L’idée part d’un projet culturel multidisciplinaire. Les travaux de Martial Chazallon l’ont amené à envisager la peinture murale Ndebele dans sa riche diversité et surtout dans sa dimension créatrice, souvent négligée au profit de préjugés "traditionalistes". Diverses initiatives ont lieu pour maintenir cette créativité artistique en milieu rural et pour promouvoir de nouveaux et jeunes artistes qui s’intègrent dans une démarche artistique contemporaine, il s’agit donc de les soutenir.
Le pari est d’appréhender et de présenter la peinture murale comme un art vivant et d’en faire comprendre ses particularités -sa dimension immédiate et localisée (la maison et son architecture) et son relatif isolement du monde extérieur- dans un spectacle vivant qui réunisse à la fois peintres, danseurs, comédiens architectes et plasticiens. Réussir à produire un spectacle destiné à une population rurale et à attirer un public citadin à une heure de route de Prétoria remet en perspective des habitudes culturelles naturellement tournées vers les grands centres urbains.
Plus précisément, il s’agit d’amener à travailler ensemble un peintre Ndebele, une peintre de Johannesburg une compagnie de danse/théâtre française, un plasticien ainsi qu’un anthropologue à un évènement culturel aux multiples facettes qui comprend :
L’adaptation de la pièce "Du haut", de la compagnie française de danse/théâtre "Collectif Ahsra", avec la participation d’une dizaine d’enfants du village de Mabhogo, cœur battant du "pays Ndebele". Ce spectacle a déjà été présenté à Paris en avril 2000 au studio Artesenado ainsi qu’au théâtre de la ville de Chartres en mai 2000 dans le cadre du Festival "Danse au Cœur", danse à l’école. Ce spectacle, d’abord destiné à un jeune public, présente la vie quotidienne d’un couple au saut du lit. Un lit, à la verticale face au public, se transforme…
par un jeu de tissus découpés dans la structure du lit pour créer des portes (par la suite transformées en costumes), et par la manipulation d’objets de la vie quotidienne (balayette de genet, sifflet, petite casserole, outils) que l’on retrouve dans un petit tabouret, …en une maison.
Le tabouret est un véhicule dans l’espace, autour duquel se crée une danse, où chacun et chacune évolue au rythme d’une fanfare. Le spectacle recrée l’univers du couple dans son quotidien autour d’une chorégraphie et d’un dialogue. Les occupations quotidiennes de la toilette, de la préparation du repas (sur une toile cirée blanche) et du départ au travail permettent de redimensionner l’espace en une pièce intérieure, suggérée par le mouvement et la théâtralité (par exemple, la toile cirée figurant la table de la cuisine devient le support d’une chorégraphie utilisant la peinture aux pieds pour marquer au sol le mouvement).
Il s’agit d’adapter cette pièce pour raconter cette fois-ci l’histoire d’une famille (une famille et ses enfants apparaissent dans un lit…) et son univers quotidien (…qui se transforme en cour intérieure d’une maison Ndebele) en jouant sur une nouvelle appréhension de l’espace domestique à travers la peinture murale de l’artiste Ndebele.