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Tango sous la pluie ! [Olivier Germser, cie Tango Sumo]

Entretien avec Olivier Germser, directeur artistique de la compagnie Tango Sumo

jeudi 31 mai 2007, par Mathieu Nihouarn

Il y a de nouveau du bruit dans la cuisine ! Et pour ma première fois, je m’entretiens avec Olivier Germser de la compagnie Tango Sumo et habitué de cette rubrique. Alors en résidence à Morlaix, Olivier m’accorde un peu de son temps précieux après une représentation des Noces de Trottoir devant les enfants de l’école du Sacré Coeur de Saint-Thégonnec. Tout d’abord, se trouver un coin au sec : le préau de l’école. Ensuite, mettre en marche l’enregistreur. Et c’est parti...

C’est ma première interview pour le Fourneau et je vais te poser une question que mes prédécesseurs posaient presque à chaque fois : quel est ton métier ?

Chorégraphe contemporain.

Et comment le définirais-tu ?

Déroutant, fatiguant, épuisant, éreintant, passionnant. Et je ne sais rien faire d’autre surtout. Je n’imagine pas ma vie sans le spectacle, sans la création : c’est quelque chose qui me poursuit depuis que je suis tout petit. J’ai toujours voulu faire ça et je savais que j’allais faire du spectacle depuis tout petit. Ca se paye, il y a des jours où on aimerait bien être plombier !

La dernière fois que tu t’étais prêté au jeu de l’interview, c’était en 2004 lors de la résidence pour les spectacles Premier Round et Second Round. Comment a évolué la compagnie pendant ses trois ans ?

Elle a triplé de volume : en nombre d’artistes, de spectacles, en fonctionnement, en chiffres d’affaires si on peut dire. La compagnie est réellement montée en puissance. Déjà, à l’époque du Deuxième Round, c’était déjà une compagnie d’envergure mais maintenant c’est devenu une compagnie internationale, qui traverse au minimum une dizaine de pays par an, voire quinze, qui vend depuis maintenant trois-quatre ans entre 80 à 120 spectacles par an, ce qui est un peu exceptionnel dans le milieu.

Spécifiquement dans le milieu de la danse qui est le pauvre des arts en général : quand tu compares musique, théâtre et danse, notre discipline est vraiment peu plébiscitée par le grand public. Et nous, on va au devant de ce grand public. C’est pour ça qu’on évolue.

Revenons sur votre nouvelle création : Les Noces de Trottoir. Comment vous-est venu l’idée de travailler en collaboration avec la compagnie andalouse Vendaval ?

Elles sont artistes de rue, elles aussi. Ca fait cinq ans qu’on se croise. En plus, on n’est que des mecs, elles ne sont que des filles. On s’est retrouvé plusieurs fois sur des festivals, elles sont venues nous voir à notre boulot et vice-versa. Et à un moment donné, au cours d’un repas, on a lancé cette idée de faire la noce ensemble, d’écrire un spectacle entre les deux compagnies. C’est une production Tango Sumo, mais les Tango Sumo invitent les Vendaval à danser.

Est-ce que ça a changé votre vision de création, le fait de travailler en collaboration ?

Déjà, c’est un projet d’envergure qui coûte très cher et qui est extrêmement difficile à monter : c’est une grosse logistique de transport, de fabrication, de décors, de montage, de tout ça. Parallèlement à ça, c’est un peu la cerise sur le gâteau. C’est un plaisir de pouvoir monter des spectacles d’envergure comme ça, de nous en donner les moyens puisqu’il y a le ministère qui intervient, il y a plein de co-producteurs, on a une vingtaine de pré-achats sur ce spectacle. C’est d’ailleurs assez exceptionnel : le spectacle est vendu d’avance, avant même qu’il ne soit fini d’être construit.

En plus, vu la construction du spectacle, le choix féminin s’imposait...

C’est sûr. Et ça amène pas mal de douceur aussi, d’intégrer des femmes. Nous, depuis six ans, on était sur un terrain de danse-combat, de danse de mecs, de danse poilue, de danse moustachue, une danse qui sent sous les bras, tu vois. Une danse très physique, très bourrue, très dure, très acrobatique.

Il y a quand même la griffe Tango Sumo puisque ça reste une danse de rue, assez physique, mais globalement, il y a plein de douceur qui naît de la rencontre avec une femme, de la relation à une femme, de l’amour, du thème de l’amour.

Vous avez également présenté Deuxième Round dans le cadre du Mai des Arts à Plougonven, une création qui date de 2004. Est ce que le spectacle a évolué au fil des ans, des représentations ?

Ca change tout le temps. Les expérimentations sont faites pour ça : jusqu’au dernier moment, le spectacle évoluera et bougera jusqu’à la veille de la représentation.

J’ai été assez frappé de voir que vous essayez de toucher le public de plusieurs façons avec l’humour, l’émotion, la violence aussi, sans oublier la musique qui a un rôle essentiel dans vos spectacles, mais également que la performance des artistes ne se limite pas à la danse. C’est vraiment un but dans vos créations ?

Ca, c’est quelque chose que l’on retrouve dans les arts de la rue. Moi, au départ, je viens de la danse contemporaine, mais globalement, au fur et à mesure des années, j’ai engagé des gens polyvalents, des saltimbanques ! C’est-à-dire des gens qui savent et jouer, et chanter, et danser. Et moi, je poursuis un vieux rêve, c’est d’avoir une compagnie d’art total, d’acte total.

C’est proche de l’idée de l’acting de Peter Brooks, c’est vraiment être polyvalent : pas d’ultra grands techniciens, de supers danseurs de très très haut niveau qui de toute façon à trente-cinq ans seront cassés et finis, pas de divas, pas de musiciens de très haut niveau mais des gens polyvalents, qui sont de bons chanteurs, de bons danseurs, de bons comédiens.

Merci à Olivier de s’être prêté au jeu de l’interview.

Entretien réalisé le mardi 15 mai 2007 dans le préau de l’école primaire de Saint-Thégonnec.

Les Tango Sumo étaient en résidence du 7 au 19 mai à Saint-Thégonnec.

Retrouvez Les Noces de trottoir durant le FAR de Morlaix

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