mardi 11... 9h30
Ambiance brumeuse ce matin pour ceux qui taquinaient jusqu’à très tard hier soir, les touches du clavier... Savoir ménager son temps, reposer l’esprit des histoires effleurées pour ne pas trop les contenir. C’est une équipe généreuse... et quand Yffic frappe à la porte c’est toujours pour nous glisser un élément étrange pour notre puzzle d’histoires... « Vous savez ce que ça veut dire Brest ? Ben... aucun historien n’a jamais vraiment pu le dire ! » Il nous explique que Brest fut la ville des Ossimi : « les Extrèmes Maritimes ». Ossimi veut dire peuple de Galli, dont la capitale était à l’emplacement de Carhaix déplacée vers le 3ème, 4ème siècle par les romains à l’emplacement actuel de Brest pour lutter contre les germains... les histoires d’appropriation du territoire sont donc nombreuses sous le manteau gris de la ville !... Aujourd’hui le port berce avec fierté le nom des navires bretons et étrangers... Qu’importe ! le ventre de la mer est probablement le seul endroit où les histoires inconnues des voyageurs vivent encore en toute liberté dans les profondeurs des épaves perdus...
Anthony
Interview de Christelle
« Brest m’a toujours vraiment intéressé, le port je l’ai découvert il n’y a pas si longtemps que ça... en fait. Parce qu’il y a encore quelques années, c’était un lieu ou on allait pas vraiment, la ville est en hauteur, donc le port c’était vraiment le bas de la ville. Le port de Brest a été une ouverture globale sur l’histoire de la ville. Je vis en haut mais je descend souvent en bas.
Il y a une ville dans la ville qui est inaccessible, quelque chose qui nous est caché... qu’on aimerait bien se réapproprier. Je ne savais pas que c’était une lutte pour les brestois mais quelque part si. C’est comme les rives de la Penfeld...c’est vraiment la rivière historique de la ville, tout c’est construit autour de cette rivière...c’est un coin magnifique, une vue sur Brest du château et ça nous est ouvert que 4 jours tous les 4 ans pendant...les évènements maritimes. Il y a une promenade magnifique à faire le long de la corniche ! Elle part de Recouvrance, on suit tout le littoral sur une route qui surplombe tout l’Arsenal et on peut aller jusqu’a Plouzané... on a une vue qui surplombe... et là on voit la mer. Là c’est joli, mais t’es quand même derrière des grilles. C’est bizarre de se sentir enfermé dehors !
J’ai aussi un peu découvert l’histoire de Brest à travers le cinéma... La figure de Jean Gabin est très très présente...le romantisme viendrait peut-être de là... le film « Quai des Brumes »...ce sont des films qui ont réussi à la représenter. Jean Gabin a descendu les marches du commandant perdu dans la brume...il a désiré que ses cendres soient dispersées en mer au large de Brest... »
Anthony
- Merci à la lune !
Je me suis à nouveau réveillé à la criée, je sentais encore le champagne et la défaite. Oh !, je pensé que Berlusconi été encore passé entre les mailles du filet. Mon copain, le crieur, en fumant une clope et en déchargent une lote de 10 kg, me raconte que le marché du poulet se casse la gueule. Mon copain est le dernier crieur de la Bretagne.
Je tourne la tête , je vois un requin, et je lui demande "il va ou le requin" "il va en Italie, ils bouffent du requin en Italie". Il me regarde c’est quoi ton accent ; j’hésite ; polonais...? ... calamar ?
Pablo
La journée avait commencé sous un ciel gris. La mer avait fini par les engloutir tout entier.
Ils ne sentaient plus l’air arroser leur poumons. Seulement la marée. Ils ne voyaient plus que l’eau verte, tout autour. Ils descendaient, plus au fond encore.
Ils étaient quatre à ne plus savoir nager.
Je sentais la pression écraser mes tympans. Je pensais à ces plongeurs attirés irrésistiblement par le fond.
Raphaël semblait flotter dans l’air, ses cheveux se déliant en algues légères autour de son visage. Les bottes vides de Pablo, abandonnées sur la berge se remplissaient petit à petit d’eau de pluie. Nous entendions le goutte à goutte cogner la surface lascive de la mer. Anthony avait depuis longtemps fermé ses yeux pour voir tomber des rideaux sur les mots qui lui remplissaient les oreilles.
Je regardais leur visage s’offrir aux vagues, je regardais nos doigts délier les fils d’une histoire en pointillé.
Pierre Lamour pédalait entre les épaves, à la poursuite de Guy Tigana. La cartographie du port flottait, vaporeuse, sur la surface de l’eau.
Nous finirons peut être par remonter à la surface, remplir nos poumons d’air et aller sur un terrain vague tirer à la carabine, lancer des bombes ou simplement écrire vos noms sur un mur.
Estelle
Demain mercredi, 19h...
Présentation de l’esquisse d’un projet de spectacle vivant qui pourrait avoir lieu sur le port de commerce. Vous êtes chaleureusement convié !