Play Time

Ensemble de musiciens et d’instruments électroniques

"Le compositeur doit travailler avec le seul dénominateur du son et du silence : le temps"
John Cage


Photographe : Donatien Rousseau
En 1920, un jeune et séduisant physicien russe invente l’instrument qui portera son nom, le Theremin. Cet instrument, certes, fait entendre pour la première fois le son inouï des lampes triode et d’un circuit hétérodyne ; mais c’est aussi un instrument qui n’est ni frotté, ni frappé, ni soufflé, ni même touché par le musicien. Cette double singularité, cette “voix de l’éther” associée à la théâtralité quasi magique de son contrôle gestuel, va fasciner les foules mais va aussi se faire payer très cher, comme une malédiction dont hériteront tous les instruments électroniques à venir : cet instrument, libre de toute échelle de hauteurs et de toute contrainte mécanique, sera condamné à jouer tant bien que mal des pièces pour violon, violoncelle, flûte ou soprano, ou à la rigueur à exécuter quelques effets spéciaux.

Il ne viendrait à l’idée de personne (personne ?) de demander à un joueur de shamisen, de ngoni ou de ranasringa de jouer La Marseillaise ou Au Clair de la Lune, juste pour voir si c’est bien un instrument de musique. C’est pourtant le risque majeur que vous encourez quotidiennement si vous êtes joueur de Theremin, de Méta-instrument, de Biomuse, de hot-gloves, ou de VCS3... A cette époque soi-disant techno, où naissent des musiques actuelles, on vous demandera de jouer un petit air.

Que se passe-t-il si l’on réunit quelques-uns de ces instruments ? Si l’on considère que la note n’est pas l’élément essentiel du jeu et de l’œuvre, mais que la partition peut découler de la forme d’un objet dont la main suivrait les contours, que le rythme pourrait être induit par une chasse aux moustiques, que le contour mélodique est produit par la trajectoire d’un personnage ? Que se passe-t-il si le rapport entre deux musiciens représente une situation dramatique telle que ce qui se joue est plus important que ce qu’ils jouent ? Que se passe-t-il si l’image du musicien perturbe la perception de ce qu’il joue au point d’en transformer complètement l’écoute ? C’est en nous posant toutes ces questions que nous avons créé Playtime.

Playtime, le temps de jouer...

Photographe : Donatien Rousseau
Playtime, c’est justement une sorte de cérémonie pour libérer ces instruments de leur malédiction originelle, mais une cérémonie ludique ; car les instruments de musique, quels qu’ils soient, sont faits pour être “joués”.

Pour jouer le jeu jusqu’au bout, au cours du concert (car il s’agit bien d’une sorte de concert), vous pourrez aussi reconnaître (ou pas) des pages de musique écrites à l’origine pour instruments acoustiques, comme des fragments de l’Ars subtilior, ou de Richard Strauss, ou de Karlheinz Stockhausen…

A défaut de vous "jouer un air", Playtime sera une "aire de jeu", avec des artistes invités : musiciens, mais aussi chorégraphes, danseurs ou comédiens, acrobates ou jongleurs, dramaturges ou écrivains, peintres ou plasticiens, ingénieurs ou chanteurs...


Photographe : Thierry Ardouin

Générique...

Musiciens de la première étape
Bertrand Auger : Contrôleur de souffle Yamaha WX7 et modules MIDI
Laurent Dailleau : Theremin et électronique antique
Jean-Philippe Dartois : Ondes Martenot
Jean Haury : Touches de clavier
Gyorgy Kurtag : Contrôleurs à percussions et à claviers
Michel Risse : Contôleurs à percussions, Hot-Gloves

Avec la complicité de
Jean Grison : scénographe-luminariste
Renaud Biri : régisseur

Espace ouvert, Playtime rencontrera et accueillera d’autres artistes dans son parcours.

Playtime est une production Décor Sonore, avec le soutien du GMEA d’Albi, de la Muse en Circuit, de l’Avant-Rue - friches théâtre urbain et de la SACEM.

Fiche technique