Les feuillets d'amour (3)

Conversation musicale et théâtrale

Un extrait de Carmen (en RealAudio)
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Extrait N° 4 (adaptation libre de Benoit Louette
pour cuivres, piano et harpe)
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Musique, opéra, théâtre s'entremêlent sous la baguette d'un artiste de théâtre de rue, Philippe Freslon, créateur de la Compagnie Off. Tentative de contamination des disciplines qui a trouvé pour vecteur l'esprit "rue". Conversation avec Benoît Louette et François Joinville, respectivement responsable de l'adaptation musicale et directeur d'acteurs

L'approche "rue" permet-elle de réunir les genres ?

FJ : Philippe Freslon est un scénographe, il voit les choses bouger à partir d'un espace, il est à la limite "inconscient" des difficultés. Il prend donc facilement le risque d assembler les disciplines.
BL : Carmen est le prétexte de mettre en scène l'opéra plus qu'un opéra. L'opéra mêle les genres sans véritable approche transdisciplinaire. Pour la première fois les musiciens sont mis en scène, mis en mouvement : nos sons, nos instruments, nos gestes. Cela donne à la musique toute sa raison d'être.

Ce n'est pas innocent d'avoir choisi Carmen, I'opéra le plus populaire, le plus à même de descendre dans la rue. Qu'est ce que Carmen raconte ?

FJ : Avant tout la difficulté de communiquer. Carmen est emblématique de l'incompréhension de classe, de mœurs, de sexe, de sang. La configuration de l'équipe est également dans cette tension, nécessaire à la reconsidération du propos.
BL : Nous nous sommes attachés à mettre en scène les accidents, tout ce que l'on ne regarde pas d'habitude, Ies coulisses d'une création humaine. C'est un vrai sujet.

C'est typiquement "rue" de travailler à partir de la matière, qu'elle soit humaine, musicale, environnementale... de bâtir en la modelant. C'est un pari d'écriture. ça ne peut être qu'une histoire d'amour. Ce Carmen parvient-il à parler d'amour ?

FJ : Il n'y a qu'à voir les "corps", les instruments à vent en eux. Carmen parle de tout ce qui nous touche, d'amour, de sexe mais aussi d'exclusion. Carmen est une bohémienne.
PL : l'amour oui, plutôt la haine. Une passion en tout état de cause, celle racontée par Mérimée.
FJ : on distille du sirop de Carmen. C est doux, sucré jusqu'à devenir concret. C'est pas ça l'amour ?

Propos recueillis, interprétés ou trahis par Maud Le Floc'h

 
   

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