Boni et la famille Ramirez est une compagnie franco-catalane qui sillonne les rues de France, d’Espagne et d’ailleurs avec son spectacle de cirque. Face au public, les trois personnages tentent de s’accaparer le centre de la piste. Les situations comiques s’enchaînent, ponctuées de numéros de grande qualité : équilibres mains à mains, rouleau, monocycle...
Boni, Ma Dolores et Antonio, alias Johnny, Sylvia et Dédé ont tous un statut différent. Seule Sylvia est intermittente du spectacle depuis tout juste quatre mois, quant à Johnny, il est artiste indépendant espagnol. "Nous sommes donc une compagnie une peu particulière", affirme Dédé, le seul français de la clique. Un français, mais trois professionnels sensibles aux problèmes de l’intermittence.
A l’étranger depuis la signature des accords du 26 juin dernier, la compagnie a été un peu déboussolée à son retour en France le 10 juillet : "nous avions suivi de loin ce qui se passait, mais en rentrant, nous avons été confrontés aux divers avis sur le mouvement et au débat "grève/pas grève", on avait du mal à suivre et à se positionner", nous explique Dédé. "A Grandville, par exemple, nous avons été pris en porte à faux ; un mot d’ordre de grève avait été donné, on pensait donc ne pas jouer et finalement toutes les compagnies françaises ont maintenu leur représentation".
Un contexte difficile. Chaque date est un point d’interrogation sur le déroulement des événements. Boni et la famille Ramirez s’adapte au coup par coup à la situation. De passage à Morgat, le 22 juillet, les trois artistes ont particulièrement apprécié de jouer et de débattre avec la grande majorité du public restée après le spectacle. L’important pour la compagnie est de communiquer et d’informer sur ce que sont les intermittents. "C’est une démarche, très intéressante qui permet au grand public de connaître mieux ce statut et de comprendre son mode de fonctionnement. Elle ne solutionnera peut-être rien au niveau de l’Etat mais au moins, elle fait front au travail de désolidarisation mené par l’Etat dans sa politique de "séparer pour mieux régner"". Dédé insiste d’ailleurs, au delà du problème de l’intermittence, sur le contexte actuel : "aujourd’hui les intermittents, le livret A, les retraites sont la cible du gouvernement, mais nous sommes vraiment sur le chemin d’une régression sociale qui touchera tout le monde".
Propos recueillis le 23 juillet 2003 au far de Morlaix