Le port, c’est un petit village ; il y a beaucoup de curieux. Les gens vous ont vus faire des interviews par-ci par-là et harceler un peu certaines personnes. Alors au fait qui êtes-vous ?
Raphaël : Nous sommes des extra-terrestres qui arrivons d’une autre planète et nous venons à la rencontre des habitants d’ici. Notre planète, cela peut être le théâtre, la danse, le paysage, la musique, les arts plastiques - les arts de la rue en tous les cas. Ici [à Brest], nous faisons un travail sur le territoire, avec un fort appétit de savoir à travers le regard et l’histoire personnelle [de ces gens] ce qu’est ce lieu du port de commerce.
Pourquoi cette implication du groupe ? En quoi est-ce bien d’être quinze ?
Estelle : Le fait d’être quinze est un choix de la FAI AR au départ. On s’est rencontrés le 4 avril 2005 à Marseille et on s’est découverts les uns les autres. Je pense que le groupe tient parce qu’au-delà des affinités qu’il y a entre certaines personnes, chacun de nous a conscience de porter l’un des piliers du groupe. Beaucoup de fois l’envie de partir nous a traversés...
Vous avez eu des moments de doute ?
Estelle : Oui !
Raphaël : Cela va avec le sens de la formation. Les organisateurs ont composé le groupe à partir de ce qu’ils ont ressenti chez ces quinze individus. Douter de soi même et se remettre en cause faisaient partie des ingrédients indispensables. Ce n’est pas facile de vivre avec ce doute, d’avancer.
Quel élément de votre périple vous a subjugué ? Un moment devenu inoubliable ?
Pablo : On travaille tout avec une telle intensité de rythme que c’est la difficulté majeure de savoir digérer toutes ces émotions et informations. En un an, on en a vu vraiment de toutes les couleurs ! On est, tous les quinze, tellement différents que je pense que chacun de nous a été marqué par des choses absolument différentes.
Ce défi est-il jouissif ?
Anthony : Tout à fait, sinon je crois que je ne serais plus là ! Le plus grand défi pour moi dans cette formation , c’est de se mettre en position de comédien alors que je suis plasticien. Je suis quelqu’un d’assez intérieur qui ne parle pas beaucoup. Avec les « Comediants » en Espagne, j’ai dû me mettre dans le rôle d’une femme. C’était très jouissif de trouver la femme qui est en moi.