Bonjour à vous !
Voici déjà une semaine de silence sans nouvelles de notre expédition de PPPP. Mais n’est-ce pas là, la conséquence logique et inévitable d’un courrier hebdomadaire ? Nous vous avions laissé la semaine passée à St Louis du Sénégal ; nous voici à ce jour au cœur du centre de la capitale principale de Ouagadougou, Burkina Faso, Afrique.
Entre-temps notre périple nous fit quitter St Louis par la route à la nuit tombée, juste à la fin du jour, pour cause de grève de la faim de ramadan du chauffeur de la 504 de marque Peugeot, à qui nous avions demandé un départ retardé pour pénétrer Dakar dans des conditions d’embouteillages plus fluides. Après une nuit de repos de sommeil à l’hôtel Ganalé, (oscar du mauvais goût douteux 2002) nous nous sommes prêtés au jeu de l’interview, en répondant aux questions d’une journaliste qui effectuait un reportage d’enquête afin d’obtenir des renseignements dans le but d’en faire une émission de radio sur les ondes. Court bien que bref, celui ci eu le mérite de ne pas durer trop longtemps.
En début d’après-midi, un vol par avion nous conduisit sur l’île du Cap Vert par voie aérienne, tout en survolant la mer. A l’arrivée, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir avec étonnement le tout nouveau système de tapis roulant à butée murale : les valise et les bagages de contenance, en sortant d’une trappe, s’y extirpaient pour rouler à la queue leu leu et en file indienne sur un dispositif mobile. Après avoir parcouru une distance d’un décamètre d’environ 10 mètres, les effets de voyage butaient en s’arrêtant sur la paroi de la cloison murale, provoquant ainsi une sorte de sculpture aléatoire et contemporaine assez remarquable, et se transformant au fur et à mesure de l’arrivée des différentes pièces, pour terminer en apothéose : la grande pyramide du voyageur. Par chance, nos effets personnels de bagages de voyage se trouvaient sus la partie inférieure du dessous de l’édifice, ce qui nous permis d’assister tout en le découvrant au démantèlement progressif de cette œuvre d’art éphémère bien que provisoire. Avant d’aller reposer notre fatigue d’épuisement à l’hôtel paradiso, nous nous rendîmes au préalable au bar de la place afin d’y déguster quelques grogs de rhum fabriqués à base de canne à sucre, breuvages qui finirent d’en terminer avec notre délabrement physique.
- (La barre noire sur les yeux a étée mise pour respecter l’anonymat de Mr J.M. Hayes, directeur du CCF qui ne souhaitait pas que l’on devoile son identité)
Le lendemain, nos hôtes nous avaient concocté une visite de la découverte des ruines de l’ancienne vieille capitale. Un repas de « caldo peixe » au poisson chaud fut pris à la guinguette de restauration du bord de la mer et sous les arbres, et fut pour nous l’occasion d’apprécier la musique locale des autochtones qui vivent sur l’île : sonorités assez rustiques et très remplies de décibels mal repartis procurant néanmoins une très sympathique musique d’accompagnement pour un dimanche après midi.
Au retour, le HIACE, sorte de taxi collectif pouvant transporter jusqu’à 32 voyageurs environ, stoppa de façon inopinée en s’arrêtant à la vue de policiers en uniforme de gendarmes des routes : le chauffeur, n’ayant pas le permis de conduire, fit sortir les voyageurs du véhicule et simula une crevaison en faisant semblant d’avoir un pneu à plat à environ 50 mètres de la présence policière, scénario digne d’un film de Jean Lefèvre. Il s’empara de son cric de soulevage et retira sa roue arrière droite en l’enlevant, espérant sans doute que son calcul de stratagème lui permettrait de tenir jusqu’à la levée du contrôle.
Malheureusement nous n’eûmes pas la patience d’attendre la fin de l’épilogue et entreprîmes de nous mettre en marche pour rentrer à pied. Cette initiative de décision nous permit de découvrir la traversée des favelas populaires et de tomber par hasard de façon inopinée sur la maison d’une octogénaire de 87 ans, sorte de « factrice-jument » locale, auteur d’une architecture de MJC pour les jeunes construite de ses propres mains calleuses mais efficaces, à partir d’un amoncellement de briques et de brocs de tous acabits récupérés et colorisés par ses propres soins. Le hasard fait parfois bien les choses.
