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Vendredi 10 juillet

19h30 : la place du Chai résonne des mélodies métalliques du steel band Panasuc. Ces Parisiens multicolores sont passés maîtres dans l'art de tirer le meilleur de leurs steel drums. Ils font alterner gaîment la musique traditionnelle des Caraïbes et des clins d'oeil plus proches de nous (comme le thème de Mission Impossible). Et ils sourient de toutes leurs dents.
Non monsieur, ceci n'est pas un vulgaire tambour! Encore moins un tam-tam. A qui prend la peine de le leur demander, les musiciens expliquent volontiers que le steel-drum (tambour d'acier en anglais) trouve son origine sur l'île de Trinidad, dans l'archipel des Caraïbes. Puisque les colonisateurs leur avaient interdit l'usage des percussions traditionnelles africaines, les arrière-petits enfants des esclaves ont tablé sur la récup'. Et dans les années 30, ce qu'il y avait de plus facile à récupérer, à part des pots de peintures et des boîtes de biscuits, c'étaient les barrils de pétrole de 200 litres utilisés par l'armée américaine! Saviez-vous que les personnes capables d'accorder un de ces instruments en France se comptent sur les doigts d'une main? Grâce à leur savoir-faire, rien n'interdit de jouer du Beethoven sur un steel-drum!
20h30 : Rag Mama Rag raconte la vie quotidienne dans l'ouest des cow-boys mais aussi dans le Mississippi des esclaves. Leur musique mêle la country blanche et le blues noir, et le résultat est tout sauf gris... Les auditeurs attentifs auront même reconnu une chanson qui fait partie de leur partimoine culturel commun : "I'm a poor boy and a long way from home..."
Prenez une tôle ondulée utilisée pour laver le linge au lavoir, habillez vos dix doigts d'autant de dés à coudre, et vous voilà joueur de washboard (littéralement "planche-à-laver"). Cela n'a l'air de rien vu comme ça, mais quand on ferme les yeux, on entend les pieds de Fred Astaire... Cet instrument est roi chez les musiciens de rue en Amérique. Et Debbie Dow le maîtrise parfaitement, ainsi que l'harmonica. Ashley, son mari, joue lui du banjo, de la steel-guitar... et il chante à merveille.
  Avant de se mettre à tomber, la pluie a eu le bon goût d'attendre la fin de la prestation remarquable de Tapak Lagoul, cinq musiciens qui délaissent les musiques électroniques pour un retour aux sources. Et quelles sources! Les cultures créole, française, arabe et anglo-saxonne sont servies par une batterie d'instruments divers, parmi lesquels djembés, darboukas, steel-drums, cloches ou guitares...
Ils ont une façon bien à eux de découper le temps en séquences photographiques. Entre la sculpture et le théâtre, la Compagnie Pyramide transforme une banale scène de baiser en une mémorable succession de grimaces. Les sourires rêveurs du public ne trompent pas: ce Roman Photo mérite bien son nom.
 
  Un méchant coup de vent recouvre l'assistance d'un tapis rouge assez surprenant. Mais le spectacle continue! Le temps d'un entracte, Panasuk remet le couvert, puis le Roman-Photo reprend, et c'est la fin de la soirée. Dans les rues briochines, quelques joyeux supporters alcoolisés chantent leur joie "d'être en finale, lalalalalèèèèreu"...

Textes et photos Martin Granger



(version papier du 11/07/98)

Eté en Fête : l'Inde au parfum des Halles


(version papier du 13/07/98)

Eté en Fête : Au rythmes du soleil
Surprises au coin de la rue
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