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MALEDETTI !

Le Jeudi du Port de Tony Clifton Circus

samedi 7 août 2010, par Pierre Abgrall

Au pied du mur du Parc à Chaines quatre méchants garçons dans le vent du soir balancent un spectacle pas moins franco-italien qu’italo-français, sèment la zizanie dans la démocratie et font subir aux lois du rire un essorage à 10.000 tours/minute !

Un artiste plasticien, Gilles Barbier, dit ceci :"Pourquoi est-il demandé aux artistes d’avoir une certaine tenue ? Aujourd’hui, la nécessité d’être intégré, cohérent et stable est obsolète. On peut tout à fait vivre dans la société d’aujourd’hui en étant désintégré, instable et incohérent. Et ce n’est pas une expérience qui se termine forcément en prison ou dans un asile."

Illustration : Le Tony Clifton Circus casse les codes du spectacle comme il casse des assiettes sur le mur du Parc à Chaînes. Comme il balance des oeufs, du riz ou de l’eau vers le public qui rit jaune et s’affole. Les Zicônes de notre société de consommation sont passées à la moulinette à viande et même au hachoir. Une jolie, mince et célèbre poupée articulée en plastique souple (pas de pub, siouplé !) se baigne dans un pot de célèbre pâte italienne à tartiner au chocolat (pas de pub, siouplé !), ses cheveux prennent feu, elle finit en femme-tronc, en kamikaze et en zombie avant d’être expédiée dans la foule d’un coup de raquette sauvage. C’est du hard tennis exécuté sur fond de guitare électrique, la pédale de distorsion enfoncée jusqu’au coeur.

Les artistes sont quatre : deux sont vêtus de noir et le Rubbish Rabbit luit en blanc sur leur tee-shirt. L’un, tête rasée, parle italien et énonce ou profère la philosophie radicale du spectacle. L’autre est une sorte de grand dégingandé de clown agitateur agité, exécuteur des basses oeuvres : il tranche la tête d’un poisson, fait exploser un ananas, torture la célèbre poupée, donne la mort à un chaton de peluche qui miaulait tout mimi dans le micro deux secondes plus tôt. Un troisième larron fait grincer et couiner sa guitare de rocky argenté. Un dernier, placide et rompu aux discours déjantés de son compère italien, traduit sans complaisance, sans état d’âme pour le public franco-brestois de la soirée.

Tony Clifton Circus appuie là où ça fait bien mal aux spectateurs. Pour ceux qui ignoraient encore que l’existence est uniquement composée de trois étapes sans entractes -la naissance, la vie, la mort- ils sont désormais au parfum. Public, nous dit Tony Clifton Circus, tu veux du spectacle ! En voilà et du bien trash. Et la scène finale frise l’insoutenable. C’est à un doigt près la mise à mort d’un élu dans les rangs du public. Ames sensibles s’abstenir... Ces quatre garçons sont des chenapans, des anarcho-saltimbanques, des bad boys, des maledetti de la scène, des hors-la-loi. Si un jour leurs quatre têtes sont mises à prix il n’y aura pas beaucoup de monde pour pleurer quand on les trempera dans un pot géant de célèbre pâte italienne à tartiner au chocolat périmée (pas de pub, siouplé !). Ils l’auront bien cherché.

Pierre

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