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Des sons, des frissons : La Nuit Singulière au Relecq-Kerhuon

jeudi 23 décembre 2010, par Pierre Abgrall

Sous le regard de l’oeil rond d’une pleine lune impeccable, une Fanfare silencieuse glisse dans une rue en pente douce. Les enfants, les grands, les petits, les chiens, les chats gris, les vieux hiboux et les passants curieux et emmitouflés du Relecq Kerhuon et d’ailleurs la suivent en chuchotant, émus et pressés de l’entendre jouer quelques sons pour habiller notre Nuit Singulière du 21 décembre 2010...

Au bout de la rue en pente la foule trouve un lieu propice : une place carrée que ULIK et le SNOB, en curieuse confrérie de mystérieux sorciers du son et du feu, investissent aussitôt. La Maîtresse de Ballet balaie l’espace avec ses deux longues torches. Trente belles et éternelles minutes durant, la place sera la scène d’un concert fluide, tout en apesanteur.

ULIK et le SNOB, ce sont huit musiciens, cuivres, bois et percussions, placés sous la baguette d’une directrice d’orchestre tout droit sortie, semble-t-il, d’une EMS - traduisez : Ecole de Musique Singulière, Ecole de Magie et de Sorcellerie, Ecole de Magie des Sons...- Vêtus de grandes robes noires, les musiciens glissent comme les pièces d’un échiquier que la Maîtresse de Ballet déplace et fait jouer. Leurs visages sont impassibles sous la flamme qui rehausse leur silhouette. Ils jouent. Et tu entends et tu n’entends pas : du Nino Rota, du Erik Satie, du Mike Oldfield, du Phil Glass... des musiques de la nuit, vaguement répétitives, des mélodies de boîtes à musique que tu ouvres et fais jouer si tu cherches le sommeil ou si tu cherches à te souvenir de ton enfance, au temps où tu livrais tes secrets à la Lune.

Ici, dans le nuit glaciale, l’orchestre joue avec le feu autant qu’avec les sons. Sur le sol, les torches dessinent des courbes, des cercles, des points de lumière qui vont du jaune au bleu, s’effacent dans la nuit. Tous ces signes attirent, repoussent, rassemblent les musiciens... A moins qu’ils ne soient là que pour annoncer une autre nuit - qui sait ?- habitée par des Loups puissants, surgis de nulle part.

Les loups de DEABRU BELTZAK sont entrés dans la ville. L’un par ici, les autres par là, les loups et leurs yeux de braise blanche ou bleue, loups géants venus d’un pays inconnu et porteurs d’une histoire que DEABRU BELTZAK est en train d’écrire en Résidence d’hiver au FOURNEAU. Leur apparition, leurs danses de monstres égarés, cracheurs de feu, toutes dents affûtées, ont réveillé les spectateurs qui plongeaient leurs nez glacés dans du vin chaud. Les plus curieux ont suivi les Loups jusqu’au terme -provisoire- de leur voyage, en plein carrefour de rues et la Nuit Singulière de 2010 a pris fin, par un vrai froid de loup, dans une explosion de volutes et de serpentins de Fête Nocturne, faite de sons et de frissons troublants et délicieux.

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