|
|
Ex Nihilo | Trajets de vie, trajets de ville
Trajet de Vie...
On attendait un spectacle en deux temps, « Trajets de vie, trajets de ville », samedi 8 mars à Brest. Un troisième temps, celui qu’on redoutait, s’est imposé. Le temps pluvieux n’aura pourtant pas découragé les danseurs d’Ex Nihilo. Héroïques, ils ont bravé les intempéries pour nous offrir une magnifique performance. Une invitation à suivre leur trajet singulier dans deux lieux publics et fréquentés du centre ville. |
 |
S’accommodant du matin crachin rue de Siam, à 9h33 précisément, les danseurs d’Ex Nihilo éveillent le regard des passants à l’atmosphère particulière de la zone commerçante et piétonne, dallée de gris-ardoise, ornée de fontaines, masses géométriques noires cerclées de métal au milieu de plots de granite lisses et ocres, servant d’assise. Autant d’éléments du mobilier urbain utiles à la scénographie, le temps du spectacle, de ce morceau d’espace conquis par la danse. |
 |
|
A partir de rien, si ce n’est l’univers de la rue piétonne qu’ils impriment de tout leur corps, les danseurs surprennent les allées et venues ordinaires et la déambulation lèche-vitrine des passants, les entraînant dans un dialogue muet, fait de gestes précis et de regard croisés aléatoires. Leur danse sur les bancs, expressions corporelles singulières ponctuée de chutes acrobatiques ainsi que la marche solitaire et cadencée des danseurs entraînent les piétons, surpris et curieux, dans un espace subtil, sans histoire ni narration, situé entre le dedans du spectacle et le dehors de la rue. |
 |
 |
Deux femmes à l’âge de la retraite sont là, l’une vêtue d’un manteau abricot, l’autre en rose, des habituées peut-être. Imperturbables, elles accompagnent les danseurs, debout corps déployés, lovés sur des panneaux signalétiques d’interdiction ou encore roulant tels des cailloux entre les plots de granite. La situation est trop incongrue pour être réelle. Toutefois, imprégnée qu’elle est de la réalité de cet espace public, elle révèle au regard des passants l’imaginaire et le poétique de la rue de Siam. |
 |
 |
 |
 |
A l’occasion, artistes et usagers de la rue échangent quelques mots ; le quotidien familier devient alors éphémère et sensible. En partageant avec eux l’espace de cette création in situ, les piétons méditatifs vivent avec les artistes un moment complice.
Rendez-vous, 16h16, Place de la Liberté pour trajet de ville.
Texte : Arnaud Anquetil
Photos : lefourneau.com |
|
