Les Rias, Carnet de voyage en Pays de Quimperlé
Retour aux sources !
Samedi 32 août, journée - Moélan-sur-mer, Clohars-Carnoët
« Je retrouve avec une certaine émotion le territoire qui m'a vu naître, il y a 3 ans. Car je suis né littoral et y suis resté durant 3 éditions, avant de me trouver un peu à l'étroit en bord de mer et d'être désigné par la compétence culturelle de la COCOPAQ pour devenir le faire-valoir d'une communauté de 16 communes qui valent chacune le détour et auxquelles je rendrai inévitablement visite d'ici 2014.
Hier, j'ai dit au revoir à la ville-centre, comme l'on fait, à leur manière, les artistes accueillis qui ont pris la route en faisant un dernier clin d'œil à l'équipe de restauration de Boued Circus.
11h11, Moélan-sur-mer
Je commence la journée par des retrouvailles avec Moélan-sur-mer. La ville a peu changé et j'espère que ses habitants, si accueillants l'an dernier, ne ressemblent pas désormais aux personnages de Makadam Kanibal qui font le spectacle ce matin.
Le décor, glauque à souhait, est la piste d'un cirque où évoluent 3 monstres farceurs, habiles et lestes, dont l'humour est aussi noir que le café que j'ai oublié de prendre ce matin. Les 2 frères et la soeur se déchirent, s'enflamment pour un rien et la famille explose, sans respect pour la vieille mère.
Est-ce à une scène de film d'horreur à laquelle j'assiste ou bien suis-je seulement, au coeur de ce public hétéroclite, devant un miroir géant qui nous renvoie, avec une certaine tendresse, le visage de notre propre humanité ?
16h16, Clohars-Carnoët
Un peu secoué il est vrai, j'emprunte la Laïta qui m'amène à Clohars-Carnoët où je suis dispensé de la promenade dans la forêt domaniale car l'Abbaye Saint-Maurice est posée sur sa rive. En tant que Chimère, mi-homme, mi-poisson, je vais rencontrer un « Homme cornu », ça me plaît déjà. C'est donc à peine sec que je me dirige vers le public que j'aperçois à travers une goutte glissant de mon front lisse.
Je ne sais pas encore ce que va proposer la compagnie Rode Boom et Kurt Demey, mais ça promet d'être drôle, si j'en crois le nom de l'annexe de bateau posée sur la pelouse.
Erreur de jugement. Ici, on ne rigole pas d'entrée de jeu. On surfe sur la crête d'une vague, entre vérité et mensonge, sans gilet de sauvetage. « Les mensonges ne sont que des chimères que le corps ne peut démasquer » annonce l'homme cornu, ravagé lui-même par ses propres menteries. Pour une fois qu'un artiste cite mon nom dans son spectacle, j'en suis ému. L'ambiance sonore est assurée à la contrebasse par son ami Joris, cornu lui-aussi et le public est largement mis à contribution pour permettre au comédien de nourrir son égo de la stupéfaction collective. Dans le parc de l'Abbaye, cet après-midi, il a dû faire le plein !
Le Festival compte de plus en plus de fidèles qui suivent chaque jour le fléchage mis en place, de ville en ville ou de site en place et je quitte facilement l'Abbaye en covoiturage pour me rendre à Riec-sur-Bélon où je me suis concocté un nouveau menu (fretin) chargé pour la soirée.
Texte : Guy Abalain
Photos : Matthias Lavigne,
Jacques Nicolas et Guy Abalain
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