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CARAMBA ! QUE D’OS, QUE D’OS !

vendredi 25 mars 2011, par Pierre Abgrall

Il fallait qu’ELLE le trouve, l’Homme de la Mort, comme d’autres cherchent l’homme de leur vie. ELLE, c’est la grande Catrina, sorte d’Ange de la Mort vêtue de blanc et qui sort de l’Enfer, dirait-on, appelée, happée, soutenue, guidée par une batucada rageuse, les ci-devant TAMBOURS DE LA MUERTE, troupe de percussionnistes à bicornes lumineux, dévoués corps et âmes à leur Reine de la Nuit.

La suivent aussi, comme un couple de gardes du corps aux yeux luisants, deux squelettes géants verdâtres, une frêle cage d’oiseau enfermée dans leur propre cage thoracique. Tout ce beau monde joue et danse au milieu des fumigènes, harcèle la foule en suivant un chemin tracé par un porteur de torche enflammée pendant que Catrina cherche son Homme, celui qu’elle va ramener dans son Au-Delà de démone.

Quand elle le trouve enfin, la déambule s’achève et on entre alors dans le cercle où va se jouer l’initiation rituelle de l’heureux élu : à la fois aire de cirque infernal et lieu d’un spectacle où se fondent concert, acrobaties, explosions de feux d’artifice. Les musiciens aux bicornes sont devenus des squelettes. Ils frappent leurs crânes-tambours avec des os massifs. Le Monsieur Loyal a le rire grinçant. L’acrobate est une sorte de valet malin. Il a l’agilité d’un singe. Catrina, désormais tout de noir vêtue, fend l’air de la nuit avec une lame de faux enflammée et fait de l’Homme qu’elle a choisi un nouveau membre de son orchestre macabre.

Pour nous raconter ce conte noir la Compagnie TRANSE-EXPRESS est allée chercher l’inspiration dans les rituels mexicains de la mort. Le voyage est plein de couleurs, de flammes, de masques, de sons de tambours, de flûtes, de sifflets et de furieux fumigènes. Les spectateurs de la nuit de mars brestoise n’ont pas eu à se plaindre du voyage.

Seul, cependant, au milieu de tous, à la fois invisible et tout de noir vêtu, silencieux dans la foule attentive à ce spectacle insolent donné au bout du bout de la Bretagne, on a cru un instant voir le Prince breton de la Mort, l’Ankou lui-même. Il regardait avec une étrange attention l’envoûtante Catrina comme s’il se prenait à rêver de devenir un jour l’Elu indomptable, unique et magnifique de cette Reine mexicaine de la Muerte...

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