es obligé d’attendre que quelqu’un t’embauche, c’est quand même un métier où il y a 90% de chômage. C’était un peu la facilité de l’emploi.

Tu sembles attaché à aider les compagnies, à mettre en place des évènements...

En fait, l’idée, c’était de se mettre ensemble pour avoir plus de moyens, pour pouvoir se payer un secrétariat, une administratrice, de se fédérer d’une certaine manière. Mais ce n’est pas si évident que cela, de se fédérer. Le but, c’est de faciliter la diffusion : on le fait avec Maria Dolorès mais ce n’est pas quelque chose vers lequel je pense aller parce que ça demande de la rigueur, de la discipline, un vrai travail de suivi.

Quel est le concept derrière « La Foirce », le spectacle que tu vas jouer aujourd’hui ?

Un gros mensonge : c’est comment faire avaler des trucs énormes à des gens, tout ça grâce à la tchatche, sans jamais se démonter. C’est assez d’actualité, en période d’élection ! C’est vraiment de l’art de la dialectique, leur faire avaler des trucs énormes, en l’occurrence une église !

Ce spectacle semble différent de tout ce que tu avais pu faire avant...

Il est différent : il est culotté. J’ai toujours raconté des histoires, chanté des chansons, mais je n’ai jamais fait de numéros de performances. Là, c’est une performance dialectique, une performance technique également, soulever l’église et la reposer. C’est la première fois que je fais un spectacle qui ne peut être joué qu’en rue.

Est-ce que le spectacle évolue ?

Pour ce spectacle, on a fait le choix de ne pas le répéter en se disant : « ça passe ou ça casse ». Heureusement, c’est passé ! Après, on l’a quand même peaufiné mais la base était là, on l’a trouvé dans la rue...

C’est donc basé sur l’improvisation...

On avait mis en place des structures, j’avais déjà l’idée de la chose mais je ne savais pas ce que j’allais dire. Après, on a « nettoyé ». C’est aussi le public qui nous a aidé à construire le spectacle. Ca permet aussi de voir ce qui nous fait vraiment plaisir dans cette dimension, dans ce discours et d’y aller à fond. Et je peux te dire qu’on y va, mon petit bonhomme !

J’espère bien !!

Entretien réalisé le samedi 19 mai 2007 à Saint-Thégonnec, quelques heures avant la troisième étape du Mai des Arts, autour de l’édifice religieux encore immobile.

Pour plus d’infos : www.lenomdutitre.com

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