Quinze mètres sous terre il s’en passe des choses. Et des plus noires. On le sait -et les faits divers sont là pour nous le rappeler- les stations de métro sont les lieux de toutes les dérives, les lieux où flotte l’odeur de la mort. Crimes, suicides, viols, agressions, vols à l’arraché... C’est le tableau que LE PETIT THEATRE DE PAIN brosse en quelques scènes préparatoires à son travail en cours intitulé LE SIPHON.
L’univers est bien glauque. Les êtres qui traversent cette station, marginaux de tout acabit, ne sont pas des plus fréquentables pour le sage commun des mortels. La plupart d’entre eux seraient incapables de remonter à la surface : comme ce chauffeur de rame collé à son volant depuis des années, ils ne veulent pas revoir la lumière, encore moins le soleil. Désormais c’est là qu’ils vivent, dans cet underground plein de sons stridents, de sirènes, de silences, de rires, de cris et de chuchotements.
Les comédiens ont du texte en abondance -trop ? c’est à voir- et le grain des voix rend souvent un beau relief. Ajoutez à cela une partition musicale bien dense, des éclairages affinés, des chorégraphies, un arsenal de masques, de maquillages et de défroques ad hoc et le monde interlope du SIPHON prend tournure. Ximun Fuchs, le metteur en scène, nous a prévenus : encore cinq mois de travail pour la quinzaine d’artistes et on pourra acheter notre ticket pour la station de métro de tous les dangers...
Photo : Jacques Nicolas