Les Rias, Carnet de voyage en Pays de Quimperlé
Un samedi soir à Riec
Samedi 32 août, soirée - Riec-sur-Belon
« Ce soir, c'est Riec-sur Bélon qui devient le cœur des RIAS. Le centre-ville est réservé au spectacle pour 2 jours et je croise à nouveau les nombreux badgés de Quimperlé. Je fais l'impasse sur les premières compagnies, déjà vues ces derniers jours. Le Festival à installé son quartier général dans l'hôtel restaurant et j'y fais une pause gastronomique, histoire de prendre les forces nécessaire car la soirée s'annonce riche en événements artistiques.
19h12, place de l'église
C'est à Emma la Clown, croisée jeudi à Locunolé, d'ouvrir le bal de ce samedi soir avec sa voyance extralucide.
La Compagnie Internationale Alligator (CIA), malgré son nom aquatique, y présente « Rien que des hommes ». Le spectacle n'étant pas interdit aux Chimères, j'essaye de trouver une place confortable et, surtout, de veiller à ne gêner aucun spectateurs avec ma tête de poisson qui a de la hauteur. Un exemple à suivre, pour d'autres ;-((
La famille réunie autour des cendres de son défunt ne fait pas dans la demi-mesure théâtrale. Les conflits ressurgissent et le ton change quand le public découvre qu'il assiste, en fait, à la répétition d'une troupe de théâtre qui l'entraîne vite sur les relations entre hommes et femmes dans la société.
Ma voisine sourit, un voisin s'interroge. Des regards se croisent : « c'est pas un peu nous, tout ça ? » Les acteurs n'apportent pas la réponse et me laissent dans mes propres réflexions. Je suis LA chimère, mi-homme, mi-poisson. Ambiguë à souhait…
20h33, place des Halles
Je vais y passer la fin de soirée. Voici des têtes bien connues, celles des Anglais de Wet Picnic qui, cette fois, vont m'apprendre à organiser une parfaite soirée d'anniversaire, après leur Time For Tea du début de soirée. Comme à chacun de leurs 3 créations proposées au RIAS, la foule se masse autour de la table, dressée pour faire la fête.
Mais, avec ces anglais, rien ne se passe jamais comme prévu et la fête vire au cauchemar. Il leur faut inviter le public à se joindre à eux, passer en revue les couples qui se déchirent, le doudou de l'enfance négligé qui surgit du centre de la table tel un polichinelle, le gâteau oublié en fin de soirée. Ca bouge autour de la table, les comédiens surgissent de partout.
Et la fête dans tout ça ? Sur-faite ? Party(ie) ? Allez, sans rancune. L'année prochaine ce sera vââchement mieux !
Comme les confettis de la fête, la nuit commence à tomber sur les halles de Riec, et ailleurs aussi, sûrement). Un moment de calme me permet de constater qu'il y a foule au stand de restauration proposé par les associations locales. Tout le monde suit le même programme que moi et se prépare, sans doute, à aller voir Annibal et ses éléphants.
21h33, toujours place des Halles
Comme on est samedi, la compagnie propose « Le film du dimanche soir ». Normal, c'est un festival dessiné sur mesure, aussi surprenant que magique et émouvant. De toutes les communes, grâce aux cars mis à disposition, à pied ou en voiture, tout le monde est là et le speaker commence à chauffer « la salle ». Aux RIAS, l'heure c'est l'heure et, en ce samedi 32 août 2012, c'est à 33 que s'éclaire la lampe du projecteur.
En exclusivité mondiale, la compagnie foraine d'Annibal va faire vivre un moment inoubliable d'action, d'humour et de technicité. Tandis que la pellicule d'un vieux western défile à l'écran, les comédiens s'activent à leur table pour réaliser, en direct, l'ensemble des dialogues et bruitages : chevauchées, indiens, bagarres, tout y passe.
Les quelques soucis liés à des bobines égarées sont avantageusement compensés par des scènes jouées en direct par la troupe. C'est à la fois précis et déjanté et le public se laisse emporter par la magie de la machine à remonter le temps. Standing ovation !
Alors que la soirée semble terminée, dans une douceur estivale et que chacun s'apprête à retourner à la maison, la tête déjà pleine de rêves, de rires et de fortes émotions, une musique entraînante arrive à mes branchies et je fais un crochet par les Halles où les musiciens de Burek n'entendent pas en rester là. Les cuivres, percussions et guitare du « Glamour Grass Band des Balkans » m'invitent, comme ils l'ont fait plus tôt dans la soirée, à un dernier voyage, plus à l'Est, en compagnie d'un public enchanté.
Demain, les RIAS s'achèvent. Je reprendrai la mer pour une nouvelle année d'attente au gré des courants, des mers et des océans. Je ne manquerai pas de faire escale dans les Balkans car la musique, là-bas, rythme magnifiquement la vie ! Dehors, les techniciens s'activent au démontage des scènes et gradins. Il faut que tout soit prêt dimanche matin pour le dernier acte du Festival Les RIAS.
Texte : Guy Abalain
Photos : Matthias Lavigne,
Jacques Nicolas et Guy Abalain
Voir aussi : www.lesrias.com