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DAÑSFABRIK
Programmation dans l'espace public


Kumulus

Attention chaos !
Silence Encombrant, Kumulus


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12h32, place de la Liberté : sous un soleil de mai en février le public se rassemble peu à peu. Rien à signaler, si ce n'est ce container blanc qui trône devant l'étrave de l'Espoir II (ndlr, bateau érigé en octobre 2011, place de la Liberté par les ouvriers de la Sobrena, en symbole de leur lutte pour sauver leurs emplois). Lorsque l'homme en vert, qui balayait la place depuis un bon quart d'heure se décide à l'ouvrir, s'est une dégringolade de bric-à-brac qui se déverse sur les pavés. Un vieux tonneau se met à rouler. Un homme en sort, le teint blanchâtre et écaillé, les habits sans couleurs, usés et poussiéreux. L'homme péniblement se relève. Derrière, dans la benne, d'autres silhouettes du même genre s'extirpent des décombres et se mettent en marche. Les mouvements sont lents, mal-assurés, les corps cabossés et les gueules enfarinées. Dans un ralenti mécanique de vieilles bécanes usées, ils traînent leurs casseroles, tuyaux, brouettes, poussettes, cuvettes de toilettes et autres pissotières, chacun dans sa trajectoire. Çà et là, ils entassent leurs vieux objets dans une logique qui n'appartient qu'à eux. Ce qu'ils fabriquent ? Ils doivent sûrement avoir une tâche bien définie, leurs allées et venues répondent certainement à une mission très précise et organisée... même si cela nous paraît obscur !

C'est tout un monde qui s'active sous nos yeux, un univers dans lequel les êtres croulent sous les objets. C'est un bazar savant d'où naît une musique au rythme disgracieux, irrégulier, et dans lequel les corps, à l'équilibre toujours précaire, semblent en permanence empêtrés, désarticulés. Ils déballent, ils entassent, ils bricolent, ils s'emmêlent, se prennent les pieds, crapahutent et traficotent. Au bout d'une heure et quarante minutes de spectacle, ces drôles d'individus qui n'ont pas prononcé un mot, nus comme des vers, la peau toute fripée et distendue, quittent leur camp. Et quel chaos laissent-ils derrière eux ! La place de la Liberté s'est transformée en déchetterie.

Inventaire de fin de spectacle : Brouette, extincteurs, bouteilles de gaz, lit de camp, chaussures, vêtements, carcasse de tondeuse à gazon, boîtes de conserve, squelette de télévision, poussette, chaises biscornues, caddies, cage à oiseau, tuyaux et planches de toutes tailles, cabas à tire larigot, pissotière, chandelier, livres par dizaines tous auteurs confondus, bassines, maison de poupée juchée tout en haut d'une colonne, tambour de machine à laver garni de béquilles, clubs de golf et autres bâtons de ski, poupées, peluches, cadavre de guitare électrique, vaisselle cassée, etc.

Circulez ! C'est le bazar !

Texte : Jessica Roumeur

 


Spectacle chorégraphique et musical - Création 2011 – 1h40

« Le jour se lève avec pour tout bagage le silence et la parole de leurs pas, ces encombrants vont et viennent. Ils se déplacent à pas fragiles, hésitants et glissent à l'orée d'un monde suspendu. C'est celui de la mémoire et de l'oubli où la vie bruisse encore entre bris et débris. Cette armée des ombres résiste et pousse la ligne de front vers une rive incertaine, celle où la folie des sages et la sagesse des fous s'observent. »

Superposition entre ce et ceux que l'on jette et dont on se débarrasse. Les objets deviennent organes et les humains des machines usées, bonnes pour la casse. Des déchets sortis d'une benne sont transportés à la force des bras et des pieds d'individus « sans consistance », quasiment invisibles, cachés.

Objets-souvenirs pour celui qui s'en sépare, évocateurs pour celui qui regarde. Comme dans un miroir : on regarde le visage vieilli et derrière, on voit celui qu'il a été ; Si vous tendez l'oreille, vous entendrez également la solitude des êtres.

C'est en 1986, que Barthélemy Bompard décide de créer la Compagnie Kumulus. Sensible au travail de Pina Bausch, de Jérôme Bosch et d'Alain Platel, Barthélemy Bompard insuffle dans ses créations un air d'expressionisme allemand. Fort de ses expériences en intérieur et en extérieur (Le Zéro de conduite, Speedy Banana, Les Piétons), il choisit de créer des spectacles en milieu urbain afin qu'ils soient accessibles à un plus large public. Les Squames qui traite du racisme, SDF qui parle d'exclusion, Itinéraire sans fond(s) de l'exode ou encore Les Pendus sont des pièces qu'il a créées sur des thèmes d'actualité. Les comédiens, qui pour la plupart sont des fidèles de la compagnie, mettent en exergue des situations quotidiennes de la vie à travers les mots et surtout les émotions. Le spectateur, lui, est placé en position de voyeur de sa propre existence et des possibilités extrêmes qu'elle peut lui proposer.

www.kumulus.fr

Rendez-vous : Mercredi 29 février à 15h15 et
Jeudi 1er mars à 12h32 Place de la Liberté – Brest