Quimper Un mot d'ordre: "Tous aux quais !" C'est la nouveauté du Festival de Cornouaille :
les arts de rue vont envahir les quais de l'Odet pour fêter les
8O ans du Festival. Fourneau, Cie OFF et direction artistique du Festival
y travaillent depuis l'hiver. Le spectacle doit se dérouler en trois temps.
"Tous aux quais !" devait
être la nouveauté du Festival de Cornouaille, mais au bout
du compte, seul le spectacle de la Cie OFF aura pu se dérouler
normalement devant plus de 3000 personnes. Suite aux pressions d’une
trentaine "d’intermittents", les organisateurs ont été
contraints de fermer les caisses et de rembourser les premiers spectateurs… |
Le film des événements raconté par Le Fourneau... Vendredi , 9H Vendredi, 11H Vendredi, 14H Vendredi, 14H, Vendredi , 15H 30, devant le siège
du Festival : Vendredi,
15H 55, devant le siège du Festival : A priori, les manifestants présents voient mal le Festival de Cornouaille ne pas le signer. Un nouveau rendez vous a été fixé à 20H avec la Direction, ça se présente plutôt bien… Vendredi 16H, Vendredi 16H50, au pied de La Cathédrale. Vendredi
17h30, Jean
Philippe Maurras nous soumet le communiqué qu‘il prévoit
de lire à l’issue du spectacle des Off. En gros, ça
dit : Vendredi 19H 30, tout le monde en loge... Vendredi
21H30, Mais pendant ce temps, brandissant le refus de la direction du Festival
de signer "le protocole", une trentaine "d'intermittents"
rescapés de la manifestation de l'après midi s'invitent
sur les quais et annoncent au public, aux musiciens et aux caissiers que
les spectacles n’auront pas lieu. Ils tentent d'inciter les artistes
et techniciens à cesser immédiatement le travail. Ainsi
cette soirée populaire annoncée comme novatrice laisse des
plaies au goût bien amer. Certaines fins justifieraient elles certains moyens ? Le 4 août 2003, |
Le 25 juillet raconté par la Compagnie OFF25 juillet : Journée nationale de contestation. La CGT avait appelé à observer "toutes les formes de résistance", tout en soulignant qu’il ne s’agit pas de "bloquer" des événements comme le Tour de France car "nous savons que cela ferait les choux gras de nos adversaires". Un compte-rendu de la journée du 25 juillet au festival de Cornouaille
de Quimper, émanant de la CGT, fera lui, grand plaisir au Medef,
et à tous ceux qui comptent sur une division des forces pendant
l’été. Dans ce "compte-rendu", les mots employés "trahison", "fascisme ordinaire", "refus du droit de grève par pression de son directeur’ imposent à la Compagnie Off de réagir par respect envers les artistes et techniciens présents, et envers l’équipe du Fourneau, à nos côtés à Quimper, et impliquée avec force et conviction dans cette lutte pour la défense de la culture. Depuis le début du conflit, la Compagnie Off a choisi son mode
de contestation : Lutter avec l’arme qu’elle connaît
le mieux, l’arme artistique, avec le souci de ne pas rompre le lien
avec le public (public complice et solidaire et qui a envie de le rester). Les représentations de son spectacle "Les Girafes-Déambulatoire animalier" ont été l’occasion de développer des actions revendicatrices fortes, souvent relayées par la presse, actions menées en concertation et avec la participation active de l’ensemble des artistes et techniciens travaillant sur ce spectacle (Amiens, Douai, Morlaix et Quimper). À Quimper, le spectacle devait se tenir dans un cadre, une enceinte
délimitée et payante. L’équipe a estimé
que les conditions d’un espace artistique et de contestation libre
n’étaient plus réunies. La Rue aime le non-cadre,
le débordement.
