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La Jurassienne de réparation
[Le projet] [La résidence]
[Le trombinoscope] [La presse]
[La rencontre avec les
écoliers de Lannéanou
]

 

Lundi 6 mai 2002 13h07 : école du Kermeur en Plougonven, au fin fond de la Bretagne, au pied des Monts d'Arrée. Le soleil réchauffe les coeurs et les champs se teintent aux couleurs de l'été.

Nous traversons d'abord Lannéanou, lieu du deuxième et prochain rendez-vous du Mai des Arts dans la Rue ; sa place, son bar tabac, son église et ses 350 habitants. Puis par les "Ribin à lapins", nous arrivons dans l'ancienne école des environs, lieu choisi par la Compagnie Théâtre Group' pour travailler sa dernière création "La Jurassienne de Réparation".

Depuis quelques années, le Théâtre de La Corniche occupe les lieux, Alain Diveres permanent et maître de la maison s'occupe de la cuisine pour les Jurassiens du Théâtre Group. Brutus, le chien de La Corniche nous accueille en aboyant, suivi de près par Maman chat qui se fait une petite pause, elle a mis bas la veille.

Dans la cour, un vieux Peugeot J9 fatigué, une petite caravane un peu rouillée y est accrochée. Les vaches regardent, impassibles, Maurice Goydadin, silencieux, trônant avec ses fils, à côté du barbecue improvisé dans un jerrican. Il nous invite à les rejoindre à leur table. Ils sont assis autour d'un moteur, les yeux rivés sur la panne, merguez et miche de pain posés entre les pistons et les boulons. José et Stéphane sont contents, "on se croirait dans le Jura sauf que Maman nous a dit qu'il pleut en ce moment là-bas, c'est tant mieux !".

Ils sont venus voir une cliente, en vacances, problème mécanique, incident vicieux. Comme dans l'ancien temps, le garagiste est fidèle à sa clientèle, il accourt même à des centaines de kilomètres de distance. Mais les garagistes doivent désormais se préparer, nous les laissons pour accueillir les enfants de l'école maternelle et primaire de Lannéanou.

Alain prend les petits et leur raconte des histoires dans son bus magique. Avec leur instituteur, les "primaires" ont imaginé des questions pour la compagnie. Assis au soleil, ils prennent contact avec Claude et Jean Marie. A partir d'aujourd'hui, ce sont des miniwebtrotteurs, missionnés par le fourneau.com pour couvrir l'événement du Mois de Mai dans leur commune. De l'autre côté du vieux mur, des cris et des haussements de voix viennent perturber la réunion... Les artistes semblent prêts à accueillir les enfants.

 

En silence, la classe s'asseoit pour ne pas déranger Christian Pajot, le metteur en scène. A la fin du spectacle, les questions fusent, Oriane se demande si les comédiens apprennent par coeur leur texte, Kevin lui, s'approche d'un spectateur "Hé Monsieur le Maire, qu'est-ce que tu fais là ?". Tous les enfants se jettent ensuite sur Brutus, qui se venge au moment du goûter. Le car klaxonne, c'est l'heure du départ, au revoir les enfants, à Jeudi !

Les correspondants locaux sont présents, Gaïd qui s'occupe de la communication de la Communauté d'Agglomération du Pays de Morlaix se joint à nous et les maires de Lanneanou et de Plougonven prennent la parole. Ils s'expriment d'une seule voix pour montrer la solidarité entre les communes rurales, là où "la culture n'est souvent pas une nécessité". Alors on se file un coup de main, pour ne pas se "faire embobiner par les grandes villes". La traditionnelle conférence de presse se détend peu à peu, un débat s'installe entre les comédiens et les élus, des idées sont lancées, il faut avertir le Jura qu'en Bretagne aussi on se serre les coudes, et qu'ici ce sont les artistes "qui vont vers le lieu de vie et pas le contraire !".

Les frères Goydadin prennent la parole, finalement, eux aussi se sont fait doubler par le monde qui avance, ils ont vu l'exode rural, tous ces garages qui fermaient du jour au lendemain, comme les fermes, dans l'enfance du Maire de Lannéanou. "Mais c'est normal, on peut pas réparer ça dans une salle, jouer avec les moteurs et les clés de douze dans un salon, on risquerait de tout salir, et en plus on pourrait même pas rentrer la voiture !"explique Stéphane. "On essaye de résister coûte que coûte !" déclare Maurice.

Alors ces brillants artistes, "ratés de l'artisanat", décident de sillonner les campagnes pour venir en aide au automobilistes esclaves de la mécanique, et puisqu'ils sont en tournée, ils en ont profité pour visiter Brest, la grande ville environnante, Stéphane a même photographié des gros cargos et des carcasses de voitures compressées, il jugulait, comme un petit fou ! A 19h12, la ballade s'est terminée au Fourneau avec la Compagnie Cirkatomic, devant un énorme plateau de moules...

texte : Kevin Morizur
photos : lefourneau.com