A l’occasion de la programmation du spectacle Movida ex Machina au FAR de Morlaix, Eric Goubet, alias Riké, revient sur son parcours percutant. Les Tambours du Bronx, Metalovoice, et aujourd’hui Transmemoria, compagnie ayant vu le jour il y a quelques mois, Riké rebondit d’expériences en rencontres avec toujours la même volonté de porter un message sans pincette, mais avec des baguettes. Musique et percussions, texte, lumière, pyrotechnie, vidéo et jeu d’acteur, ancestrale ou hypermoderne, aucune pratique ne résiste à sa soif d’expression.
Installé sur les gradins de bois de la cour des Jacobins, où aura lieu dans quelques heures la première du spectacle, je reprends ma sempiternelle première question en guise d’amuse bouche...
Quel est ton métier Riké ?
Ca c’est une question intéressante... Militant. Un militant qui a choisi la forme artistique pour s’engager.
Beaucoup pensent que c’est le collectif, le regroupement de personnes qui permet de changer les choses. Je ne suis pas totalement d’accord avec cette idée. Pour moi, c’est l’individu à l’intérieur du collectif qui fait évoluer les choses, dans le bon comme dans le mauvais sens.
En plus du militantisme, il y a aussi la volonté de surprendre. Nous, artistes, faisons le plus beau métier du monde. On se doit en retour de travailler sans cesse à de nouveaux moyens de toucher les gens.
A travers ton parcours, des Tambours du Bronx à Transmemoria, en passant évidemment par Metalovoice, comment a évolué ton engagement ? Est-il plus fort aujourd’hui ?
Non, il est différent. Mon parcours est une suite d’expériences, chacune amène un engagement différent, par d’autres formes, d’autres pratiques. Le point commun reste la percussion car c’est à mon avis un moyen d’expression universel.
Cet engagement passe notamment par l’expression d’une parole, d’un texte...
J’ai toujours eu envie de porter le texte à un public diversifié, d’où le fait de jouer dans la rue. J’ai d’abord travaillé à partir de textes d’auteurs passés, comme Brecht notamment, car j’en avais assez de voir les mots de ces auteurs confinés dans les salles de théâtre, alors qu’il y a des gens qui ne vont pas au théâtre qui, selon moi, ont autant droit d’accéder à ces mots-là.
Puis avec Métalovoice, on a travaillé avec des auteurs contemporains comme Durif, Durringer,... On avait envie de montrer qu’il y a aussi aujourd’hui des gens qui ont des choses à dire, des paroles fortes. Les mots du passé sont intéressants que si l’on s’en sert dans le présent et pour le futur.
Pour cette nouvelle création, Movida ex Machina, tu as mis la main à la plume et signé le texte. Comment s’est fait ce choix ?
J’avais accumulé plusieurs textes écrits sous le coup de la révolte. Une révolte contre le mépris des gens de pouvoir et de cette France d’en bas qui acquiesce trop souvent. Il y a un passage du spectacle qui parle de cela. Depuis 5 ans, je pense que nous vivons une période de régression de notre société, alors qu’elle a sans cesse progressée au cours des siècles passés. J’avais envie de parler de ça. Quand le projet Transmemoria s’est dessiné, je me suis dit pourquoi pas utiliser mes textes.
Quelle est la transition entre Metalovoice et Transmemoria ?
A metalovoice, la majorité des membres sont fils de métalos. Moi, j’étais le seul à être du nord, des mines. Ensemble, on avait envie de dire aux grands industriels : "Vous nous laissez vos déchets, et bien nous nous allons les réutiliser et leur donner un nouveau sens." Avec Transmemoria et le spectacle Movida ex Machina, j’avais envie de rentrer dans la révolution multimédia.
Justement, que signifie pour toi ce terme multimédia ?
Pour moi, le multimédia c’est quand toutes les pratiques et techniques trouvent leur place et travaillent ensemble à raconter la même histoire. Mais ces techniques, ce sont surtout des individus qui les font vivre, comme Kévin Morizur et David Cronet à la vidéo, Yves Marie Corfa à la lumière, ou moi et Pierre Bourgourd pour la musique.
La vidéo a une place importante dans cette nouvelle création. Quelle a été la volonté dans l’utilisation de cet outil ?
Aujourd’hui, les images à la télévision ou ailleurs tendent à se rapprocher de plus en plus du réel, à être au plus près de la réalité. Nous au contraire, on a voulu créer de l’imaginaire à partir des images. On voulait pas se limiter à des images d’illustration, mais que celles-ci servent complètement cette fable cybertechnologique.
Propos recueuillis par Aurélien Marteaux au FAR de Morlaix, le 8 août 2006.
Des photos du spectacle dans le journal du FAR...
La résidence