Nous sommes le 8 mars.... Déjà le 8 mars... Pas vu le temps passer...
Le centre Djelya résonne depuis ce matin des bruits devenus désormais quotidiens, et, même en cette journée de la femme, Sophie ne peut s’empêcher de buriner hardi petit un gros morceau de ferraille... Sur la scène de plein air, juste à côté de la table où je me suis installé, il y a Yacouba, notre couturier ; Michel l’a rencontré sur le marché il y a une quinzaine de jours ; il y tient une petite échoppe et s’est spécialisé dans la couture de sacs et bâches en tous genres. La première commande que nous lui avons passée a été un grand velum pour protéger la scène du soleil. Nous l’avons soutenu par deux longs poteaux de bois tordu et accroché au mur de banco grâce à une rafale d’œillets et quelques ficelles de lieuse entortillées sur de longs clous rouillés.
Il y a 8 jours, Michel a proposé à Yacouba de venir s’installer sous le vélum pour travailler avec nous ; nous lui avons confié notre Singer électrique qu’il a souhaité poser sur son vieux socle à pédale, joli collage de technologies... Chaque jour, patiemment, il coud des tentures et des rideaux de scène sur mesure pour parfaire notre futur « musée de la poule Chitigui » (chitigui en dioula veut dire poilue).
Le centre Djelya est un centre social et culturel de quartier. Il est au cœur de Diaradougou, le village des lions, tout près du marché central de Bobo Dioulasso, ce qui facilite grandement les diverses intendances. Son directeur s’appelle Papa Kouyaté, un homme intègre qui tient cette utopie à bout de bras. Avec les maigres subventions qui proviennent d’un réseau fait de famille et d’amitiés, Djelya vivote ; le centre embauche plus que précairement deux permanents et quelques volontaires locaux offrent aux jeunes du quartier des activités sportives et culturelles gratuites, comme le football, la danse, le théâtre, la capoeira, les percussions. Ils proposent également un soutien scolaire régulier et organisent des distributions de vêtements, médicaments, préservatifs et fournitures d’école pour les plus démunis du quartier. Les enfants seront vite les adultes de demain, rappelle Papa...
Le centre Djelya est également un lieu de création et de diffusion de spectacles ; des manifestations uniques y sont nées comme le carnaval des enfants, ou le festival de contes Yeleen. Papa Kouyaté est aussi un scénographe reconnu ; ses fonctions l’amenant à de fréquents déplacements internationaux, notre président Maestro, amateur de bons mots, lui a flanqué le sobriquet de Papamobile...
Notre président est inénarrable au niveau des bons mots. Il commence parfois au réveil. C’est généralement pour nous une bonne occasion pour quitter la grande table du petit déjeuner, le laisser tranquillement finir son ricoré et d’aller discrètement vers l’atelier pour commencer une activité si possible assez bruyante...
L’arrivée d’O.p.U.S, Papa ne s’en cache pas, a été une manne providentielle même si elle a temporairement désorganisé le fonctionnement du centre. Le loyer que nous versons contre la mise à disposition de la cour et des locaux de travail et d’hébergement a permis de solder quelques impayés et d’entreprendre la construction d’un petit bâtiment annexe où pourra être assuré le soutien scolaire. De plus, une partie du matériel que nous avons acheminé sera offert à Djelya au moment de notre départ. C’est ainsi que la célèbre cuisinière à gaz du voyage finira ses vieux jours sous le petit toit de tôle qui depuis notre arrivée est devenu la nouvelle cuisine du centre. C’est Papa qui a retroussé les manches le premier. Il était 21 heures, c’était le 2 février. Le lendemain matin, une dalle de 30m2 était tirée... Papa est un excellent maçon, et comme aime le répéter notre président contrepèteur, il sait remuer le béton à la tonne...
