Le Fourneau, Carnets de Voyage

Le journal d’Adell

lundi 26 avril 2004, par Phare / Clowns d’Ailleurs et d’Ici

Retour au Cambodge, sept ans après être venu jouer « cirque d’image » à Phnom Penh avec Pochéros. Nous revenons tous les deux, ou plutôt tous les quatre avec notre fille Ellie, 6 ans, et notre petit garçon, Loé, quatorze mois. Une envie de partager ce voyage avec eux, leur premier grand voyage. Rethro et sa fille Kalî, nos précieux amis, nous accompagnent à Phare. Nous arrivons en fin d’après-midi, l’endroit est magique, paisible. Nous sommes accueilli comme des rois. Après le dîner, en arrivant dans la salle de cirque, la belle énergie est palpable ; la motivation et le plaisir aussi. L’envie de faire du cirque irradie.

À la fin du premier jour, je me sens un peu troublée, frustrée. Comment enseigner le trapèze, et en plus le trapèze en duo, sans parler khmer ? Je quémande des traductions ça et là, mais le résultat est un peu laborieux. Le deuxième jour, la solution apparaît. L’envie de faire du trapèze dépasse les barrières de la langue. Léa a tellement envie d’apprendre, qu’elle me comprend parfaitement et explique aux autres. Elle comprend tout, retient tout et surtout transmet aux autres avec beaucoup d’attention.

Merci Léa d’avoir été une assistante si précieuse. Nous commençons le travail de duo au trapèze avec Léa et Niang, c’est un réel plaisir et ça donne envie de les accompagner plus loin sur cette route. Au milieu des trapézistes, une princesse apparaît. Sràs, toute petite, menue et pourtant si forte, si souple, avec une intense concentration. Et surtout un sourire incroyablement lumineux tellement de charme... Ca c’est un sacré atout pour une trapéziste, non ? Ellie et Kalî ont rejoint l’équipe des trapézistes, et toutes ensembles nous avons partagés de sacrés beaux moments. Ce voyage est un premier voyage, je me sens timide. J’avais besoin de prendre contact avec Phare, avec l’équipe, les enfants, avec le fait d’emmener nos enfants en voyage.Tout se passe très bien, tout me touche beaucoup.

Et puis nous sommes là pour monter notre, votre, le chapiteau.Le chapiteau dans lequel j’ai commencé le trapèze ballant, en Belgique, quand il appartenait au cirque Pauwel. Là, où, pour la première fois, j’ai vu Sky, ma future partenaire pour 10 ans. Le chapiteau que Bertrand et moi avons acheté à l’école de cirque de Chatelleraux, quand j’étais enceinte d’Ellie, parcequ’il fallait « saisir l’occasion ». Celui avec lequel nous avons tourné, pendant trois ans, le spectacle « La Maison Autre ». Et surtout le chapiteau sous lequel nous nous sommes mariés. Ca doit être pour tout ça que ça me remue tellement de le voir désormais installé à Phare. Comme dit Ellie « j’ai tout de suite reconnue l’odeur du chapiteau ». Mais nous sommes content, le chapiteau est dans de bonnes mains et surtout il abritera de bien belles personnes. C’est drôle, les clins d’oeils de la vie. En 1989, au jardin des tuileries à Paris, Julot et les cousins étaient venu, au pied levé, pour monter le portique, machin ô combien mystérieux pour moi à l’époque, sur lequel je devais faire mon premier numéro de trapèze en public. Dire que je n’y connaissais rien serait bien au-dessus de la réalité ! Quand Julot m’a demandé où étaient les pinces et les cordes, je l’ai regardé avec des yeux ronds sans savoir de quoi il parlait.

Après le montage, en buvant le coca en canettes que j’étais allé chercher ne sachant pas quoi faire pour les remercier d’avoir passé toute leur journée sur ce fichu portique pour moi, j’ai demandé ce que je leur devais. Et je me souviens que Lolo m’a répondu : « Rien, mais la prochaine fois, oublie notre numéro de téléphone ! ». Le chapiteau est désormais monté à Phare, Sràs, Léa, Niang, Tida, Kanya comme chaque matin, sont sur la terrasse avec nous. Tout ça est trop pour moi, beaucoup d’émotions. Je décide de rentrer à Phnom Penh avec Rethro et les enfants. Bertrand nous rejoindra après avoir fait une « visite guidée » du chapiteau et donné les consignes de sécurité à tout le monde.

Merci Jean-Christophe et Det pour votre accueil et votre énergie pour cette école, merci Julot de nous avoir fait une place dans ce projet. J’ai comme le sentiment que maintenant nous sommes liés à cette école de cirque. Ce midi, sur la terrasse de notre belle maison, au moment de quitter Léa, Niang, Sràs, Tida, Kanya et Shamtah, la nounou des enfants, la saison des pluies avait commencé à Battambang. Comme a dit Ellie : « on va bientôt faire une inondation ! ».

A bientôt !

Adèll.

1 Message

  • > Le journal d’Adell 18 octobre 2004 16:46, par Willie

    Adell, juste un petit mot pour vous dire combien l’émotion qui me touche, dès qu’il est question de ce si beau peuple khmer, a rebondit sur votre article. C’est toujours très juste et très encourageant de découvrir la réalisation de projets de ce type là-bas. Et quelle découverte pour vos enfants !
    S’il existe des supports d’info plus larges que la page web où je vous trouve, je serais ravie de les recevoir/ faire passer ! Willie PARAN, 5 rue du Sénégal, 75020, Paris. Ou : walliebi@hotmail.com

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