La Tête dans l'eau…
Ou comment assister à une expérience scientifique unique !
Au soleil, une petite remorque posée devant la Criée, les rideaux bien tirés… de la mystérieuse expérience, ne rien dévoiler… le décor est installé. Et voici que se présente Sylvie, bénévole dévouée des Jeudis du Port, venue assister pour l'occasion Gérald Tomère, Professeur en science phybiologique. Elle ne vient pas les mains vides Sylvie (on peut l'appeler Sissi d'ailleurs, car elle est fan de l'Impératrice et regarde les cassettes en boucle, le 2e épisode surtout !).
Elle a respecté à la lettre toutes les exigences du Professeur afin que l'expérience ait lieu dans les meilleures conditions : un poisson, une combinaison de plongée et 3 cartes postales. Il y a un « hic » tout de même : le poisson ! Il faut absolument au professeur Tomère un poisson rouge… qu'à cela ne tienne, Sylvie – toute bénévole dévouée qu'elle est – propose d'aller chercher le sien. « Flipper » sera-t-il sacrifié sur l'autel de l'expérience tant attendue ?...
Il est temps pour le Professeur d'expliquer au public attentif et curieux les motivations de ses recherches hautement scientifiques.
Tout part du constat que « Notre imagination s'est perdue sur la route de la Vie » car nous sommes tous parfaitement conditionnés et aveuglés. S'appuyant sur l'histoire d'un enfant, Bill, qui retrouve ses forces créatrices grâce à un terrible accident qui lui a « lavé le cerveau » (« et nous sommes tous des-Bill »… sic), l'idée lui est venue de fabriquer une machine destinée à retrouver la respiration aquatique, vider le cerveau et donc regagner l'inspiration !
L'expérience peut commencer. Sylvie enfile combinaison de plongée, masque et tuba avant que le Professeur ne scelle autour de sa tête l'impressionnante bulle aquaphobe. Il la remplit d'eau jusqu'en haut, y ajoute du liquide aquarespirant, un peu de concentré aquatique, et le fameux « Flipper, déconditionneur » de cerveau. Mais là tout bascule. Le Professeur retire le tuba et Sylvie… se noie…
Aux spectateurs, il est épargné l'affligeant naufrage de cette drôle d'expérience ! Place aux rires et aux applaudissements qui saluent cette plongée dans l'humour et la dérision.
Sur le port de commerce, on y danse, on y danse,
Sur le port de commerce, on y danse tous en rond !...
20h03… Voici qu'apparaît dans l'embrasure de la porte bleue du Fourneau un pianiste et son piano à queue... et à roulettes. Gants blancs, chapeau melon, queue de pie… fine moustache taillée avec soins. Le musicien aux pieds nus est élégant et fier.
Lorsqu'il entame une première valse et qu'au rythme de ses doigts experts, il caresse les touches noires et blanches, son piano virevolte, avance avec majesté et panache, pour mieux reculer et jouer au plus près des spectateurs émus.
Son répertoire musical surprend, ravit tant il est vaste, éclectique et généreux : standards de jazz, Mozart, Django, Trénet, Chopin, Tiersen… tous les morceaux sont revisités dans l'intimité géniale de ce concert mobile.
Le public se fond maintenant en un long ruban qui ondule, danse, chante, s'écarte et se laisse promener le long du quai jusque devant la grande scène.
Mais la grande Scène, c'est celle qui se joue devant nous. L'artiste fait jaillir les souvenirs, le plaisir et l'émotion. Le piano se transforme en fougueux destrier, le pianiste chevauche les partitions avec brio puis se fraie un nouveau passage dans la foule… L'envolée de notes fait tourner les têtes. Caisse de résonance joyeuse.
Le cortège raccompagne le virtuose, le cœur résolument dans les étoiles…
Magnifique traversée dans l'espace-tempo, pianissimo !
Le parc à chaînes se déchaîne dans les flammes d'un Tango endiablé
Caliente !
