Moi, j’avais jamais fait la tête avant (si, c’est vrai).
Mais, je ne sais pas... je me sentais comme des prédispositions. Alors j’ai signé pour un week-end d’entraînement à Brest et un autre de mise en pratique à Plougasnou. Aller faire la tête à Plougasnou, c’est bien une idée du Fourneau, ça. Avec tous les bus qu’il y a à Brest...
Bon, pour faire la tête, j’ai fait la tête !
Ça a commencé un vendredi par une soirée crêpes... "crêpes de lecture". On était une douzaine. Premier contact au Fourneau avec Vincent et Stéphane, de l’Acte Théâtral, qui nous ont raconté l’étrange histoire du Sonomographe, et puis, soirée lecture avec des têtes de la compagnie et de vieilles têtes du Vieux Condé, et final en chansons.
’Y avait pas trop de quoi faire la tête...
Ce week-end-là, on n’est pas beaucoup sorti du Fourneau. Pourtant il faisait beau, je crois. On a découvert nos textes : mise en bouche, mise en voix, mise en jeu... On a joué, on a lu. Et on a bien mangé aussi (mais pas de mousse au chocolat). Et on a eu un peu de mal a se quitter, déjà. Heureusement c’était un beau dimanche, rue de Saint-Malo.
’Y avait pas trop de quoi faire la tête...
Ensuite, pendant trois jours, chacun a travaillé de son côté. Lire au bistro (à Brest, il n’y a pas de métro), lire au boulot, lire au dodo... Lire pour s’en mettre plein la tête, de ces textes, et s’habituer à les habiter. Lire, délire, relire, mais puisqu’on aime ça...
’Y avait pas trop de quoi faire la tête...
Et puis, jeudi soir, en route vers Plougasnou ! Une petite heure de trajet avant de découvrir enfin devant l’église l’extraordinaire machine : le fameux Sonomographe des frères Thivencelle ! On nous a harnachés en commandos parachutistes. On nous a brieffés comme avant un débarquement. On nous a habillés comme... ? Pas en uniforme en tout cas ! Et puis on nous a enchaînés et hissés comme en place de Grève.
C’est là qu’on s’est rendu compte qu’on allait vraiment faire la tête !
C’est vendredi soir qu’on devait s’y mettre. "Fillage public", qu’ils disaient, avec l’accent picard. (En gros, ça veut dire qu’on répète devant les gens du village.) Seulement, ça faisait bien trois jours consécutifs qu’il n’avait pas plu sur Plougasnou, et ça, c’est pas bon.
Le filage tomba donc à l’eau (à moins que ça ne soit le contraire) et ce soir-là, frustré de n’avoir pas fait la tête, tout le monde faisait un peu la gueule...
Nous brûlâmes donc un cierge à Saint Gasnou et priâmes qu’il lui plût qu’il ne plût plus. Et miracle : ex-saucés du vendredi, samedi nous étions exaucés ! [1]
Sous le beau soleil de Plougasnou, ’y avait vraiment pas de quoi faire la tête !
Eh ben, on l’a fait quand même. De 14h03 à 23h17, on a même fait que ça. (Et manger des sucreries.) Et à 17h17, 19h12 et 22h03, on est même allé le faire devant tout le monde. Pas évident, la première fois, d’aller faire la tête, suspendu à 3 mètres de haut avec des centaines d’oreilles qui vous regardent...
Et puis, on y prend vite goût ! On se laisse griser et on prend son pied. On se donne. On fait vraiment bien la tête ! [2] Et très vite, on regrette que ce soit déjà fini.
Mais on est vraiment content, et même pas peu fier, d’être une authentique tête de lecture !
Alors, si un jour on se croise, et que vous avez l’impression que je fais la tête... et bien ce sera sans doute vrai : j’adore ça ! [3]