À 15 heures, l’équipe participe à la manifestation (Girafe avec banderole "La culture est un droit, la protéger est notre devoir" reprise dans la presse). Cette participation ne modifiait bien sûr en rien la volonté de maintenir l’action pendant la représentation du soir. Dans ces conditions chaotiques, l’équipe se prépare
à jouer. Dix minutes avant le départ pour la déambulation,
Philippe Freslon, directeur de la compagnie OFF s’aperçoit
qu’une Girafe n’est pas prête. Il ne comprend pas, et
trouve une comédienne-échassière installée
dans une voiture. Elle lui déclare qu’elle vient de mettre
en grève . Des mots sont échangés entre eux, des
mots d’urgence et d’énervement qui seront traduits
par la CGT en "licenciement et pression du Directeur de la Compagnie
Off sur une gréviste courageuse"… Le spectacle se jouera finalement, et les images de contestations développées :
...au final, il y a eu un discours qu’on aurait bien voulu ne pas entendre : celui du Président du festival , prononcé sous le courroux des conditions d'annulation de la soirée. En tant qu'artistes et techniciens de la compagnie Off , nous ne pouvons cautionner des propos entièrement dirigés contre des syndicalistes, même si ce soir là, nous doutons des méthodes employées par la CGT. En conclusion et en ultime réponse, la Compagnie Off a
fait le choix d’un militantisme AVEC et non pas CONTRE le public
et ceux qui font la Culture. Malgré les pressions et les
injures, elle n’en dérogera pas. La Compagnie Off est depuis
le début engagée pour la défense du statut intermittent
(manifestation à Paris en 1991, l’image qu’elle y développe
est alors reprise en double page sur Paris Match). Son mode d’action
était déjà de travailler sur des actions artistiques,
des images fortes. Et déjà ce mode d’action ne faisait
pas l’unanimité. |
Extrait vidéo de la manifestation (www.antourtan.org)
Les images de la soirée...
Perturbation du Festival : précision de la coordination Dans notre édition de dimanche dernier, dans un article relatant la soirée "Tous aux Quais" perturbé par les intermittents, il était écrit que "d'autres (artistes) mettaient fin à leur prestation par peur de représailles plus musclées de la part de la CGT". Des mots un peu forts pour exprimer certaines pressions dont auraient pu faire l'objet les artistes non grévistes qui se trouvaient dans les rues de Quimper ce soir-là. "Jamais eu de menaces" "Il n'y a jamais eu de menaces à l'encontre de musiciens",
explique Yann-Fanch Perroches, au nom de la coordination des intermittents
du Sud-Finistère. "Nous n'avons jamais cautionné ces
méthodes et nous ne le ferons jamais. Il va sans dire que nous
serions intervenus si ça avait été le cas". (27/07/03) |
La colère des organisateurs Nous avons décidé de faire connaître au public notre version des faits qui se sont déroulés vendredi", prévient un J-M Le Viol très remonté, à propos du blocage du festival par 200 intermittents. "En début d'après-midi, les membres du syndicat CGT nous ont demandé d'étudier un protocole pour la défense des professions du spectacle, qu'ils nous proposaient de signer, en forme d'acte de solidarité. Des propositions qui nous paraissaient très acceptables. Mais, au moment de signer, on nous a présenté un document différent, comprenant lui, deux articles inadmissibles. Le premier stipulait que : "le nombre de représentants de l'UBSAC-CGT est fixé à trois par scène et par jour. Le Festival prendra à sa charge les frais de repas et d'hébergement...". Le second concluait : "Aussi, le Festival s'engageà mettre en oeuvre des moyens humains, matériels et financiers correspondant au prorata de son chiffre généré par le travail des artistes qu'il emploie soit N€ par entrée, au titre d'un fonds paritaire d'actions de lutte". Cela s'appelle du racket et de la manipulation, estime Jean-Michel Le Viol, et ce reproche ne s'adresse pas aux intermittents en général, mais très précisément à ceux de l'UBSAC-CGT. Il fallait que cela soit dit pour expliquer aux gens notre refus de signer, qui a généré les perturbations de spectacles qui ont suivi". Un écoeurement ressentié galement par Michel Legrand, au nom des "Semaines musicales de Quimper", autre festival de l'été cornouaillais. "Je ne comprends pas bien les gens qui parlent de défense du spectacle en agissant ainsi, souligne ce dernier, le jour où les bénévoles, dont certains hier soir pleuraient, en auront assez d'être insultés et parfois molestés, il n'y aura plus de spectacle. Le droit de manifester n'est pas celui d'empêcher les autres de s'exprimer. L'âme bretonne en a pris un coup, vendredi soir.» "Culturellement, c'est dur, confie le directeur du festival J-P Mauras, nous pensionsê tre en démocratie : quand un artiste a décidé de jouer, il faut respecter sa décision. Cela n'a pas été le cas vendredi. On ne peut se sentir que blessés lorsque vous vous entendez dire par des artistes que vous connaissez, que "Désormais, c'est la guerre." Un dernier point pratique : les personnes ayant payé leur entrée à "Tous aux quais", peuvent se la faire rembourser au bureau du festival si elles l'estiment nécessaire. "Pour nous, il s'agit d'un mauvais coup financier, soulignent les organisateurs, au public de juger si le festival mérite ou non, lui aussi, un geste de solidarité." |
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