Arts de la rue |
Saint Gaudens : dernier acte
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Le 25 juin 2001
Pendant 10 ans, avec toute l'équipe du théâtre municipal de Saint-Gaudens et le service culturel de cette ville - en complicité avec la municipalité de gauche de l'époque - j'ai pu mettre en place un projet culturel global, cohérent, écrit autour des arts de la rue. En parallèle à une politique d'accueil en résidence aux Haras, d'accueil en fabrication dans ce même lieu et de coproduction, nous avions voulu imaginer des pistes de diffusion multiples, variées, complices, complexes sur un territoire élargi à la moitié sud de la Haute-Garonne : un festival thématique faisant l'objet d'une codirection avec une compagnie de rue (la saint gaudingue de 1992 à 1998), une saison sur 12 communes associées (les Pronomades en 1999 et 2000), des commandes publiques pour l'écritures de chroniques urbaines (1999 et 2000). L'ensemble de ces choix, complétant le travail de diffusion des arts de la scène sur le plateau du théâtre municipal, vient d'être brutalement interrompu par la nouvelle majorité politique issue des élections municipales de mars dernier, qui a opéré ainsi une véritable amputation sur un public en promesse, sur un public en devenir. Face aux propos du nouveau maire, propos d'une rare violence :
j'ai demandé à être licencié
à la date du 31 mai dernier. Il m'était impossible de collaborer
avec cette municipalité, emblématique d'une véritable
droite populiste, qui ose dire, écrire et répéter
ce que seuls les mouvements extrémistes ont affirmé sur
la culture, qui ose travestir le sens de la culture populaire au nom du,
soit disant, "français moyen". Dans cette véritable épreuve que
nous vivions (voir 10 ans d'actions et de projets piétinés
),
la constitution d'un Collectif public (regroupement informel de
spectateurs issus des 12 communes accueillant les Pronomades) nous a réellement
touché, ému. Qu'ils parviennent à rédiger un "manifeste sur le désir", accompagné d'une pétition de plus de 2.100 signatures, qu'ils aient coorganisé cette journée du 16 juin avec la Fédération nationale des arts de la rue en accueillant tous les professionnels ayant pu se déplacer ce jour là, qu'ils aient pu ainsi transformer une simple manifestation de soutien en un "acte poétique et politique" sont autant de signes d'une maturité et d'une détermination d'un public que nous avons accompagné sur ces 10 dernières années. (J'espère que Pierre Prevost qui semblait douter de la réalité de l'engagement de ce public, dans son émail du 15 juin dernier, a eu le temps de se promener sur le site http://www.lefourneau.com/collectifpublic/ qu'abrite depuis quelques semaines l'équipe du Fourneau. Merci encore une fois pour l'aide précieuse de nos amis bretons, véritable relais d'info, de liens et de solidarité). Un réel et grand merci à tous les
professionnels (compagnies de création, diffuseurs, partenaires,
journalistes, spectateurs
) qui ont exprimé leur totale solidarité
en écrivant et/ou se déplaçant ce samedi 16 juin. Je n'oublie pas les Metalovoice (avec un
spectacle qui prend maintenant véritablement ses marques, ses repères,
l'objet s'effaçant et laissant place à un concert poétique
dont chaque frappe atteignait -ce soir là à Saint-Gaudens-
directement un public concerné par le thème des "utopies
broyées" et la revendication du "droit de rêver")
qui avaient adapté le début de "la presse" aux
circonstances locales
L'équipe du théâtre de Saint-Gaudens a été très sensible à la mobilisation de la Fédération nationale des arts de la rue, réelle, efficace en parvenant à interpeller clairement les politiques, les partenaires institutionnels et la presse. Elle a exprimé fermement l'indignation des professionnels de la création et de la diffusion face à la perte annoncée du lieu de fabrique, les Haras, et des aventures imaginées par l'équipe du théâtre de cette ville. Elle a su -en lien avec ce Collectif public- impulser et coordonner ce premier "acte poétique et politique" de l'été (d'autres rendez-vous sont annoncés sur cette période festivalière). Moi qui ne suis pas un réel "militant" (du moins au sein de la Fédé), je baisse bien bas mon chapeau et vous exprime ma gratitude. Je ne vous cacherai pas que l'ensemble de ces signes d'amitié et de soutien, d'une part, et le désir exprimé de voir que les arts de la rue et formes voisines continuent à nourrir un imaginaire individuel et collectif, d'autre part, nous ont incité à réfléchir sur des "suites" possibles à développer sur ce même territoire sauf l'enclave temporaire de Saint-Gaudens.. Il se trouve que tous les partenaires institutionnels
(Ministère de la Culture, Conseil Général de la
Haute-Garonne, Conseil Régional Midi-Pyrénées, Communautés
de communes
), qui depuis 10 ans accompagnaient les projets culturels
de Saint-Gaudens dans le domaine du spectacle vivant, se sont mobilisés
fermement face aux propos scandaleux de cette nouvelle municipalité. Nous pensons ainsi que Les Pronomade(s)
vont vite retrouver une réalité en Haute-Garonne, en terme
de diffusion et coproduction pour commencer, dès la fin de l'été
et au cours de l'automne 2001, en jeu et complicité avec d'autres
structures de ce département. Cordialement, et à bientôt Philippe Saunier-Borrell |