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"Culture en danger / Pointe Bretagne

Exigeant le retrait de l'agrément au protocole sur le régime chômage des professionnels du spectacle et de l'audiovisuel, les organisations représentatives d'employeurs et des salariés invitent le public, les élus et les professionnels à se mobiliser face à la fragilisation de l'art et de la culture dans notre société.

A la Pointe de Bretagne, les Journées du Patrimoine des 20 et 21 septembre, placées sous le thème du "Patrimoine spirituel" auront été une nouvelle occasion d'amplifier la lutte et de mobiliser l'opinion publique sur les dangers du processus en cours : que ce soit au Théâtre du Pays de Morlaix lors des visites publiques du théâtre historique ou dans la Rue St Malo à Brest dans le cadre de "Dansons la capucine", des rencontres, débats et projections des films "Paroles d'intermittents" et "Nous avons lu le protocole" se sont multipliés avec la public.

Une réunion d'information visant à élargir l'action à tous les professionnels de la Pointe Bretagne est programmée au Quartz de Brest, le jeudi 25 septembre à 18h."

Ont déjà annoncé leur participation : des membres du SYNDEAC (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles ), de la CGT Spectacle, du CISIF (Comité Indépendant et Solidaire des Intermittents du Finistère), de La Fédération - association professionnelle des Arts de la rue, de La Fédurok (fédération de lieux de musiques amplifiées/actuelles), ainsi que les directions du Quartz - Scène Nationale de Brest, du Fourneau - Scène conventionnée Arts de la rue en Bretagne, du Théâtre de L'Entresort et du Théâtre du Pays de Morlaix.
Communiqué du CISIF,
Le Quartz, 25 septembre 2003

Le CISIF (Comité Indépendant et Solidaire des Intermittents du Finistère) a été crée en Juillet dernier par des artistes et techniciens désireux de faire entendre une voix originale, indépendante des domaines d'intervention cadrés, dogmatiques et des réseaux d'influence, autant que faire se peut.

Musiciens, comédiens, danseurs, auteurs, éclairagistes, sonorisateurs, acrobates, metteurs en scène, compositeurs, jongleurs, échassiers, j'en passe et des meilleurs. Nous sommes la plus grande troupe du département. Petites compagnies, solitaires acharnés qui se côtoient le temps d'une collaboration ou d'un festival. Cette assemblée de bric de broc a cela en commun qu'elle a douze mois sur douze la tête dans le guidon, chacun sa manière de pédaler, son vélo, son parcours.
Difficile à identifier, difficile à faire courir en peloton. Un peu comme si au départ du Tour de France, chaque coureur prenait une direction différente et où le rendez-vous au tas de sable serait le guichet des Assedic. La volonté du Medef est et du gouvernement est de nous faire courir en peloton sur un circuit comportant exclusivement des étapes de montagne et une moyenne de vitesse imposée encore plus élevée avec à l'arrivée moins de sable dans le tas. Seules les équipes pourvues de moyens suffisant arriveront au sommet et encore la plupart des équipiers seront abandonnés après s'être sacrifié pour leur leader.
Mais avant cela beaucoup d'entre nous se seront affalés dans le fossé, pas de pneu de rechange, plus d'eau dans le bidon, souffle coupé, notre raison de vivre, laminée. Et même si un spectateur compatissant nous pousse dans le dos, il sera déjà trop tard.

Cette catastrophe annoncée peut-elle être évitée ? Nous ne pourrons pas répondre à cette question avant d'avoir épuisé tous les moyens de résistance en notre possession. Si nous sommes ici tous d'accord pour dénoncer ce protocole de Juin, chacun doit mettre ses moyens à disposition, ne pas s'en servir équivaudra au pire à une trahison, au mieux à une lâcheté.

Nous avons 98 jours maximum pour le faire annuler. C'est le seul chiffre important à retenir puisque c'est le seul indiscutable. Nous engageons d'ailleurs toutes les structures concernées possédant ouverture sur l'extérieur à afficher ce chiffre fatidique sous forme de compte à rebours qui nous rappellera la nécessité de l'action, si jamais il nous arrive de faiblir.

Nous savons tous que les attaques sont nombreuses et variées sur l'avenir de notre branche. La Fedurock est bien placée pour nous le dire. Le problème de l'intermittence a ceci de particulier qu'il échappe en partie à nos débats culturo-cultureux.
C'est d'abord un douloureux enjeu social et l'engloutir dans nos disputes sur ce qui est création, pas création, art ou divertissement serait une grossière erreur en référence au temps qu'il nous reste . Nous atteignons là les limites de l'influence de la culture sur la politique. Un projet culturel n'est pas un projet politique, il en est plutôt dépendant. C'est pourquoi, s'il est heureux que des scènes importantes aient les moyens de leurs projet culturel, justement (plus que d'autres en tous les cas), cela ne les dispensent pas d'un devoir certain de solidarité. Cela contribuerait en outre à lever des ambiguïtés aux yeux du public.