- les aglovilles de praia
- (dit aglovilles car à la différence des bidonvilles ceux ci sont construits en aglo fabriqués sur place de manière artisanale)
Le jour suivant était le grand jour pour notre entreprise : la représentation du spectacle n’ayant pas été possible sur le marché local, en raison de l’exiguïté des allées particulièrement étroites, nous l’organisâmes de concert à la cafétéria du centre culturel français (concert, non pas dans le sens de représentation musicale, mais dans le sens de plein accord ; accord, ici, dans le sens d’entendement, et non pas de notes de musique jouées conjointement ; entendement, signifiant ici compréhension, et non pas écoutage avec les oreilles). L’enthousiasme et la disponibilité de l’équipe du CCF de Praia nous étala du baume sur le cœur, et, poussés par cet élan sympathique, nous entreprîmes de modifier le spectacle de façon résolument positive, en transformant quelques changements dans le but d’y améliorer les points forts.
Le résultat fut probant : devant une salle pleine comme un jaune d’œuf, nous parvînmes à passer en revue la quasi totalité du PIAF (Patrimoine Inventif Absurde et Français) et « closîmes » notre démonstration en la terminant par une note musicale de circonstance, provoquant immédiatement chez Jean Marie le DDDD (Directeur désormais définitivement décontracté) une poussée de gloussements pouffés de l’intérieur, déclenchant une série de hoquets de remugles libérateurs et hilarants. La réussite de cette soirée fut pour nous-mêmes un succès d’auto-estime notoire, flagornerie que nous décidâmes de récompenser en nous gratifiant le lendemain même d’une thalassothérapie marine qui nous permit d’aller baigner notre natation dans les remous de l’écume des vagues de la plage de sable de Praia.
- Pascou et son double Cap verdien
Malheureusement les bonnes choses ayant une fin, il nous fallut reprendre le vol de l’avion pour regagner l’étape suivante de notre mission par voie aérienne : nous retournions de nouveau au Sénégal où le CCF de Dakar, après s’être acquitté de manière très professionnelle de nos transferts et autres déplacements de matériels et de personnes, nous permit d’expérimenter une nouvelle formule d’accueil local : le MDVDTS (Mais débrouillez vous donc tout seuls). Il est vrai que 48 heures représentent un délai quelque peu bref pour faire connaissance et que notre petit artisanat souffrait de la concurrence d’autres intérêts sans doutes plus valorisants, comme par exemple la vie de bureau, la vie de bureau, ou encore, la vie de bureau.
Bref, c’est donc grâce à la seule force de nos 20 doigts, soutenus, reconnaissons le quand même, par quelques fragiles petits coups de pouce d’un assistant local (dont les phalanges étaient peu ragaillardies par la fatigue de lassitude probablement due au jeûne du ramadan), que nous parvînmes à hisser fièrement les couleurs de notre patrimoine, encouragés par la vision du regard complice du public au demeurant enthousiaste, par les rires de quelques amis venus nous retrouver pour l’occasion dans le cadre coquet de cette cafétéria de plein air. Malheureusement, nous ne serons pas en mesure de vous rendre compte de l’appréciation de retour de l’équipe d’accueil, celle ci ayant du quitter les lieux au grand complet au cours de l’achèvement de la fin de spectacle sous la pression du temps (temps dans le sens de celui qui passe et qu’il faudrait savoir prendre, et non dans le sens de phénomène météorologique du ciel), temps qui, comme chacun le sait, n’a pas en Afrique la même valeur pour les uns que pour les autres.
C’est donc sans avoir pu saluer nos hôtes en leur serrant la main en guise d’au revoir, que nos seuls vingt doigts ont commencés à entreprendre de démonter le rangement de notre matériel, en tâtonnant dans l’obscurité des ténèbres de la nuit, le chef éclairagiste ayant également été aspiré par la subite vague de départ, et c’est finalement grâce à la lueur d’une lampe à pétrole fournie par un voisin que nous achevâmes d’en terminer, livrés à nous mêmes dans notre solitude. Mais demain sera un autre jour. Et dès l’aube du lever du jour, Notre avion, tel un coucou, nous envolera vers Ouagadougou. C’est au milieu de la journée, sauf imprévu inopiné difficile à anticiper, que nos chaussures poseront le pied chez nos amis Burkinabés !
La suite à suivre prochainement !