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Charlie et Laurent, Cie Dérézo à la Garenne des Vieilles Charrues

vendredi 18 juillet 2003, par Sandrine

La compagnie Dérézo se positionne avec force dans le mouvement des intermittents qui, selon eux, s’étend à un problème bien plus global que la défense d’un statut. « C’est un mode de société que veulent nous imposer de façon manichéenne et totalement méprisante ceux qui - élus à 18% des voix (et non 82%) - sont au pouvoir depuis 2002 ».

« Comment exprimer ce que nous ressentons ? Cette question a nourri de longs débats aux sein de notre compagnie », affirme Laurent. Jouer ou ne pas jouer ? Beaucoup de compagnies et artistes se sont torturé l’esprit entre ces deux solutions. Dérézo a choisi de ne pas se détacher du public et d’utiliser ses spectacles pour en faire une tribune, sans « tomber dans le piège qui ferait penser que le spectacle a été réalisé spécialement pour ces raisons politiques et sociales », précise la compagnie.

Elle a voulu un éléctrochoc dans la représentation. L’alternative trouvée est percutante et efficace. « On donne la moitié du spectacle, on introduit des mots revendicatifs dans un univers uniquement visuel, puis la marionnette de papier géante que l’on a édifiée, fascinante et encore pleine de vie, s’écroule. On amène un panneau qui vient l’écraser pour l’achever ». Sur le panneau, le public peut lire « en raison d’une décision patronale et gouvernementale, ce spectacle est interrompu jusqu’à nouvel ordre ». Les comédiens enlèvent leurs coiffes. Pas de salut. Blocage.

Le symbole est fort. L’impact n’en est que plus grand. « Pour la troisième fois qu’on fait cette action sur notre spectacle, on s’aperçoit que le public est toujours solidaire. Pas de grève en question, nous sommes juste des artistes qui s’expriment, au nom de tous les métiers de l’intermittence ». Dans le public des voix s’élèvent « rendez-vous en septembre » promettent certains, « no raffaran » s’écrient d’autres.

La compagnie Dérézo en est convaincue, la lutte ne s’arrêtera pas à la fin de l’été. Le problème fait appel, au delà de l’intermittence, à des « états généraux de la culture ». Plus globalement encore, « c’est ce qui s’est déjà passé pour les retraites et ce qui se passera encore pour autre chose. Nous travaillerons dur jusqu’en septembre pour que ça bouge en automne. Il faut répandre partout le nouveau slogan « no raffaran » ».

Interview réalisée le 18 juillet 2003 dans la Garenne des Vieilles Charrues

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