A Kersaint Plabennec le dimanche 2 mai, le vent soufflait méchamment du nord-nord-est et nos six Sergents en robes longues ont su retenir sur la place du village une petite foule transie prête à s’envoler faute d’avoir pu voir les Irlandais de Tumble Circus, interrompus par la pluie qui sentait la Mer du Nord et la Baltique.
A Brest, vendredi 7 mai, le Parc à chaînes avait les pieds dans l’eau, les six musiciens ont donc lâché leurs vents -euh, bon... - et attisé le feu dans le Fourneau.
A deux pas d’une rade où les spis sont souvent de sortie, ces six-là sont loin d’être pépères et le souffle de leur fanfare mettrait le vent dans les voiles d’un remorqueur de haute mer ou d’un supertanker. D’entrée de jeu l’hélicon vous imprime une basse mélodique aussi riche que la basse mythique de Paul Mac Cartney. Le duo trombone-saxophones forme avec l’accordéon un trio précis jamais à court de surprises et de joyaux qui sifflent à nos oreilles.
Tout cela est couronné d’une section percussive que tiennent deux sergents singuliers : l’un assis, impassible, sur son bolide devant sa Gretsch chromée et l’autre, façon prêtre exorciste aussi étrange qu’un chaman habile à maîtriser le ciel en agitant diverses percussions.
Et les voix sont là aussi : des chants vous soufflent des mots vaguement inquiétants comme ceux qu’émet le vent dans les arbres, quelques clins d’oeil joueurs façon Pierre Dac et Francis Blanche "Vous pouvez le dire ?... Il peut le dire !" et une piquante présentation des protagonistes dont il ne faut pas rater un seul mot...