Semaine du 8 au 12 janvierLe 8 janvier a été la première journée de travail avec les enfants. Quelques uns sont absents, les grandes vacances ne sont pas encore finies ici, certains rendent visite a leur famille, cousins et profitent de l'été austral. Nous sommes à Mabhogo, petite ville à une centaine de kilomètres de Prétoria, la capitale de l'Afrique du Sud, dans la Province du Mpumalanga. Mabhogo est à plus de 2000 mètres d'altitude et nous sommes sur un haut plateau au paysage assez peu vallonné. Il fait très chaud 35-40 degrés, et nous sommes dans la saison des pluies mais la pluie se fait rare semble-t-il cette année. Alors, nous travaillons dehors. Nous avons mis un dais vert qui nous protège un peu des rayons du soleil. Mais on préfère quand il y a des nuages qui passent devant lui, ça repose les yeux et la peau. La terre est très sèche et se lève en poussière, ocre ou jaune foncé. Les arbres sont bas avec des épines ce qui n'empêchent nullement les chèvres de les croquer. Elles ont une robe couleur vache blanche tachée noire mais comme elles font bëê, ce sont donc des chèvres. |
Les enfants reprennent l'école le 16 janvier après les vacances d'été qui ont duré un mois. Et oui, ici, dans l'hémisphère sud, c'est l'été et le soleil à midi est au Nord. Les gens se lèvent très tôt, vers 5h30 et vont chercher du bois sur les arbres environnants pour préparer le feu du petit déjeuner. Après, ils balaient leur maison pour effacer la poussière de la nuit. Le balai mesure 50cm et est fait de joncs d'osier liés ensemble, Martin et Ayse travaillent beaucoup sur cet objet et essaient de trouver avec les enfants plusieurs transformation à partir du balai. Luc dort dehors sous une moustiquaire attachée aux poutres d'un toit de chaume. Certains mettent des boules Quiès car vers 3h du matin, après les hurlements des chiens, les coqs du voisinage décident de faire un concert. C'est un peu tôt. La nuit vient vers 19h et la lune est très puissante sauf jeudi, où il y a eu une éclipse, la terre s'étant glissée entre la lune et le soleil. C'était étrange et on pourrait avoir peur de cette nuit qui mange même la lumière lunaire. C'est la dernière semaine des grandes vacances pour tout le monde et on en profite pour s'amuser. Petits et grands font la fête et le quartier de Jamaica où nous habitons est plutôt bruyant. Nous sommes allés à une fête donnée pour la fin de l'initiation de jeunes filles. Après cette fête elles sont considérées comme des femmes et doivent se comporter comme tel. Nous nous sommes installés petit à petit dans notre nouvelle maison, tout le monde la trouve très confortable et le seul problème c'est que l'eau est coupée de temps en temps durant la journée. Tout le monde a bon appétit bref l'acclimatation de l'équipe se passe très bien. Impressions de créationLes enfants travaillent avec Martin et Ayse toute la matinée cette semaine avant la rentrée des classes. Nous sommes très surpris pas la grande disponibilité de nos futurs interprètes malgré la différence linguistique. Ils ont une énergie débordante.
Après une demi-heure d'échauffement ils échangent sur les jeux, les gestes de la vie quotidienne ici et construisent ensemble cette semaine la première scène du spectacle dans le lit à la verticale. Martin et Ayse travaillent de leur côté sur les éléments chorégraphiques du jeu des enfants et sur les scènes dansés à deux. Le balai constitue l'objet file rouge de la pièce mais les enfants, Martin et Ayse utilisent de nombreux autres objets et notamment une bouilloire conique. Tracy et Angelina apprennent à mieux se connaître et multiplient les essais de peinture à quatre mains pour aboutir à une expression plastique neuve et qui leur soit commune. C'est la première fois qu'Angelina se lance dans un décor de spectacle. Leur rencontre artistique est facilitée par Martial et Luc en prenant en compte leurs différences, leurs points de rencontre et les exigences du plateau. Angelina pense que la plus grande différence avec Tracy est qu'elle a appris à peindre à l'école tandis qu'elle apprenait à peindre à la maison. Lorsqu'elle peint avec Tracy c'est comme si Tracy donnait à voir l'intérieur d'un corps dont elle aurait peint les contours. Elle aime voir des choses différentes. Cela fait quatre ans maintenant qu'Angelina travaille avec des enfants, ils sont sérieux et donnent le meilleur d'eux-mêmes. Elle s'inquiète de savoir ce qu'il adviendra des connaissances qu'ils auront apprises au cours du projet une fois tout le monde parti. Elles ont passées la semaine à peindre à deux de toutes la manières possibles. Le résultat est surprenant, mieux elles prennent un très grand plaisir a se bousculer et à redéfinir leurs limites. La semaine prochaine,elles commencent à peindre le plateau. Après de longues discussion sur les éléments dramatiques et scéniques, le plateau se présente au public de différentes manières, soit comme la cour d'une maison et l'ensemble de ses pièces communiquent de l'extérieur, soit comme une place d'un village au milieu de plusieurs maisons. Le public se retrouve par surprise au milieu de cet espace très rapidement. Voici comment Luc Perrot présente son travail : "Sur le Projet Wake Up de la compagnie Ashra mon travail est d'inventer le lieu dans lequel les comédiens et les danseurs vont jouer. Je suis en train de construire des murs en bois pour faire croire qu'une maison va apparaître, puis deux puis trois Tracy, une peintre blanche et Angelina, une peintre noire Ndebele, toutes deux Sud-Africaines, élaborent en commun une nouvelle manière de dessiner, comme si elles travaillaient à 4 mains. Elles tracent des lignes sur les murs de bois comme un tissage géant qui peu à peu écrit des personnages, des formes sur lesquelles on peut s'emporter dans des songes."
Petit lexique d'IsiNdebele
Martial Chazallon, Martin Chaput |