Les Boîtes à Musiques
Création 1996

Spectacle minimaliste pour une divette Gourmande et une Joséphine Volcanique

Un par un, comme à confesse, les spectateurs sont engloutis par la mezzo-soprano, reine d’un théâtre miniature. Sous sa coiffe de rideaux rouges, son diadème est un lustre, sa poitrine est la scène. Chantant avec un chic fou l’intégrale des poèmes érotiques de Pierre Louys, elle est tour à tour enjôleuse, colérique, lasse, amoureuse, mourante... Ses changements sont fulgurants. Derrière, on s’impatiente, et au bout d’une minute, expulsé, on repart en promettant de ne rien révéler, en ayant conscience de faire partie des rares élus...

Puce, dite Dora Lou, dite Madame Lucie, dite Annick Hémon, trouvera-t-elle ainsi un nouveau surnom, tant ce personnage, qui allie une petite taille, l’amour de la voix lyrique et la fascination du spectacle de rue, semble avoir été composé pour elle ?

"Aller voir sous les jupes des filles", chante Alain Souchon. Joséphine porte perruque, un chapeau démesuré, elle est poudrée, talquée, elle porte une longue robe à crinoline, largement décolletée. Son port de tête est fier, pas un mot ne sort de sa bouche. Les spectateurs s’agenouillent, que dis-je, se prosternent devant notre Joséphine, qui, de Beauharnais à l’extérieur se révèle être plus Baker à l’intérieur. Au milieu d’une jungle kaleidoscopique, les jambes et les pieds de notre presonnage sont lancés dans une sarabande effroyable. La prouesse chorégraphique est saisissante, entre le haut immuable et le bas volcanique.

Seule une antillaise nourrie d’entrechats et de charleston, une habituée des créations chorégraphiques de plein air ou des "Gueules de Piaf", une amoureuse des violents contrastes corporels, seule Jany Jérémie pouvait être cette Joséphine.

Revue de presse