La cuisinière cohabite dorénavant avec mon ancien frigo, un beau Brandt 2 portes à compartiment***, le top du top d’après le frigoriste qui est venu le dépanner il y a quelques jours. Oui, le problème avec nos frigos, c’est leur difficulté à s’acclimater à la chaleur d’ici, un peu comme nous autres d’ailleurs, et qu’ils ont besoin d’être ventilés, un peu comme nous autres aussi et d’ailleurs... Du coup, il s’est mis à faire très chaud dedans.
Extrait
Bonjour Mr le frigoriste
Bonjour Mr Michel, bonjour Mr Pascal, vous allez bien ?
Oui, ça va, an’tié* , et chez vous ça va ?
Ca va, an’tié, et la famille, ça va ?
Ca va, an’tié, okakèné...
Et les activités ?
Ca va, okakèné, an’tié aussi
Et ce séjour, ça se passe bien ?
Oui, oui, pour nous ça va, disons que c’est plutôt pour notre frigo que ça va moins bien...
Vous n’avez pas de ventilation ???
Euh, non...
Ah, le moteur doit être fatigué car il n’a pas de ventilation, il faut ajouter.
Oui, oui, qu’à cela ne tienne, ajoutons...
Quel modèle ?
C’est à dire, quel modèle... ?
En fait il y a deux qualités de ventilation : la bonne et la mauvaise.
Il y a un gros écart de prix entre la bonne et la mauvaise ?
Non, c’est 10000 CFA la bonne et la mauvaise 7500.
An’tié, mettons la bonne !
Il revient quelques heures plus tard et installe un ventilateur de bonne qualité.
Voilà ! il faut attendre qu’il refroidisse avec la ventilation puis il va repartir
Okakèné ...
Encore quelques heures plus tard...
Bonjour Mr le frigoriste
Bonjour Mr Michel, bonjour Mr Pascal, vous allez bien ?
Oui, ça va, an’tié, et chez vous ça va, okakèné ?
Ca va, an’tié, okakèné, et la famille, ça va ?
Ca va, an’tié, okakèné...
Et les activités ?
Ca va, an’tié aussi
Et ce frigo, ça se passe bien ?
Disons qu’il nous semble qu’il fait toujours très chaud dedans...
Ah, alors là c’est grave, c’est un problème de compresseur, il faut changer le compresseur...
C’est possible que vous fassiez çà ?
Oui, oui, il n’y aura pas de problèmes, ça va marcher.
Vous pouvez le faire maintenant ?
Oui oui, quelle qualité de compresseur vous voulez, il y a deux qualités.
Il y a un gros écart de prix entre la bonne et la mauvaise ?
La bonne qualité ça vient de France, ça vaut 23000. La mauvaise c’est Nigéria, ca vaut 17500 mais c’est pas bon.
Au diable les varices, consommons français ! (s’exclame le président arrivé sur ces entrefaites...)
Quelques heures plus tard, Mr le frigoriste revient avec son apprenti et entreprend le changement de compresseur.
Voilà c’est installé, maintenant il faut mettre le gaz dedans...
Vous mettez du fréon... ?
Oui ! vous connaissez çà ?
Disons qu’en frigo, on se débrouille un peu, un peu, an’tié okakèné ...
Quel fréon vous voulez mettre ?
Vous voulez dire qu’il y aurait deux qualités... ?
La mauvaise, c’est Nigéria, et la bonne c’est français.
Mettons de la bonne, le roi n’est pas notre cousin ! an’tié okakèné ! (...)
(*an’tié et okakèné, expressions d’origine dioula, très pratiques lors de salutations ou de diverses discussions ; semblent signifier merci et ça va bien merci, mais aussi etcetera ou quelque chose comme ça)
Toujours est-il que depuis notre rencontre avec le frigoriste, nous avons à nouveau de l’eau bien fraîche et parfois même quelques glaçons pour le pastis Bony...
