Presse en Français |
Croix-Rouge,Croissant-Rouge
(1995)
AllianceMagazine
(janvier 95)
L'EchoMagazine
- Suisse (août 96)
L'Actualité-
Canada (juin 97)
-
France (mai 97) |
Croix-Rouge, Croissant-Rouge
(N°3/1995)
"Le cirque des enfants"
par Marc Lachance, fondateur et directeur du Circus Ethiopia et
Sigfrid Soler, déléguée du CICR à Addis Ababa.
Dansles
grandes villes d'Éthiopie, de nombreux enfants en rupture defamille font
le difficile apprentissage de la vie dans les rue, sous lahoulette de camarades
précoces ou d'adultes pas toujours recommandables?Le Circus Ethiopia leur
offre une autre solution à la fois plaisanteet enrichissante, à
laquelle la Croix Rouge a décidéde s'associer.
Dans un pays comme l'Ethiopie, où la simple survie constituela préoccupation
de chaque instant, le cirque des enfants a su devenirle porte-parole de la communauté.
Ses représentations gratuitesattirent, généralement dans
des stades de football, des milliersde personnes.
Articulant ses spectacles autour de scènes de la vie des enfantsdes rues,
la jeune troupe transmet au public des messages essentiels parle biais de la comédie,
du mime, des acrobaties, de la musique etautres attractions. Les thèmes
abordés sont aussi pertinentsque variés: premiers secours, prévention
du sida et du paludisme,traitement de la tuberculose et de la diarrhée,
impact du déboisement.
Alliance Magazine
(janvier / février / mars 95)
Circus Ethiopia, un projet qui jette un pavé dans la mare des discussionssur
la notion de coopération. Un concept qui sort des sentiers battusen même
temps qu'un bel exemple d'initiative. Marc Lachance, sondirecteur, dresse pour
Alliance Magazine un portrait du Circus et nouslivre ses impressions sur cette
aventure riche en enseignements.
Alliance: Quelle a été la genèsede «Circus
Ethiopia»?
Marc Lachance: La genèse du cirque débuteà
Addis Ababa, en janvier 1991 au sein de la communauté Falashadont les
membres sont en attente pressant d'un départ pour Israël.Nous sommes
à la veille du départ de Mengishu et du renversementdu gouvernement.
Je rencontre un Américain, Andy Goldman, en charged'un projet visant
à faciliter l'attente et le départ deces familles Falasha. Nous
nous sommes rencontrés au hasard d'undéjeuner dans un hôtel.
Moi, déprimé par lavie à Addis avec cette grisaille et
ce côté désespéréque le quotidien m'apportait.
J'étais durant cette périodedépassé par la pauvreté
qui m'assaillait chaque jouren rentrant de l'école à bicyclette.
Je vivais un sentimentd'impuissance et d'aliénation face à la
réalité.
Je me préparais à quitter ce pays. Pourtant aprèsla visite
d'une vingtaine de pays, pour la plupart du tiers monde, j'auraisdu être
habitué... Nous discutons et mon intérêtpour toutes choses
du cirque transpire; aussi il m'invite à présenterun spectacle
aux jeunes de la Communauté Falasha. De là touta débuté.
Ce premier spectacle a mené à uneséance de formation aux
techniques de la jonglerie et à laconstitution d'un groupe de 10 enfants
que j'entraîne tous les joursaprès mon travail à l'école
internationale en vued'un spectacle pour la Communauté Falasha. Entre
temps la guérillaapproche d'Addis. Les expatriés évacuent
le pays, les habitantsde la ville se réunissent dans les églises
en priant pourla paix. On s'attend à un autre Mogadiscio. Je suis restésur
place pour ce spectacle qui tout à coup avait pris une importanceimprévue
dans ma vie. La guerre arrive à Addis et c'est l'évacuationdes
Falashas le 28 Mai 1991: 14000 évacués en 24 heures.C'est aussi
le jour que j'avais prévu pour cette premièrereprésentation
du cirque. Ce jour-là, non seulement les 10enfants partaient mais également
l'auditoire au complet s'envolait...L'aéroport rouvert après deux
semaines, je m'envole pourpasser l'été au Canada. En septembre,
les cours reprennentà l'école internationale et c'est avec joie
que je reviensen Ethiopie, cette fois avec un projet en tête. Je reprends
contactavec Andy qui a pris en charge un groupe de plus de 300 familles laisséesen
arrière par une bureaucratie désireuse de statuer surl'origine
Falasha de ces familles. Je recommence à recruter desjeunes parmi ce
groupe pour recréer un cirque. Je propose des auditionsaux membres de
la communauté, je cherche des entraîneurs,de l'équipement
et après trois mois nous montons notre premierspectacle. Une foule de
700 enfants, adultes , vieillards, soldats assistentà la représentation.