Il semble aussi que répéter à qui veut l'entendre et tout bout de scène que nous sommes des êtres indispensables peut s'apparenter à de la vanité. Ce doit être agaçant en fin de compte. En quoi la personne en face est-elle moins indispensable que nous ? Si 30000 de nous disparaissent, la culture ne disparaîtra pas, l'art ne disparaîtra pas. Quand on dit " la culture en danger ", de quelle culture parle-t-on ? Est-ce à nous de la définir ? Face au " c'est le public qui le demande, puisqu'il le regarde " des télévisions, qu'employons-nous comme argument ? Quatre mots faciles sans savoir quel sens en donne ceux qui les lisent. Ces 98 jours doivent être aussi l'occasion d'entendre ceux que l'on désigne par public. S'il se sent concerné, à lui de nous dire jusqu'où nous sommes indispensables. Sans ce soutien nous ne sommes rien.

Dans les prochaines semaines, nous ne préconisons aucun moyen d'action ou plutôt nous les préconisons tous. Pour peu qu'ils soient efficaces, sincères, adaptés. Nous ne rentrerons pas dans un débat sur une semaine de vie ou une semaine de mort, l'été nous ayant montré que leur enlacement peut être fécond. Ce n'est pas en Bretagne qu'on va dire le contraire. L'important est que cette semaine ait lieu.

Nous nous déclarons enfin solidaires :

- Des bénévoles d'association de petites communes qui, avec des aides misérables en rapport à un déploiement d'énergie considérable, tentent de faire au mieux face à l'hypertrophie des moyens culturels alloués aux centres urbains. Ceux qui n'ont comme "pauvre" projet culturel que la rencontre et la convivialité. Ceux à qui les élus - selon les coins, au mieux l'adjoint à la culture, au pire à l'animation, le pire du pire étant qu'en l'absence d'adjoint, c'est le maire qui s'en occupe - délèguent la réflexion d'un vrai projet culturel, tout en ne leur donnant pas les moyens nécessaires, s'en déchargeant ainsi par la même occasion.

- Des équipes des petites salles de concert qui vont se voir annihiler leur travail de plusieurs années de passion, d'émotions, de jonglage comptable, de fidélisation du public. Eux sans qui nous serions à la merci définitive des grandes majors du disque et de leur haras. Eux sans qui les chefs lieux de canton et les sous-préfectures ne seraient QUE des chefs lieux de canton et des sous-préfectures avec " leurs châteaux-forts, leurs églises, leurs plages..." (chanté)

- De tous ceux qui, en règle générale, ne veulent pas que les notables s'endorment en paix dans l'ombre rassurante de leurs châteaux-forts, leurs églises, leurs plages...

- Des cameramen et techniciens intermittents de l'audiovisuel qui se voient menacés d'être rayés des listes des employeurs parce qu'ils ont participé au conflit de ces dernières semaines.

- De la standardiste embauchée sous le titre de l'intermittence et qui pourrait bénéficier d'un contrat à durée déterminé. Elle n'a pas mérité ce qui nous attend.

- Des gamins et des gamines qui se voient refouler avec violence et mépris des castings de toutes les Star Académies du monde. Quelle faute, nous, avons-nous commis pour que nos métiers trimballent cette image frelatée et plaquée ?

- Des enseignants et des écoles qui essaient d'obtenir trois francs six sous de leur ministère afin de nous inviter à transmettre le savoir-faire et la passion que nous mettons dans notre travail. C'est une partie non négligeable de notre activité. Aux dernières nouvelles, ce serait plutôt un franc, trois sous. Il est pourtant fondamental que cette porte reste ouverte entre nos deux mondes.

Et enfin une spécial dédicace
Au membre de la CFDT qui, par repentance, s'est abonné aux spectacles les plus longs et qui y assistera revêtu d'un cilice et d'une robe de bure.
Et au guichetier de l'Assedic à qui, si le protocole est maintenu, il reviendra de nous expliquer quel calcul nous est appliqué pour le règlement de nos allocations, si nous y avons encore droit.



(26/09/03)
"Intermittents : comment relancer le mouvement"


(26/09/03)


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