Enfin un peu de chaleur et de ciel lumineux. On a évité l’enceinte du château à cause des autos tamponneuses et des rumeurs de la braderie et on a planté le théâtre au bord de la rivière, sous le regard de l’Abbaye et des chevaux du haras. Loin du prestige des vieilles pierres, loin de l’animation de la fête : au grand silence de la campagne et de l’Espace Sissi Delalande. Il est presque dix huit heures, une cloche bourdonne au loin, les arbres bruissent dans la brise tiède, les hirondelles frôlent l’herbe rase et les brumes de chaleur enveloppent les marais tout proches. On pense à Barbey d’Aurevilly, le dandy littéraire natif de Saint Sauveur et on s‘interroge pour la forme, histoire de tromper son attente. Qui est cette Sissi Delalande au nom de chanteuse de cabaret ? Qui viendra au spectacle, si éloigné du centre bourg, en cette soirée électorale si dépourvue d’incertitudes ? A quoi pense un cheval dont on tire le portrait ? Mais déjà les premiers spectateurs traversent la prairie pour venir partager l‘absence de réponse avec nous. C’est une belle soirée dont on a coeur de profiter, avant l’orage des lendemains.
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