Bien sûr, il y a les amis, les enfants des amis et les chiens des amis. Il y a la bienveillance d’un dimanche en famille et d’un pique-nique improvisé et le soleil est de la partie pour ce rendez-vous attendu avec la fermeture des boites. Tous les souvenirs affluent dans le désordre des émotions. “Ca fait combien d’années déjà ?” Tous ces visages d’adolescents où l’on saisit encore le fantôme des rires édentés des spectateurs du premier rang et ces rides qui font leur chemin dans la sagesse des vieux copains. Il y a ceux qui ne pourront venir dont on se surprend à chercher la grande silhouette inquiète derrière la dernière rangée de bancs. Il y a la cour d’Abel et la plaque qui se décolore au pied de l’escalier : “Centre culturel international d’Airan.” Mais il n’y a plus les canards ni la grosse jument percheronne. La moissonneuse batteuse bio. est à vendre et la dernière récolte attend d’être mise en sac. Bientôt la ferme d’Abel ne sera plus qu’une demeure et un théâtre de circonstances. Peut-être est-ce simplement cela le secret de ces représentations magiques d’Airan ? Ce sentiment du provisoire qui rend le théâtre si nécessaire ?