Tout commence -ou pourrait commencer : le spectacle est en cours d’élaboration- par un de ces cocktails dînatoires dont le mode d’emploi est connu : on sirote, on grignote, on picore, on se flatte, on se congratule, on se drague, on s’autosatisfécite, on s’autosatisfélicite, on se brosse à reluire, on se passe de la pommade, on se jette de la poudre aux yeux... Tout égo qui n’a pas plusieurs zéros avant la virgule et une montre de marque au poignet peut passer son chemin. Tout est bel et bien beau dans le meilleur des mondes de l’argent.
Mais qu’advient-il si tout explose ? Qu’advient-il si la banque saute ? La machine et ceux qui en détiennent les clés et les codes s’affolent, perdent tout self-control, pètent les plombs pour parler franc et tout s’en va à vau-l’eau : les corps, les rapports qu’on croyait humains et les homo sapiens burocraticus qu’on a connus bcbg et propres-sur-eux se transforment en monstres de haine et d’amour. Et, c’est bien connu, là où il n’y a plus de codes il n’y a plus de limites : on savoure avec délectation, comme des Saintes Espèces, le contenu bien garni d’une enveloppe de récompense, on s’aime comme des bêtes jusqu’à s’entredévorer et on va jusqu’à jouer sur fond de Réquiem les obsèques poignantes d’un I-Phone, outil-roi de la communication incessante, qui est passé de vie à trépas... Requiescat in pace : c’est tout le mal qu’on lui souhaite.
Après Donnez-nous votre argent en 2006 et Homo Sapiens Burocraticus en 2009, la COMPAGNIE N°8 achève, par ce volet cataclysmique voire apocalyptique ou vice-versa, son tour d’horizon des mondes dont l’argent fait tourner les têtes. Scènes trash, chorégraphies bien léchées, petits délires entre amis disjonctés se succèdent dans ce qui deviendra un spectacle déambulatoire que LE FOURNEAU recevra un jour prochain... si, d’une part, le ciel le permet et si, par ailleurs, nos futurs gouvernants nous mettent la Culture à 1% du budget national. Mais là, bon, c’est peut-être trop demander, non ?
Voir également les photos de Jacques et celles de Gérard
Plus d’infos sur la création sur le site du Fourneau