Devant le portail de l’entrée, le long des anciens remparts de la kasbah, les autocars Pullman se succèdent, vomissant leur cortège bruyant de touristes. Juste en face, sur le parking, le camion ouvert a une drôle d’allure avec son mobilier en vrac et ses régisseurs qui s’agitent sous le regard perplexe des portiers. Au dessus du parterre, flottent des fanions rouges à croissant, ajoutant un petit air de fête à cette première répétition en résidence tunisienne. Installés au soleil sur la margelle de céramique d’une fontaine, les acteurs jouent de la musique au milieu d’une végétation vigoureuse. Un groupe de jeunes infirmières amusées les entourent et les photographient. Ce n’est pas encore le spectacle, on cherche encore ses marques, on a un peu de mal à s’accorder avec la contrebasse mais en dépit des hésitations, il se passe quelque chose, une magie sans façon qui oblige les passants à ralentir le pas, les écolières en tablier rose à se retourner en pouffant et les touristes italiens à interpeller Stéfano dans sa langue. “Si je ne m’abuse, objecte un vieil homme tunisien, Pinocchio, c’est une histoire espagnole ?” Le monde est sans frontières.
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