Le Fourneau, Carnets de Voyage

CHALONS SUR SAONE

du 19 au 22 juillet 2007

lundi 23 juillet 2007, par Jean-Baptiste Magnifique

jeudi 19 juillet 2007

En cette première matinée de Chalons dans la rue, la ville nous offre son visage familier. Celui d’une petite cité tranquille, avec ses activités matinales et ses personnages de la vie, la lenteur d’un réveil qui conserve ses rituels loin de l’agitation propre à tout festival. Sur une petite place à l’écart, entre les belles maisons anciennes et deux rangées de tout jeunes tilleuls à l’ombre rassurante, le camion est à peine ouvert et la régie loin d’être en place. Pourtant quelques festivaliers ont déjà investi les bancs et feuillettent le programme pour planifier les heures prochaines. Et c’est une excellente surprise de les voir rester là, s’intéresser à notre spectacle, devenir de plus en plus nombreux au point de constituer un public. Et même un bon public. Dissipant toutes nos craintes et nos appréhensions.

Vendredi 20 juillet 2007

Il aurait dû pleuvoir. D’ailleurs c’était prévu. Au fond, presque promis ! Tellement annoncé sur les chaînes qu’on ne pouvait que s’y résigner. Il aurait dû pleuvoir. Des cordes comme au petit déjeuner. Ou des chiens et des chats comme disent nos amis britanniques. Ou même comme vache qui pissent pour rester dans une métaphore aussi terrienne que la Normandie. Il aurait dû pleuvoir pour nous épargner ce désastre, cette débandade irrationnelle dès les premières répliques du texte... Et toutes les questions minantes auxquelles on ne sait quoi répondre. Oui, comment expliquer ? Les acteurs étaient excellents, le camion à son avantage sur la petite place au soleil et les parapluies refermés semblaient sensibles à la musique... Il aurait dû pleuvoir. D’ailleurs, est-ce qu’il n’a pas plu ?

Samedi 21 juillet 2007

Au même endroit, à la même heure, les mêmes acteurs jouent le même texte et interprètent la même musique avec la même énergie et la même exigence. La même ambition de convaincre, le même projet de partager... Qu’est-ce qui différent deux jours semblables à quelques heures d’intervalle ? Et qu’est-ce qui les oppose quand tout devrait les rapprocher ? Certes, on a lieu de se réjouir de retrouver le fil d’Ariane qui relie au public et de renouer avec le succès, selon une expression parfaitement emphatique mais les portes du Dédale ne sont pas refermées. Et faute d’avoir compris comment on s’y est égaré, la peur et l’insatisfaction demeurent. Ce public chalonnais nous paraît si paisible, si chaleureux, si respectueux. Ce qui rend la question plus douloureuse, plus insoluble.

Dimanche 22 juillet 2007

Dimanche matin. Les rues sont calmes comme en ces lendemains de fête qui abandonnent sur la chaussée les tessons de canettes de bière, les papiers gras douteux et les odeurs d’urine. Et qui ne réveillent pas les festivaliers endormis sur la banquette de leur voiture. Dimanche matin, l’odeur de poudre des artifices flotte encore sur la ville et les services de la voirie y vont de la lance d’arrosage pour balayer les premières feuilles mortes. Les cloches de la cathédrale battent les heures religieuses où s’anime le marché, un clown itinérant costumé en apiculteur ou en voyageur du cosmos écoute la musique des arbres et la famille Magnifique s’offre la représentation la plus heureuse de son séjour. Un spectacle en dentelles, deshabillé de ses derniers doutes. Un spectacle libre et lumineux : celui de la confiance retrouvée.

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