Bonjour, Bonsoir,
Les documents/éléments d’informations reçus de votre part et les articles lus dans le Télégramme Morlaix méritent qu’on s’y arrête un moment.
On peut comprendre, dans une période de crise économique généralisée ou orchestrée (va savoir !), la prudence voire l’attitude presque panique des élus en matière de subventionnement de certains domaines d’interventions. Ici c’est la culture. Le Conseil Général lui-même a annoncé la couleur et pourtant on ne peut pas l’accuser de fuir devant ses responsabilités en la matière ni de brader ses choix. Nous sommes donc, qu’on le veuille ou non, qu’on en admette les raisons avancées ou non, devant une politique de reflux de crédits pour la culture. C’est un constat.
En ce qui concerne Morlaix, le FAR, on est placé devant la remise en cause d’un objet culturel historique. 24 éditions d’un Festival ça signe l’histoire culturelle d’un territoire. Et celle d’une ville. Mais le terme même de Festival n’a plus l’air d’être bien compris de la part des élus, communautaires ou municipaux. Un Festival ce n’est pas un spectacle passager, ce n’est pas une soirée de sortie et basta, c’est un acte qui engage sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines, un territoire tout entier, un organisateur, des troupes, des artistes, des techniciens, des spectateurs, c’est la mise en synergie de tous ces acteurs et la réalisation de la manifestation a un impact qui résonne bien au-delà du lieu où se tient le Festival. Un Festival c’est une référence en la matière. Comme on dit Avignon pour le théâtre et Orange pour l’opéra. C’est une référence à tous les niveaux du territoire : locaux, régionaux, nationaux et internationaux. Il est évident que dans leur argumentation les élus communautaires et municipaux ont oublié cela. Ou refusent désormais de le voir. Et cet aveuglement soudain est plus susceptible de porter un coup fatal au Far plus que le désengagement financier.
Il est évident que si Le Fourneau et les partenaires acceptaient de remettre le couvert en trouvant des arrangements financiers acceptables c’est le nom, la dimension et l’idée même de Festival qui seraient compromis. Comment un Centre NATIONAL des Arts de la Rue pourrait-il justifier auprès des troupes engagées l’importance de l’enjeu morlaisien si cela devient une manifestation sous-dimensionnée ? Parce qu’il n’y a rien de trop dans le FAR. Il n’y a rien qui puisse être laissé de côté sans porter atteinte aux engagements, aux missions du Fourneau à l’égard de lui-même, à l’égard des troupes, à l’égard de la résonance qu’un tel évènement doit faire entendre sous peine de faire vaciller le Fourneau lui-même et ce que sa dynamique entraîne. Il y va de la crédibilité même du Fourneau dans cette affaire-là, comme de la perception de ce que sont les Arts de la Rue.
Que la ville de Morlaix et la communauté de communes fassent d’autres choix pour animer leur territoire c’est une chose. Mais ce n’est pas au Fourneau d’accepter un sous-dimensionnement, une dévalorisation de ce qui a été accompli en 24 années. Si les élus avaient dit : Amis du Fourneau nous voulons faire autant voire plus que les années passées avec moins d’argent, la gageure était plus acceptable. Là elle ne l’est pas. Ils ont plus renoncé aux Arts de la Rue qu’à l’argent qu’ils lui donnaient.
Et ce choix des élus du territoire morlaisien appelle une remarque de plus, à un niveau général : on peut craindre que dans un contexte de restrictions de crédits à la culture, orchestrées à l’échelle de politique nationale, on croise au moins deux types de renoncement : On trouvera toujours des élus-tête-froide ravis de régler des comptes, à bon compte, en supprimant des subventions qu’ils donnaient jusque-là avec réticence, histoire de faire le ménage, mais on trouvera peut-être aussi des élus qui, dans un contexte de panique (réelle ou apparente), sabreront à tout va, sans même prendre le temps d’analyser leurs choix antérieurs et comment ceux-ci ont construit et déterminé l’avenir de leur territoire en matière culturelle et sociale.