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Pierre Prévost, ou le théâtre au « corps-accords »

Parcours de Pierre Prévost

samedi 15 mars 2003, par Kevin

Interview réalisé au cours de la résidence au Fourneau en Mars 2003

Du haut de son mètre quatre vingt six, Pierre Prévost est une figure imposante de l’espace public. L’ambivalence Prévienne est de jouer avec deux conceptions théâtrales totalement différentes. D’un coté, un théâtre déambulatoire, revendicatif, dur, énervé, et au « milieu des gens ». De l’autre, un théâtre plus léger, et laissant place à une ouverture sur l’imaginaire commun et la connivence avec le public. Rencontre avec un homme de la rue, qui compare volontiers le fonctionnement d’un spectacle à la mécanique du corps humain...

Pierre Prévost : parcours

Globe Joker
En 1987, je crée la Compagnie Globe Joker avec mon frère Jean-Luc. Nous travaillons alors pour des évènementiels et pour des associations dans les banlieues, avec un spectacle de clown. Le spectacle qui va déterminer notre devenir est une petite pochade que j’ai écrite et qui ne sera jouée qu’une fois. ça s’appelle :« Blanche Neige et la Golden qui tue », et nous la jouons au milieu des gens. Dans ce spectacle, il y a évidemment Blanche Neige, le chevalier, la sorcière, et trois nains. Pour les nains, j’ai écrit un texte de "mise en attente" en simili-Vieux François, où ils cherchent Blanche Neige au milieu du public, selon un rituel précis. Ce passage du spectacle fonctionne tellement bien qu’il va devenir indépendant sous le nom des Nains. Par la suite, nous allons chercehr à multiplier ce genre de découvertes. Notre deuxième tentative de rue, c’est le spectacle L’Esbétonie joué à Aurillac. Cette pièce ne trouve pas le succès d’une part parce qu’on ne peut le communiquer correctement et d’autre part, parce qu’on l’a abâtardit, on a voulu en faire une espèce de digest qui passait relativement mal. On est prêt à abandonner la rue parce que nos travaux pour les évènementiels et les associations nous permettent de gagner notre croûte. Mais elle nous tient à cœur et en 1994 on se remet à travailler sur des spectacles du type des Nains.

Les Obsessionnels
On a alors deux équipes, une qui joue les Grands Nains, La Tournée Electorale, et les Krishnous, la deuxième équipe (dans laquelle je travaille) lance les Représentants ( Huit saynètes en 1994, 16 en 1995) chaque équipe travaille à sa manière mais avec le même nom générique, Les Obsessionnels.

Ce qui est drôle c’est que le nom a prévalu sur la compagnie qui n’était alors pas très réputée.
Ces deux équipes là on eu leur destin. Deux travaux différents, la première était plus réactive et nous, nous étions plus dans le fond et la mise en scène. Ce qui m’intéressait c’était effectivement de faire passer du texte mais pas forcément des phrases entières, surtout avec la langue française où tu peux commencer une phrase sans la terminer et tout le monde la comprend, alors qu’en Allemand ce n’est pas possible. Avec Les Représentants on travaillait sur la césure, juste des mots, des saynètes orchestrées et mises en scène. L’idée était de faire une démonstration de produit, tout en démontrant la société en très peu de mots. On est bien tombé, en 1994 on était sous Léotard et tous les organisateurs cherchaient des solutions à pas chères, tout en étant théâtrales. De plus la communication passait bien, du fait de l’inscription Les Obsessionnels sur les valises des représentants.

La compagnie Les Obsessionnels a grandi, on a crée d’autres spectacles : La Horde, La Marquise de Noutroy, Les Grâaleurs, Les Cornaqueurs et … La Chorale de Saint Fulbert, au départ sous forme de déambulatoire, crée pour Festimagic dans les supermarchés. Ca nous disait bien de jeter une chorale de ploucs chantant des chansons cul cul. On s’est tellement bien amusé à le faire qu’on a continué à le jouer. Au début, en 98, c’était mauvais, mais les aventures ont continué, et j’ai écrit et composé de nouvelles chansons, sans aucune prétention.

2000, création des Acidus-Obsessionnels

En 2000, la base des deux équipes s’est séparée, non pas les gens de la compagnie, mais les deux patrons qu’étaient mon frère et moi. Exit Globe Joker, et création des Goulus-Obsessionnels avec Jean-Luc et des Acidus-Obsessionnels sous ma direction. On garde le nom générique, pour que les gens puissent faire le rapprochement, et parce que c’est très difficile d’ avoir un nom, de construire une réputation. Il y a encore des gens qui nous appellent les Obsessionnels alors que la compagnie n’existe plus. C’est resté dans la mémoire.

Théoriser une mise en scène spontanée, chercher des procédures qui nous permettent d’avancer

La spécificité au départ des Obsessionnels puis d’Acidu, c’est de vouloir jouer au milieu, je ne veux pas avoir un rapport frontal, je veux jouer au milieu des gens, en ayant un rapport spontané, de retrouver un peu le théâtre saltimbanque, mais face à un public beaucoup plus civilisé que celui du moyen âge ... Aujourd’hui, et grâce au théâtre de rue, les gens commencent à comprendre qu’un mec déguisé n’est pas forcément là pour faire le clown, qu’il est acteur, et c’est à partir de là que tu peux introduire une démarche théâtrale. Ma partie de travail au sein des différentes compagnies a été de trouver et théoriser une mise en scène spontanée, de chercher des procédures qui nous permettent d’avancer. A partir du moment où tu as trouvé ces formules qui résument le théâtre déambulatoire, il y a la recherche textuelle, qui te permet de fabriquer un répertoire.

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