Selon nous -mais ça se discute- ce qu’on a choisi d’appeler le transexpresso de TRANSE EXPRESS n’est pas une boisson, c’est un gâteau. La recette reste mystérieuse même si le balai magique, la blouse grise de maître sorcier et la moustache folle du chef Gilles nous ont mis un peu la puce à l’oreille : on dira qu’il faut, au moins, un bon doigt de Salvador Zappa, deux de Franck Dali, un zest d’Alexander Stravinsky, deux d’Igor Calder et du sirop de rock trente ans d’âge version hard ou heavy métal.
La partie forêt noire du gâteau -guitares, basse, drums- est servie par quatre hard rockeux aux allures de squelettes échevelés. Ils nous crachent leurs décibels du haut d’un camion noir sur le toit duquel tournent deux pantins voués à frapper des tambours géants. Ce camion est le tank de la soirée, il sert d’artillerie lourde et son avancée est contestée par des fantassins musiciens venus d’ailleurs et de nulle part. Ils sont du genre tiramisu, meringue ou glace plombière . Ce sont des tambours colorés, ludiques, aux chapeaux en biscuits très craquants. Avec eux tout est marches et danses. Tout ce beau monde déambule hardiment et fait halte ici et là, près d’un balcon éclairé d’une torche rouge, pour nous faire entendre, ici un violoniste, là un violoncelliste solitaires qui disent avec insistance que d’autres musiques sont possibles, d’autres rencontres musicales sont possibles...
Et leurs espoirs sont récompensés. Au détour d’une rue sombre apparaissent alors trois immenses Divas, les Melba de la recette, mousses framboise, orange ou violette, tu as le choix. Spontanément un spectateur émoustillé crie je t’aime chérie ! à la soprano de dix mètres de haut. Les mômes en ont plein les mirettes. Les trois cantatrices très felliniennes avancent, dignes, et arrosent l’assemblée médusée de mille vocalises sucrées et parfumées à souhait.
Dans le bourg où le temps est de plus en plus suspendu, chacun salive à n’en plus finir. Les papilles n’en peuvent plus... Alors, pour qu’un transexpresso soit parfait il faut la cerise sur le gâteau. Il faut le nec plus ultra de la pâtisserie musicale façon TRANSE EXPRESS, il faut le tour de main du chef Gilles qui rassemble tout son monde, y ajoute un Bagad Plougastell bien à point et fait monter et descendre du ciel les fruits frais de la fin, violons suspendus, divas royales et divines acrobates, macarons et coulis .
Et voilà, vers minuit, ou plus ou moins, peu importe le temps désormais, le transexpresso est servi et à consommer sans modération. Un délice. La foule rassasiée se disperse dans la nuit : chacun a noté la recette, a pris sa part de sons, de couleurs, d’images et de rêves... De quoi tenir l’Eté et toutes les Saisons qui suivent.