Le véhicule d’exploration n’est pas banal : un vaisseau quasi spatial piloté par l’équipe de Star Trek elle-même. On est dans de bonnes mains. Le but du voyage, on l’a compris, c’est de plonger dans le corps d’Elvis. Outre l’équipe Star Trek, il y a là le manager d’Elvis et un journaliste rock, sorte de Philippe Manoeuvre mais en plus grand, roux et sans Ray-Ban. Sont conviés aussi les spectateurs, petits et grands, mais tous miniaturisés par la méthode classique, vous la connaissez on n’a pas besoin de vous la rappeler.
Attention, descendre dans un corps ça ne se fait pas comme on glisse une lettre à la poste. Il y a des risques, des obstacles, des bonnes et des mauvaises surprises. Quand vous croisez les cordes vocales vous jouez avec, c’est de bonne guerre. Mais si vous passez par les amygdales c’est une autre histoire, d’autant qu’elles en ont connu des vertes et des pas mûres les pauvres : alcools, drogues... ce n’est pas une région fréquentable. Quand vous atteignez l’oesophage c’est autre chose, ça colle un peu aux semelles, et si vous approchez de la mémoire, là, vous touchez à l’intime de l’intime.
Le spectacle exploratoire d’ACID KOSTIK est souvent ludique : le jeu de scène ne se prive pas de gags. Mais la narration suit assez scrupuleusement la biographie d’Elvis : il y a donc plusieurs flash-backs. Elvis avec ses parents pas riches, le jeune Elvis dans la débrouille à ses débuts, Elvis et son jumeau dans le ventre de sa maman, Elvis en "jeune homme trop gros" dépressif devant son miroir de salle de bain... Le spectacle n’est donc pas que jubilatoire. Il touche aussi au grave : le destin d’un homme surexploité par le Star-système qui sait faire briller à outrance les étoiles jusqu’à les épuiser prématurément.
DANS LE CORPS D’ELVIS est un spectacle qui demande à être exploré et réexploré. D’une part il embarque des références qui ne diront sans doute pas grand chose aux mômes d’aujourd’hui même si l’arsenal façon Men In Black ou Guerre des Etoiles saura les ravir. Par ailleurs le spectacle demande aux parents de ressortir les vieux vinyles et les vieilles séries télévisées. Bref, c’est sans doute dans l’échange de tout cela que chacun y trouvera son compte et que la proposition d’ACID KOSTIK fera son bout de chemin vers, disons... les étoiles.
Plus d’infos sur la résidence : http://www.lefourneau.com/creations...