Un troupeau de jeunes biquettes traversent un massif de cactus, réveillant les instincts du loup. Depuis un bon quart d’heure, il rôde sur le parking du lycée, surveillé par une cohorte d’élèves costumés en légionnaires romains. Des tables drapées de rouge s’alignent sur le perron en toute solennité, destinées au confort des enseignants qui profitent du retard pour se restaurer à l’abri. Une banderole emphatique complète cette mise en scène d’accueil. Mais le camion arrive enfin après avoir erré sur le terrain de sports, évité d’écraser un palmier innocent et manqué de s’ensabler. Dernières péripéties d’un voyage mouvementé qui nous amenait de Sousse au terme d’incidents mécaniques divers et de surcharge de véhicule. Il crachine. Un vent frais taquine la représentation devant un public transi de froid mais attentif malgré quelques ricanements. Tandis que les professeurs et autres officiels reprennent leur voiture sans demander leur reste. Debout, le pouce levé, débarrassés des casques et des plastrons de pacotille mais arborant un vrai sourire, ils acclament les acteurs et les entourent pour bavarder jusqu’à la tombée de la nuit. Le loup s’est évanoui avec le théâtre ambulant et de l’autre côté des cactus, les biquettes peuvent dormir tranquilles