Ce fut un succès. Le groupe étaitné.
Alliance: Les principaux acteurs de ce projet restentles enfants
défavorisés. Quels a été leur rôle?De quelle
manière participent-ils aujourd'hui à l'évolutiondu Cirque
et à la création?
Marc Lachance: Les enfants sont le moteur du Cirque,porteurs d'une
énergie surprenante et constante. L'école,les amis, la famille
tournent autour de leur passion du cirque. Un artqui nourrit leur âme,
qui donne un sens à leur vie. Les premierssix mois, ils ont suivi les
instructions à la lettre sans vraimentprendre d'initiatives. Les enfants
du cirque viennent tous d'un milieudéfavorisé habitant des maisons
en torchis dans des famillesde plus de dix personnes où ils n'ont pour
terrain de jeux que larue. En outre, l'école avec des classes de 50 à
90 élèvesne favorise pas beaucoup la créativité
ni ne promeut le sensde l'initiative. Avec le cirque ils ont compris qu'ils
avaient le droità la parole, aussi ils l'ont prise. Depuis trois ans
c'est la créativitéde plus en plus riche de ces enfants qui m'a
le plus fasciné. Lecirque n'ayant pas de tradition en Ethiopie, tout
doit être constammentinventé, renouvelé; mais la question
se posait alors surle message du cirque dans le contexte Ethiopien.
Cette question d'identité est fondamentale à la croissancedu cirque.
C'est à force de s'entraîner, de présenterdes spectacles
et de recevoir un "feed-back" que la réponse nousest venue. Le spectacle
avait apparemment le pouvoir de transformer lesgens. Les enfants étaient
devenus des exemples pour leurs pairs,une image d'espoir dans une société
où trop de chosesmanquent. Les enfants, les entraîneurs, et tous
ceux impliquésdans la bonne marche du cirque sont devenus conscients
du rôle qu'ilsavaient et de la place extraordinaire qu'ils tenaient dans
l'imaginairede milliers de personnes. Chacun à sa manière en est
venuà rechercher quotidiennement dans ce dépassement de soi unélément
de plus pour que le cirque continue, progresse. Assisterà une séance
d'entraînement montre bien le travailhyper-concentré de chacun.
Les numéros évoluent auhasard des découvertes de chacun.
Le cirque est le fruit d'une collaborationintense de la communauté dans
laquelle il évolue. Le spectacleest un don du coeur de chacun. Le mouvement
du cirque, car il s'agit biend'un mouvement au sein de la société,
est, dans son histoirecomme son développement actuel issu des besoins
et des goûtsde tous ceux qui participent de près ou de loin au
spectacle. Lebut du cirque est de plaire et d'émerveiller.
L'Echo Magazine - Suisse
(août 1996)
"Les Enfants du Cirque Ethiopie développentconfiance
et conscience"
(Par Christian Berhart)
Entre mythes et acrobaties, la première tournée européennedes
30 jeunes du Cirque Ethiopie a été une révélationet
un triomphe. Leur spectacle est un hommage à leurs contemporainsmoins fortunés:
à Addis Ababa, capitale de l'Ethiopie vivent130000 enfants des rues. Leurs
perspectives d'avenir sont minces.
A l'est d'Addis-Abeba sur Asmara road, l'axe qui conduit en Erythrée,le
plateau indique un raidillon pierreux. Au sommet se dresse le grandentrepôt
dans lequel 30 artistes, âgés de 10 à18 ans, travaillent quotidiennement
leur spectacle. Le plus fascinant aumilieu de l'agitation, des jeunes filles se
contorsionnent, à mi-cheminentre danses tribales et acrobaties au sol.
Pendant que Sosena, Ingudaiet Ethiopia mêlent ainsi leurs pieds et mains
de manière indéchiffrablepour le spectateur, les garçons
bâtissent une pyramide humaineà trois étages.
Au final, tous sortent en traversant des flammes dans un air étouffantde
vapeurs d'essence. Les acrobaties ne sont pas le plus fascinant. L'intensitédu
quotidien, les repas pris en commun, l'entraide dans l'étudeet les loisirs
auront une influence plus durable sur ces jeunes que lescabrioles qu'ils effectuent
comme un défi qu'ils lancent àeux-mêmes et au groupe. Le Cirque
Ethiopie compte 35 salariés,entraîneurs, aides et gardes d'enfants.
L'Erythrée, désormaisindépendante, a son propre chapiteau,
basé à Asmara.Là, ainsi que dans quatre villes d'Ethiopie,
outre la capitale,quelque 500 enfants pratiquent l'acrobatie et acquièrent
la confianceen soi que donne l'exercice d'un art. En cinq ans, le cirque est devenucélèbre.