La grande salle polyvalente du centre Djelya s’est rapidement transformée en atelier. Jean Baptiste a tout de suite investi un angle qui lui convenait. Il y a étalé les trésors ramassés le long du chemin (carcasses de chameaux, ailes de goélands, vieux cordages, bois flottés, bouts de trucs et machins rouillés...). Puis il a fixé un étau sur une table fragile, tiré une rallonge et commencé à meuler et à souder... L’ampérage bobolais n’étant pas tout à fait identique à l’ampérage français, le compteur du centre a commencer à gueuler et à bouder. C’est alors qu’Abdou nous a fait faire connaissance avec deux techniques locales : la patience et le trouvage de solutions...
Abdou est le petit frère bobolais de Phéraille (le Phun). Il avait travaillé comme forgeron soudeur avec le Royal lors de la création ici même du petit géant. Nous l’avons embarqué avec l’équipe de phabricants pour la durée de la résidence. En attendant que l’ampérage du compteur soit augmenté, il nous a rappelé qu’on pouvait aussi chauffer le fer pour le former à sa guise ou utiliser un burin pour le couper... Abdou est musulman. Il fait la prière cinq fois par jour près de l’atelier et le bruit des meuleuses ne le dérange pas. Martin, qui aime bien savoir le détail des choses, est très intrigué par ce rituel. Il y a quelques jours, Abdou lui a proposé de lui en enseigner le principe et depuis, il lui arrive de pratiquer discrètement le soir sous sa moustiquaire.
Martin dort en haut. En haut d’un J9. Ils sont inséparables depuis les quelques milliers de km de voyage. Il a garé le véhicule entre 2 manguiers puis il a installé sa moustiquaire grâce à des arceaux de tente fixés sur la galerie préalablement recouverte de morceaux de contreplaqué en guise de sommier à lattes. Pour parfaire son habitation, il a acheté quelques palissades en seko (paille locale). Il les a assemblées à la manière de la cabane du premier des trois petits cochons et il a accroché le tout avec des sangles et des fistrouilles sur le côté du camion. Sous la cabane, il a disposé quelques nattes aussitôt adoptées par Papou, son apprenti mécanicien, qui a trouvé ici un refuge idéal pour les après-midi où la température avoisine régulièrement les 40°. Le caractère rustique et authentique de son habitation intrigue, et depuis peu, il n’est pas rare que quelques touristes viennent photographier le charme de l’habitat traditionnel du « petit griot »...
Michel a persévéré et même amélioré son fameux dispositif en trépied de bambou. Il préfère la fraîcheur du plein air et la scène du centre Djelya devient chaque soir sa modeste chambre à coucher. Il s’est bricolé un lit banquette en bois et le moment venu, il s’y rend et y dépose un étonnant paquetage composé de : un matelas bleu, un drap housse rose bonbon, un drap de soie jaune pastaga, un oreiller de plume de canard recouvert d’une housse rayée bleu-blanc-rouge, une moustiquaire à volant, un jeu de boules Quiès oranges, un masque anti-jour Air-France et un ventilateur 3 vitesses sur pied... Il dit très bien dormir malgré le muezzin de la mosquée voisine.
Le reste de l’équipe se partage les chambres du centre Djelya, avec de temps à autre quelques glissements de couche en fonction des ballades, des arrivées, des départs, ou des montées de température... Ainsi, Boa a-t-il déserté le lit en banco de la case à trois chambres pour profiter au mieux de la fraîcheur relative de la nuit et des bonnes averses de début mars, celles-là même qui les ont expulsé lui et sa moustiquaire sur la table instable de la cuisine en pleine nuit...
Jean-Baptiste s’est installé dans une chambre voisine ; une petite lucarne apporte un peu de lumière sur un petit atelier qu’il n’a pas pu s’empêcher d’installer à côté de son lit, au cas où il se réveille la nuit et qu’une envie pressante le prenne... Fred Parizon lui, s’est aménagé un petit coin très art nouveau dans l’entrée de la case à trois chambres, près d’un aérateur et sous un ventilo à rotule, avec moustiquaire suspendue, natte de plastique tressé, petit banc et petite table. Le confort à la nancéenne, en quelque sorte...
