Dimanche “dominical” en ville loin de l’animation vitale du festival Vivacité. Entre les barres d’immeubles, derniers remparts d’une forteresse en train de disparaître, un homme en chemise blanche danse sous la pluie battante avec une élégante pelleteuse. Duo de l’homme et de la machine, de la fragilité et de la puissance mécanique. A coté de cet engin aux gestes chorégraphiés et à la voix de soprano, le camion de la famille Magnifique semble désespérément balourd. Ruisselant, dépenaillé, avec ses confettis collés, ses rideaux détrempés et ses acteurs découragés, il ressemble d’avantage à un énorme coléoptère incapable de s’envoler. Sous le préau qui lui fait face, une grosse poignée de spectateurs semble s’être installés là pour profiter des places assises et de l’abri providentiel, tout prêts à déserter l’endroit et le bavardage du théâtre dès qu’une fenêtre météo permettra d’entreprendre la périlleuse traversée du vide, synonyme du retour à la civilisation. Et nul n’aura un regard en direction de la pelleteuse, désormais immobile au milieu du parking comme frappée par la mort, redevenue en peu de temps un simple engin de travaux publics qui ne fait plus rêver personne.
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