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Jeudi 23 Juillet 1998
 
Approchez Mesdames et Messieurs. Ce soir, les quatrièmes Jeudis du Port sont placés sous le signe de la découverte : des surprises, de l'originalité, des spectacles jamais vus, des p'tits jeunes de l'année. Là - à peine chauvins -, on parle de Matmatah-de-Lambézellec-même. Le tour de France à la Voile fait, ce soir, escale quai Malbert. Les régatiers arrivent de Vannes après une étape de 119 milles.
19h30 Quand il y a foule, vaut mieux être grand. Mais pas trop. M. et Mme Skakkja ont mal choisi leur jour pour visiter le port de Brest. Du haut de leurs trois mètres, ils ne passent pas inaperçus. Des dizaines et des dizaines de curieux forment un cercle autour de ce duo d'échassiers, plein de grâce, apparemment échappé du Carnaval de Venise.
19h53 Face à la douane, les comédiens de Thomas Chaussebourg proposent un spectacle immobile mobile. Immobile parce que maquillés comme des statues de bronze (ou des drag queens rentrées de boîte sous l'orage, c'est selon), ils gardent la pose, un brin troublés par les musiques à la Benny Hill qui viennent du spectacle voisin. Mobile parce qu'un oeil exercé perçoit de lents mouvements, de sortes de glissements mi-inquiétants mi-rassurants vers la foule.
Parlons-en des voisins qui font tant de tapage. Ce sont les acrobates, funambules et jongleurs de la Bash Street Company qui ont à nouveau traversé la Manche depuis Penzance au bout de la Cornouailles trois ans après leur premier déferlement chez nous. Cette fois-ci, ils racontent l'histoire de la "revanche de Kitty Kat" force pitreries et effets sonores qui font la joie des enfants.
20h19 Quatre-vingt dix minutes de "chansons françaises en moins mou", voilà ce que propose Félix La Putarâgne. Sons tziganes, rock, mexicains, celtiques ou occitans se combinent allègrement. Rien ne vient calmer l'ardeur des quatre Toulousains pourtant installés le dos aux frigos à poisson. Si le public se tient à distance de la scène, c'est seulement pour garder un oeil sur les goélands qui virevoltent au-dessus desdits frigos.
Spectacle immanquable de la soirée, celui des Zèbres à pois. Et pourtant, leur "plus petit cirque du monde", il faut le voir. Pour s'y retrouver dans l'immense foule qui envahit ce soir le port, inutile de chercher un chapiteau et des roulottes. Non, la scène n'est guère plus grande que l'écran de votre ordinateur. C'est à l'oreille qu'on les déniche. Les deux comiques au doux accent italien déclenchent les rires un peu à la manière de Garcimore. Véritable magie ou colossale supercherie ? Le Fourneau mène l'enquête.
A deux pas de là, La Main Sidibé, un groupe de percussionnistes s'élance. Tout au long du quai de la Douane vont s'élever des rythmes africains venus du Mali, de Côte-d'Ivoire et de Guinée.
21h46 Au titre des découvertes, les Jeudis mettent l'accent sur deux formations qui ont reçu un coup de pouce de France Inter dans le cadre des paris d'Inter : Paris Combo et le Trio G. Bescond.
Les premiers s'inspirent de la chanson française traditionnelle qu'ils revisitent sur les ryhtmes de la musique orientale, gitane ou latine.
Les seconds, autour du guitariste brestois Gilbert Bescond, interprètent des compositions de leur cru. La musique bretonne les inspire finalement moins que celle venue d'outre-Atlantique, du Brésil notamment.

22h36 Le spectacle aérien et pyrotechnique des Tréteaux du coeur volant s'envoie en l'air. Retour aux sources pour cette compagnie de cirque alternatif puisqu'elle a commencé sa carrière à l'ancien Fourneau en 1994. Ce soir, "Zinzin" se joue sur les traces du bâtiment démoli. Tout est à bord d'un semi-remorque entièrement autonome qui se déploie jusqu'à 12 mètres de hauteur.
22h43 Quelqu'un vient de monter le son du côté de la scène Grand Large. On se ressert un petit coup de Vieilles Charrues ? Quelques jours après avoir enflammé les festivaliers de Carhaix-s/-Woodstock, les quatre Brestoâ de Matmatah jouent à domicile pour la première fois depuis la sortie de leur premier album, il y a un mois. Heureux destin quand on sait qu'il y a cinq ans ils faisaient la manche à 100 mètres de cette même scène de l'autre côté du bassin !

Textes Richard Masson
Photos Yffic Cloarec, Richard Masson


(version papier du 24/07/98
"Cinq questions à... Matmatah"
"A l'Ouest? les jeudis!"
"Chauve qui peut!"
"Le pari de la rue"
(les articles ne sont plus disponibles sur le site du journal)

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