Face à la promiscuité des premiers jours, notre président Luis, alias « papa tranquille », a proposé de dormir sur des morceaux de carton dans l’atelier. Stratégie payante de vieux briscard : le groupe prenant très vite pitié de sa carcasse décatie décida au bout de deux jours de lui attribuer la case royale où il a aussitôt étalé une incroyable collection de kitcheries glanées en cours de route : chemises en tissu béni par le pape, boites d’allumettes à l’effigie du président de la république, poupées de plastique qui font coin-coin et j’en passe ...
La grande case ronde est devenue la maison de presque toutes les filles. Si j’écris « presque toutes les filles » c’est juste parce que certaines ont sans doute trouvé plus suave de partager la couche matrimoniale, comme Lolo et Zazie chez leur Boa, ou Agnès, la fille du joli cadre en plastique en forme de cœur accroché à mon rétroviseur de voiture du maire... La grande case ronde, donc, aura reçu la visite de Sophie, Anne, Marie, Camille et Manon (...prononcez Marion), mais aussi de moi-même, ayant dû céder, après le départ de ma femme bien sûr, ma petite case carrée au griot blanc tout frais arrivé de France : Michel Crespin.
Sophie, c’est Sophie Deck, la maman de la poule Jacqueline. Elle avait aidé André Durupt à accoucher d’une poule barbue il y a quelques années, vous vous souvenez sans doute du grain de sa peau (...à la poule, le grain, le grain de sa peau, pas le grain qu’on picore...). La voilà tout naturellement embarquée dans cette nouvelle histoire de phabricants qui lui va comme un gant : « le musée de la poule poilue ».
Anne c’est notre grande sœur. Voilà plus de 15 ans qu’on bricole des aventures ensemble. Elle a provisoirement abandonné ses cours d’arts plastiques à la ville de Dijon pour s’emburkinaber avec nous quelques semaines. A propos, encore merci à Yves et Francine, des affaires culturelles de la ville de Dijon, de lui avoir permis de nous rejoindre. Anne est venue à Bobo avec sa sœur Marie. Marie est mariée et s’appelle Marie Dijon, c’est comme çà et Yves et Francine n’y sont pour rien, ne les remercions pas. Marie est aussi bonne que sa sœur pour la cuisine et toutes ces sortes de choses d’intendance indispensable au bon équilibre d’un groupe. Durant leur présence, nous devons admettre que la franquette a été très bonne !
Camille est la fille aînée de Michel. Elle est partie il y a quelques jours, à contre-cœur. Après 3 semaines avec nous, elle a dû regagner l’école des beaux arts de Nantes et rejoindre ses cours. Ca nous a fait bizarre de voir partir ce petit morceau de bonheur qui découvrait l’ailleurs pour la première fois. Son regard délicat sur la vie d’ici et cette histoire en construction faisait du bien. Discrètement, au cours de son séjour, Camille a tricoté une sorte de couvoir avec du fil de fer, des petits bouts de grillage, de la ficelle et autres babioles ; avant de partir, elle y a glissé des œufs vidés bien protégés par du coton et du fil marron. J’ai compté, je crois qu’elle en a installé autant que de phabricants...
Ah, au fait, à propos de chiffres, bravo à tous pour ces non-réponses au jeu du devine combien de kilomètres qu’on a fait ?!
