A Bayeux, le Patrimoine, ce n’est pas ça qui manque ! De la célèbre broderie de Mathilde aux trésors de l’Evêché, partout de belles et durables pierres, témoins d’une prospérité chichement préservée dans le cocon des vieilles demeures. En ces journées du Patrimoine, la présence des saltimbanques sur le parvis de la cathédrale relève tout autant d’une ancienne tradition que d’une souriante provocation qui n’est pas forcément du goût des plus intégristes, adeptes d’une religion de l’immobilité en accord avec la culture consacrée par les siècles... Car ce camion, bon sang ! gâche le paysage des ogives en même temps qu’il obstrue l’entrée des artistes. Les vrais artistes, entendons bien ! Les choristes, tout de noir vêtus, équipés de talonnettes sonnantes qui feront résonner dans la nef prestigieuse le plus que patrimonial Requiem de Mozart. Mais tout ce public enthousiaste, assemblé-là malgré le crachin et malgré l’inconfort des bancs aura à coeur de rappeler que Mozart, en son temps, battait lui aussi le pavé et qu’il est temps de réconcilier la sublime messe des morts et le rire pathétique des clowns.