22h32 Soudain, l'atmosphère se charge d'électricité, la tension monte… le public extrêmement nombreux sent bien que le Polar servi ce soir va faire monter l'adrénaline et vibrer toutes les cordes sensibles.
Improvisé, ce grandiose théâtre du soleil couchant… La nuit peut tomber. L'arène est prête : lumières rouges qui tranchent avec le blanc du sable, instruments de musique aux destinées insoupçonnables, chaises posées ça et là… par petites touches, le feu fait danser les ombres et s'invite.
La musique pénètre l'espace, la contrebasse qui déchire l'air se fait compagne d'une femme à la démarche féline. Perchée sur ses talons hauts, le corps moulé dans une robe à fourreau, tout son être s'anime dans une lutte sans merci. L'ennemi n'est visible que d'elle, mais il la laisse sans vie sur le parvis.
Fin du premier acte.
Nous pénétrons dans les bas-fonds de Buenos Aires. Tango argentin, des couples en rouge et noir se font et se défont. Braquage, coffre-fort convoité, billets de banque qui volent, balles de revolver qui claquent dans l'air devenu lourd… banal en somme ?…
Non, l'histoire ne se joue pas là. Mais dans le cabaret sombre de leur vie : ils sont cinq à provoquer la flamme de leurs sentiments exacerbés, se consumant dans des danses tour à tour lascives, poignantes, toujours vibrantes.
L'incandescence illumine tout. Elle pénètre les cinq danseurs, musiciens et jongleurs de feu. Les corps se tendent à l'extrême. Regards de braise, entrelacs des jambes dont les mouvements vertigineux révèlent la toute puissante sensualité.
Ultime folie de ces oiseaux de paradis qui jamais ne se brûlent les ailes… Dans un dernier tango enflammé, ils se transforment en lumineux soleils ! Se donnent corps et âmes dans un sursaut "de la muerte".
Fin du voyage hypnotique. Immense ovation du public pour ce corps-accords éperdu, fou d'amour et de passions partagés ce soir.
Textes : Sophie Stankovitch
Photos : lefourneau.com
19h12 et 21h03 – devant la Criée
La Compagnie du Deuxième « La tête dans l'eau »
30 min Théâtre de rue – La Montagne (44) - Création 2010
Las d'écouter les mêmes chansons à la radio, de regarder les mêmes films, d'observer les mêmes tableaux,... Gérald Tomère décide de créer ses propres programmes et d'admirer ses propres œuvres. Mais comment chanter, dessiner sans avoir les bases. Après une mauvaise expérience avec la chorale locale, Tomère se dit « Si les autres ne t'inspirent pas, inspire toi toi même ». Socrate disait : « la solution se trouve souvent dans l'absence et le néant ». Pas facile de trouver rien, mais pourtant...
20h02 et 22h02 - sur les quais
Macadam Piano
30 min Déambulation musicale et poétique – Villevêque (49) - Création 2003
Un pianiste à moteur : il joue, il avance, il recule et il valse. Etonnant, amusant, élégant, le pianiste à moteur improvise au gré des rues, des rencontres et des sourires pour le plaisir des grands et des petits. Sous ses doigts : Mozart, Django, Trénet, Schubert...
22h32 - Parc à Chaînes
Bilbobasso « Polar »
50 min Tango Enflammé – Besançon (25) – Création 2010
On arrive et on découvre une mystérieuse scène de crime : une jeune femme est morte. On remonte alors dans les dernières 24 heures de sa vie afin de comprendre ce qui s'est passé. On plonge alors dans son univers : un cabaret où se côtoient la patronne, un contrebassiste, une chanteuse... tout ce petit monde s'aime et se déchire, pourtant ce jour là quelque chose va basculer... Années 30, mauvais garçon, femme fatale, marché noir, jazz au phono, braquage de banque... tous les ingrédients du polar sont réunis dans ce spectacle qui mêle tango argentin, musique et arts du feu.