Face au harcèlement quotidien de la télévision,
quelques uns choisissent la résistance...

(Notre reportage en Direct !)

Le Trombinoscope

La presse

PRINCIPE

Face au harcèlement quotidien de la télévision quelques-uns choisissent la résistance...

Les spectateurs sont associés au tournage clandestin d'un programme télévisé pirate diffusé en direct.

Devenus tour à tour sympathisants, témoins, otages puis acteurs de la manipulation télévisuelle, ils participent à l'aventure tragique des membres de DIRECT ! - nouveaux héros, naïfs et porteurs de paroles - qui décident de passer à l'acte, de faire la "révolution médiatique".

DIRECT ! aborde le thème de la télévision et tente d'éclairer les étroites fissures entre la vérité d'une parole et le mensonge médiatique, entre l'intérieur et l'extérieur du cadre, entre l'endroit et l'envers de l'image.

Note d'intention

Pour qui s'interroge sur les relations dialectiques entre culture et pouvoir, entre spectacle et argent, discours et démagogie, "utilité" et divertissement, pour qui s'interroge sur la possibilité d'un théâtre populaire de qualité, la question de la télévision est aujourd'hui incontournable.

Elle est devenue LA référence.

Nous sommes entrés dans "l'ère médiatique" et la télévision, au lieu du fabuleux instrument de prise de conscience mondiale qu'elle aurait pu devenir, participe finalement, à coup de parts de marchés, à l'abrutissement général.
En quelques décennies elle a été l'outil d'un violent bouleversement des valeurs. Elle abolit les notions d'espace et de temps, elle sature la planète d'informations, elle renforce les pouvoirs de l'argent et de l'apparat, elle crée une nouvelle réalité. En fait, sous couvert de démocratisation du savoir et d'ouverture sur le monde, la télévision auto-érige son monopole culturel sur toute la planète.

Mais le plus grave, peut-être, est qu'elle est devenue essentielle à toute conscience, consacrant l'existence et la non-existence de toute chose en un nouveau cogito : "je passe à la télé, donc je suis !". A tel point - comble de la perversion - que même la critique anti-télévision se doit, pour se faire entendre, de passer à la télévision!

Il est grand temps, comme le dit Bourdieu, de "combattre pour que ce qui aurait pu devenir un extraordinaire instrument de démocratie directe ne se convertisse pas en un instrument d'oppression symbolique".

DIRECT ! est né de ce constat, c'est une déclaration de guerre, une 'télé-guérilla", dont les armes dérisoires seraient la fiction, le rire, le trouble ou l'étrangeté.

Nous voulons réaliser une pièce qui serait de la "science fiction proche", la situation proposée est en effet très vraisemblable aujourd'hui ; de la même façon que des groupes se sont emparés du réseau radio FM dans les années soixante dix et ont créé les premières radios libres, les membres de DIRECT ! émettent la première émission pirate en direct et en public...

Ils nous posent cette question : au fond, où est la plus grande violence ? Dans le harcèlement médiatique quotidien, ou bien dans l'offensive de quelques individus face à la dictature de l'Audimat, le vol de l'audience, l'action terroriste directe...

Genèse

A l'origine : un projet culturel de quartier.

Du ler décembre 96 au 30 avril 97 : résidence de Jean-Pierre Renault, auteur, pour l'opération Ecritures Publiques organisée par Cap Sud à Poitiers.

• Six ateliers d'écriture réguliers sont mis en place.
• 7000 livres blancs, où des consignes très ouvertes incitent à rédiger de petits textes, sont distribués aux habitants qui peuvent les remettre une fois remplis dans des boites à lettres. La " petite boutique des écritures ", un bus aménagé, avec écrivain public, imprimante et vidéo (pour ceux qui ne maîtrisent pas l'écriture), accompagné de la " maison-maison - Tout pour l'inspiration" (l'échoppe itinérante de 26000 couverts) accueillent également les écrivains.

Ainsi plus de 1000 textes, de quelques lignes à plusieurs pages, issus de centaines d'auteurs, sont recueillis, qui portent la parole vive de ceux à qui on ne la donne jamais (un recueil des textes est édité aux Editions du Pont Neuf).

En février-mars 97, 26000 couverts repère, rencontre les interlocuteurs locaux (écrivains, vidéastes, techniciens), dépouille les textes. Au contact de ceux-ci, le thème de la télévision s'impose.

On élabore le projet. Puis on répète.

Du 24 au 27 avril, quatre représentations de "Si vous avez manqué le début... " sont données dans le cadre du festival Coups de Théâtre de la Scène Nationale de Poitiers, pour environ 2000 spectateurs, dont les écrivains, à l'usine HL. C'est pour nous une expérience forte et inoubliable.

En été 97, s'élabore la production d'un projet qui perpétuera l'expérience de Poitiers, sans toutefois reproduire le même spectacle.
Pendant plusieurs périodes de septembre 97 à avril 98, nous nous remettons en écriture. A partir du même matériau, de la même "contrainte" textuelle, nous recherchons de nouvelles significations, une nouvelle cohérence, à préciser notre pensée et à mettre à son service une forme plus adaptée.
Les décors sont repensés et construits au cours d'une résidence à Lieux Publics à Marseille au mois de mars 98. Les répétitions ont lieu à l'Avant-Scène de Cognac en avril, puis en mai à Dijon jusqu'à la création début juin 98 dans le cadre des Rencontres Internationales de Théâtre, organisées par le Théâtre national Dijon Bourgogne.

"DIRECT !", le nouveau spectacle des 26 000 couverts à Brest (en collaboration avec Arte) les 10, 11, 12 décembre 98 à 19h12 au magasin C. Del@rue. Ce n'est ni du théâtre "en salle", ni du théâtre "dans la rue" : c'est une proposition théâtrale nouvelle que les amateurs de Grains de Folie n'ont pas manqué.