C’est pourtant pas compliqué, comme jeu : vous allez chez votre libraire préféré, vous lui achetez une carte (de la marque du gros bonhomme bibendum qu’on voit souvent accroché au rétroviseur des camions garés sur les parkings des restos de routiers) de France, et une carte de la même marque, d’Afrique de l’Ouest. Ensuite, vous vous munissez d’une feuille de papier, d’un crayon à papier HB, et d’une calculatrice de la marque de votre choix. Puis, vous notez les distances respectives entre les points suivants :
Une fois que ça, c’est fait, vous faites une petite addition, et vous envoyez le résultat sur le site du Fourneau ad hoc. Pas plus difficile que ça. Pour le premier prix, on hésite entre votre poids en sable de Mauritanie, ou alors en dolo, bière de mil fermentée, que les Burkinabés non musulmans s’envoient tiède (voire chaud) dans de grosses calebasses, qui pète bien la tête, mais qui n’a surtout pas du tout été la cause du véritable (!) dérèglement intestinal de Tintin la semaine dernière (puisqu’il vous le dit !). |
En reprenant la litanie des villes traversées (verset d’un poème que tous les voyageurs du monde écrivent depuis la nuit des temps), me reviennent les images de cette descente à pic, cette route Nord-Sud droite comme un I qui longe l’Atlantique suivant la côte marocaine jusqu’à Nouadhibou. Casablanca, Cap Juby (actuellement Tarfaya) , Port-Etienne (actuellement Nouadhibou). C’était la route qu’empruntaient les avions de l’Aéropostale il y a 70 ans, sur la route de St-Louis du Sénégal, en espérant un jour pouvoir sauter par dessus l’Atlantique, avec, aux commandes, Mermoz, St-Exupéry, Guillaumet, etc... Les dunes du sud marocain doivent être les mêmes que ces gars là survolaient à l’époque. J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour eux, et il me semblait parfois, sur la route, en tournant la tête à droite, entendre le moteur et voir sur les dunes l’ombre du Bréguet 14 qui amenait le courrier à l’étape suivante. Brrr...Malgré la chaleur ambiante, ça me donnait la chair de poule. Chitigui, bien sûr.
Voilà. Après ce petit flash back des Carnets de Voyage venu s’immiscer dans ce Carnet de Résidence, retour à Bobo où les vrombissements que l’on entend ne sont pas ceux de moteurs d’avions, mais ceux des hauts parleurs des mosquées avoisinantes crachotant parfois péniblement la voix des muezzins exhortant leurs ouailles à la prière. Prière que parfois Tintin, euh... mais je crois en avoir déjà parlé plus haut.
Voilà, fin du chapitre sur « comment se faire une idée de nos conditions de vie ici ». Pardon pour ce long silence mais le temps ici prend souvent d’autres dimensions qui ont tendance à nous dépasser légèrement...
Dans le prochain (et sans doute ultime) carnet de résidence, nous tenterons de répondre à certaines des questions que nombre d’entre vous se posent :
comment évoluent les problèmes digestifs de Martin, alias Mr G.Guyon, le vidalologue de la ménagerie mécanique ?
comment Boa apprend-il à jouer la musique d’ici ?
comment Ibrahim a vu jésus alors qu’on lui moulait le visage avec du plâtre...
comment Semou Konaté, peintre en lettre, a relooké le J9 qui va rentrer en France ?
comment réaliser une bonne piperade ?
comment se passent nos dimanches ?
est-ce que le pingouin n’a pas trop chaud ?
que veut dire bélé-bélé ?
qui a gagné le jeu concours ?
mais qui sont donc Pim’s et Brigitte ?
que font Amidou, Abdoulaye, Evariste, Omar et Ladji ?
dans quelle école Luis a t il appris les calembours ?
combien Moussa a-t-il eu a sa compo d’anglais ?
Ouagadougou existe-t-il réellement ?
Est-ce vrai que Michel Crespin envisage d’ouvrir une université du théâtre à 360° en Afrique ?
mais qu’est ce donc que cette histoire de musée de la poule poilue et quand donc pourrons nous le découvrir ?
A suivre. Bises de nous tous et amékédoni* (*à bientôt en dioula)
Rédaction par Pascou et Boa