Quelques mois après s'être installée au Fourneau pour travailler sur « La Beauté du Monde », la compagnie Qualité Street retrouvait le Finistère pour, cette fois ci, se produire lors de la deuxième étape du Printemps des Arts dans la Rue en Pays des Abers à Plouguerneau et proposer « La Fleur au Fusil », création de 2004. Malgré la forte pluie qui tombe en ce dimanche 24 mai et qui oblige la troupe à se replier vers la salle polyvalente de la commune, environ 200 spectateurs se retrouvent afin de pénétrer, l'espace d'une heure, dans un monde à part, en compagnie du duo. Devant eux, une petite scène ronde surmontée d'un rideau rouge, qui reste désespérément vide. Mais où sont les artistes ?

Le duo s'amuse à se croire au volant d'un instrument de guerre, ou d'un bateau, sûrement des réminiscences d'une bataille passée, rythmant les scènes grâce à leurs cordes vocales. Mais ces reconstitutions intègrent des moments qui ne semblent pas vraiment faire partie de la chorégraphie ! Gags à la minute, prévisibles mais qui nous prennent pourtant par surprise et qui amusent, le spectacle part de plus en plus dans tous les sens.
Utilisant des objets de façon improbable, les comédiens donnent également une vie musicale à leur spectacle et l'on se croirait parfois au coeur du Maghreb, parfois en pleine fête techno, une atmosphère créée à l'aide de cloches, de sifflets et de cordes vocales. Et malgré les nombreux moments drôles, « La Fleur au Fusil » nous montre aussi deux êtres humains avec leurs faiblesses, pris par le doute, l'émotion. Assez méprisant et autoritaire envers Alfred au début du spectacle, l'adjudant s'en rapproche au fil du spectacle pour finalement créer une véritable amitié entre les deux. Mais le loufoque revient aussi vite qu'il n'est parti.

Spectacle clownesque, burlesque ou musical, Qualité Street, par une idée artistique de liberté et d'originalité, donne à son public de nombreux moyens de rire et de prendre du plaisir à suivre le parcours des ces deux acolytes, véritables militaro-clowns. Un humour universel et de tous âges, un spectacle où le dialogue se crée non pas par les mots mais par le rire, la musique et l'émotion. On ressort heureux du spectacle, et l'on se dit que, finalement, tout être humain doit avoir un coeur et qu'il ne suffit de pas grand-chose pour l'ouvrir aux autres.