Une fois par semaine au moins, un camion chargéd'accessoires sautille sur
le chemin caillouteux. Il est suivi d'un busoù la troupe prend place pour
se rendre dans l'un des 28 quartiersd'Addis-Abeba pour une représentation
gratuite. Au contact du traficchaotique, haut perchés sur leurs sièges,
les enfants dela balle réalisent tout ce que leur situation a d'exceptionnel.Ils
ont un travail et la reconnaissance sociale que la plupart des Ethiopiensde leur
âge espèrent en vain.
L'actualité - Canada
(juin 97)
"Un cirque au soleil"
(par Robert Semeniuk)
Dans la poussière d'Addis-Abeba, les vieux costumes du Cirque duSoleil
reprennent vie. Depuis six ans, Marc Lachance transforme des enfantsde la rue
en comédiens et jongleurs.
Aubord
de la rue, côté ombre, une ribambelle de jeunes cireursen haillons,
courbés sur leurs boîtes à cirage, frottentles chaussures
sales du Tout-Addis-Abeba. La capitale de l'Ethiopie quicompte de trois à
six millions d'habitants, est une concoction typiquementafricaine: une foule dense,
un flot de voitures et de camions, des gazd'échappement à couper
au couteau, des animaux de ferme etde la poussière. Les
Ethiopiens s'affairentà se remettre de la guerre, de la famine, de la pauvreté,de
la perte de leurs familles. On construit un peu partoutdes immeubles
et des routes. Les bureaux gouvernementaux fonctionnent,m'assure-t'on, les politiciens
et la police sont en généralhonnêtes et les rues sûres.
Le taux de change est àpeu près le même à la banque
et au marché noirce qui est un indice de santé. Mais surtout, je
vois des visagesouverts et souriants, une sorte d'optimisme, des signes nulle
part plusvisibles qu'au Cirque d'Ethiopie, une organisation d'aide aux enfants
quicombine les arts du cirque, la chanson, la musique, la danse et le théâtre.
Le cirque était une chose inconnue en Ethiopie jusqu'àl'arrivée
d'un Montréalais dans la trentaine, il y a sixans.
Aujourd'hui le Cirque d'Ethiopie est formé de quatre branchesdistinctes
représentant quatre ethnies dans quatre villes (Addis-Abeba,Nazareth, Mekele,
Djimma). Chacune est composée d'une troupe, d'uneécole et d'un programme
d'aide aux gamins de la rue. L'étédernier, 35 enfants de la troupe
d'Addis Abeba se sont produits dans 17villes d'Europe, donnant 60 représentations
devant plus de 45000spectateurs, dont la reine Béatrix, des Pays-Bas. Financépar
l'Unicef, Save the Children, la Croix Rouge internationale et plusieursautres
donateurs, dont le Cirque du Soleil, l'organisme permet aux enfantsd'acquérir
non seulement des techniques de spectacle, mais d'apprendreà travailler
en coopération et à se donner des objectifs.
Dansla
troupe, tout le monde est à la fois élève et enseignant.Les
entraîneurs, les chorégraphes, les musiciens sont touséthiopiens
et autodidactes. «Nous créons notre styleà partir de notre
identité propre... Nous amalgamons lesarts du cirque à notre musique,
notre danse et nos costumes traditionnels.Par exemple, le type de gymnastique
que nous faisons vient du sud de l'Ethiopieet nos numéros de jonglerie
sont totalement différents deceux d'autres pays», dit Awaka Emiru,
26 ans, directeur, chorégrapheet entraîneur du Cirque d'Ethiopie.
«C'est un mouvement doté d'une extraordinaire capacitéd'instruire
et d'aider, dit Marc La Chance. Non seulement le concept mêmede cirque est
étranger ici dit-il, mais la technique, comme lesmicros sans fil que nous
a donnés le Cirque du Soleil créeentre les artistes et le public
une relation totalement nouvelle. Les spectaclesnous permettent de parler des
mines, de la malaria, de la diarrhée,du sida, des programmes d'immunisation
et d'hygiène, des droitsde l'homme, de la violence, de la pauvreté.
Tout cela est fondamentalici». ajoute La Chance. En fait, le
cirqueest un outil de communication et d'information si efficace que la CroixRouge
éthiopienne s'y est associée...
Quand je fais remarquer à Marc La Chance à quel pointtout leur semble
facile, il me répète le conseil qu'il donneaux membres du cirque:
«Ne vous produisez pas tant que vous ne possédezpas votre métier
à la perfection». Il m'explique égalementque «le cirque
fonctionne parce qu'on sait y être pratique»...« L'Éthiopie
vous aide à garder les pieds sur terre!Ce que nous avons réussi
n'est pas le fruit de quelques plans astucieuxde ma part, mais simplement le résultat
d'une passion commune. Parceque tout le monde, ici, y croyait. Tout est possible
au cirque. C'est l'imaginationau service de l'éducation».