Le Fourneau, Carnets de Voyage

BRECEY

vendredi 8 juin 2007

vendredi 8 juin 2007, par Jean-Baptiste Magnifique

Place de la grenouille, la statue en béton de l’énorme batracien surveille les rosiers du jardin public. Dans son dos, de vénérables poissons rouges s’ébattent au milieu des roseaux. Et à portée de sa vigilance, d’étranges bipèdes costumés s’activent autour d’un drôle d’engin qui roule et raconte des histoires. Plus loin, sur le marché, derrière son étal maraîcher, une marchande de légumes s’inquiète auprès d’une voisine poissonnière : “Est-ce qu’il est-il revenu, Paella ?” L’absence momentanée du restaurateur ambulant influence sans nulle doute le commerce local en perte de repaires syntaxiques au point qu’on espère son retour avec le même empressement qu’on réserve au Sauveur dont une joyeuse volée de cloches annonce la venue sur le plateau des Magnifiques. La grenouille, elle, s’en moque. Elle ne mange pas de ce pain-là qui fait causer les hommes. Elle n’entend pas toutes ces foutaises, ce distrayant désordre qui fait sourire les écoliers et qui arrête les chalands. Pas plus qu’elle n’apprécie les odeurs safranées des spécialités espagnoles. Elle est là pour longtemps à regarder s’enfuir les journées immobiles et ils ont beau se vanter, ces charlatans de saltimbanques, leurs belles paroles ne pourront jamais la transformer en prince charmant.

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