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Il faut rire de tout [Mine de rien]

Pina Blankevoort et Aline Muheim, comédiennes de la compagnie Mine de rien

lundi 7 août 2006, par Camille

Prélude du FAR : rencontre avec deux personnes enthousiastes, chaleureuses et très drôles - clowns de leur état. Nous avons prolongé ce moment de discussion le lendemain matin, lors de leur passage au Fourneau. S’apprêtant à faire le montage du décor de leur spectacle « Enfin tranquille ! », Pina et Aline m’informent qu’elles ne disposent que de peu de temps : « on fait ça en quelques minutes, blout et merci ! ».

Comment vous êtes-vous rencontrées ?

Aline : Nous travaillons toutes les deux avec l’association Rire Médecin - Pina depuis beaucoup plus longtemps que moi. Nous intervenons auprès des enfants hospitalisés à l’hôpital Timone à Marseille. Notre rencontre remonte à trois ans et demi.

Pina : Voilà, donc c’est un super travail...

Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur vos interventions clownesques ?

Aline : Nous jouons dans les chambres des enfants. Nous ne venons pas avec un spectacle tout prêt mais improvisons en fonction du patient, de sa famille, du personnel...

Pina : Comme nous travaillons tout le temps en pédiatrie, nous avons voulu créer un spectacle sur le thème de la vieillesse (« Enfin tranquille », ndlr). Ca change ! (rires). Nous sommes allées faire un tour en gériatrie : il ne se passe rien de rien pour les personnes âgées. Les vieux, on les oublie... Après le spectacle, nous avons eu des retours de gens qui nous disaient : « ça me rappelle ma grand-mère, mon grand-père ». Ils reprennent le temps de penser à eux et c’est déjà énorme. Dans les années à venir, il va y avoir un nombre monstrueux de personnes âgées. Or il n’y a plus de place, plus de temps pour elles !

Ce spectacle a une certaine lenteur mais elle est nécessaire. Les gens sont simplement invités à assister à la vie de deux vieilles dames...

Les personnes âgées ont beaucoup d’histoires à raconter ...

Pina : Oui c’est vrai. Léonore récolte les histoires des mères (« Amours à mères », compagnie A Petits pas ). Il faudrait que nous aussi nous trouvions une façon d’aller à la rencontre des personnes âgées, de les interviewer. Comme hier avec les dames de Notre-Dame de Lourdes, c’était super ! Elles ont adoré le spectacle, qui pourtant montrait leurs petits travers. Elles en parlaient avec de la lumière dans les yeux. D’ailleurs l’une des dames ressemblait vraiment beaucoup au personnage d’Aline !

Aline : En observant les personnes âgées, je me rend compte qu’elles redeviennent comme des enfants. On retrouve le même tragi-comique que chez les enfants ; c’est très clownesque !

Etes-vous déjà intervenues en gériatrie ?

Pina : Ce n’est pas la peine d’aller en gériatrie : les patients sont plus drôles que les clowns ! (rires) C’est surtout la musique qui leur plaît. Notamment en France, où la culture des chansons est encore bien vivante. Ici, les jeunes connaissent les chansons de guinguette et je trouve cela vraiment bien. Cette culture n’existe plus en Hollande. D’autres générations sont passées et même les vieux ne se souviennent plus.

Aline : La musique est encore plus importante chez les personnes âgées. Elle leur rappelle toutes sortes de souvenirs.

Y a-t-il certains sujets dont il ne faut pas rire ?

Pina : La maladie, la mort, la guerre... En fait c’est mon cheval de bataille. Je pense que l’on peut peut rire de ces sujets si on les traite avec décalage et sincérité. Mon précédent spectacle parlait d’un gala de charité ; il est tombé au moment du tsunami...

A la fin d’ « Enfin tranquille », l’une des mamies pique une grosse crise. Nous avons pensé que cette scène était nécessaire. Sinon le spectacle aurait été trop léger, racontant simplement l’histoire de deux voisines. Or elles peuvent mourir, c’est une réalité. Peut-être ne vont-elles pas se réveiller le lendemain ?

Le spectacle est tout jeune... Comment a-t-il évolué depuis ses débuts ?

Aline : C’est en public, à force de jouer, que l’on se se rend compte des choses qui vont moins bien, qu’il faut rythmer ou changer.

Pina : A l’origine, ce spectacle a été créé pour la salle. Notre sortie rue s’est faite avec Le Fourneau. C’était vraiment un test. Nous avons ainsi dû faire des modifications : nous arranger à ce que le public ne puisse pas passer derrière le décor, prévoir une bâche parce qu’il pleut souvent en Bretagne (rires)...

Aline : L’énergie est différente dans la rue. Je trouve que le rapport aux spectateurs est plus direct. Par exemple, lorsque je rentre en scène, je passe par le public. Il faut vraiment que je le bouscule pour frayer mon chemin. Et puis il faut d’avantage porter la voix.

Pina : J’étais étonnée hier car j’ai croisé quelqu’un qui était placé très loin et qui m’a pourtant assuré qu’il n’avait pas perdu une miette des subtilités.

Par contre il faut faire très attention à ne pas devenir « cabot »...

Aline : Le silence est beaucoup plus fort dans la rue et c’est déstabilisant. Alors on a tendance à être un peu « à l’attaque »... or c’est important de ne pas perdre cette subtilité.

Ne pas perdre la lenteur aussi... Beaucoup de spectacles de rue se jouent sur un rythme effréné !

Pina : C’est vrai, mais maintenant, il y a de la place pour tous les types de spectacles. Le public commence à connaître beaucoup de choses, à être exigeant.

Est-ce que ce spectacle va tourner à l’étranger ?

Aline : Le spectacle a été créé sans parole, en pensant un peu à cette possibilité. Nous l’avons déjà joué en Suisse.

Pina : La vieillesse est un thème international. Jouer en Asie ou Amérique du Sud, ce serait génial ! Nous avons envoyé un dossier à l’AFAA... L’AFAA, si vous entendez notre témoignage, vous pouvez nous appeler au 06 81 ....

1 Message

  • Il faut rire de tout [Mine de rien] 24 octobre 2006 14:42

    Bonjour,
    Etudiante en soins infirmiers en 3ème année à l’Institut Mary Thieulent au havre, ma formation prévoit en cette dernière année la réalisation d’un travail de fin d’études portant sur une situation d’appel vêcue. Mon cursus de stages m’a permis de constater que le stress peut apporter préjudices aux patients comme aux soignants. Il me paraît donc essentiel de travailler sur la relation soignant/patient quand ce dernier se trouve en période de vulnérabilité.Je souhaite mettre l’accent sur le pouvoir du rire dans les moments de stress tant pour le patient que pour l’équipe soignante. Ma question de départ étant la suivante : Dans quelle mesure les effets du rire ont ils une influence sur la coopération du patient et sur la prise en charge infirmière du patient douloureux et anxieux ? je me permets de vous solliciter au cas où vous auriez quelques documents, informations qui pourraient m’être utiles ou connaissance d’éventuels intervenants que je pourrais contacter.
    Je vous remercie d’avance, veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sentiments respectueux.
    Melle AFFAGARD Alexia
    al.a@hotmail.fr

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