"Résidences Arts de la rue
de formation au multimédia"


1. Le contexte

Le Fourneau, scène conventionnée "Arts de la rue"

Dans le cadre du programme national des scènes conventionnées, Le Fourneau [en Bretagne], vient de s'engager par convention triennale à développer ses actions dans le secteur des arts de la rue selon trois axes de travail :

  • Un pôle de création, de fabrication et de production.
  • Un pôle de diffusion, des œuvres créées avec son soutien et en liaison avec le réseau national des arts de la rue. Il accompagne ainsi les efforts des différentes collectivités territoriales ou associations dans leur démarche d'aménagement culturel du territoire et de diffusion artistique de qualité.
  • Un pôle de ressources, de conseil et de formation au service des partenaires intéressés au développement des arts de la rue, notamment par le biais de son Espace Culture Multimédia.

Le Fourneau, Espace Culture Multimédia

Mis en ligne le 1er janvier 98, le site Internet www.lefourneau.com fait figure de pionnier et de référence. Se faisant l'écho de la vie du Lieu de fabrique de Brest et de l'Ouest, il raconte l'accueil et le travail des compagnies en résidence, les festivals et événements vécus, et met en liaison tous les connectés de la profession (hébergement et animation du site de la Fédération, gestion de la liste de diffusion "arts de la rue", etc.)

De nombreuses actions d'initiation en direction des artistes et du tout public ont valu au Fourneau d'être labellisé par le Ministère de la Culture au titre du programme Espace Culture Multimédia et d'inaugurer le 8 juin 1999, La Boutique du 6 rue Porstrein, un local de 50 m2 avec ses 5 machines multimédia permettant l'accès Internet et la création multimédia (scanner, carte d'acquisition vidéo, appareil photo numérique, logiciels…)

Le Fourneau, lieu de formation

Au moment où tout un chacun s'interroge sur le thème de la Formation/Qualification et Transmission dans le domaine des Arts de la rue, le Fourneau a déjà répondu à des demandes spécifiques de formation multimédia émanant de la profession. De nombreuses compagnies ont ainsi été initiées à Internet lors de leur passage à Brest (Cie Tuchenn, Le SNOB, Cie Jo Bithume, Cie 26000 Couverts, Cie Artonik, Cercle de la Litote, Cirque Romanès, Cité des Augustes, Cie 12 Balles dans la peau, Cie Thé à la rue, Cie Oposito).

Ces différentes expériences nous incitent à imaginer un projet de formation plus conséquent, au cœur même du lieu de fabrique connecté en permanence sur le vivier des arts de la rue.

2. Objectif

Il s'agit de rendre autonomes sur le Web les compagnies désireuses de créer et gérer elles-mêmes leur présence sur Internet.

3. Une approche du multimédia spécifique aux arts de la rue

A forme d'usages spécifiques…

Une forme d'usages spécifiques aux arts de la rue est en train d'apparaître sur Internet : les Compagnies, Lieux de fabrique, Festivals sont de plus en plus nombreux à occuper l'espace public du Web et à emprunter les rues du "Réseau des réseaux".
Une mémoire collective se fabrique ainsi sur le net, un ancrage dans l'espace et le temps qui n'entre pas en contradiction avec le caractère éphémère et public des arts de la rue.

cf. en annexe un extrait sur l'ECM du Fourneau de l'étude de Sophie Tiévant réalisée en décembre 1999 "Observation et analyse des usages des TIC dans les Espaces Culture Multimédia"

… une démarche spécifique s'appuyant sur les compagnies…

La notion de compagnie est fondamentale dans le développement des arts de la rue. La formation au multimédia doit naturellement s'appuyer sur cette réalité.
La fabrication d'un site Web implique les acteurs principaux de la compagnie : metteur en scène, administrateur, plasticien…

… par le biais de résidences "multimédias"

Les vertus de la résidence ne sont plus à démontrer sur le plan de la création artistique. Trois à quatre membre de la compagnie se retrouvent ainsi réunis une semaine dans l'Espace Culture Multimédia du Fourneau pour ne se consacrer qu'à un seul objectif : la réalisation du site Web de la compagnie.
En complément de cette résidence, le formateur se déplace sur le lieu de travail de la compagnie dans un délai d'un mois pour deux jours consécutifs afin de résoudre les problèmes rencontrés dans la gestion au quotidien du site.

4. Public concerné

Les stagiaires doivent faire partie de la même compagnie. Au minimum, trois domaines de compétences doivent êtres réunis :

  • Un concepteur (directeur de compagnie, metteur en scène…)
  • Un graphiste (plasticien, décorateur,…)
  • Une personne ayant des bases en manipulation de logiciels

5. Contenu, méthode

La démarche consiste en un va-et-vient entre l'apport théorique, l'analyse de l'existant et la réalisation concrète.
Sur 5 jours :

  • Rappels théoriques sur Internet (historique, outils disponibles - web, mail, news,...-, moteurs de recherche, téléchargement)
  • Analyse/critiques de sites existants
  • Formation théorique au HTML puis rapidement à la manipulation d'un logiciel de mise en page Web (Dreamweaver)
  • Conception du site de la compagnie à partir du matériau fourni
  • Réalisation
  • Mise en ligne, inscription dans les moteurs de recherche

2 jours, quelques semaines plus tard

  • Analyse du travail effectué dans les locaux de la compagnie
  • Bilan de l'inscription dans les moteurs de recherche et de la communication effectuée sur l'existence du site

6. Moyens mis à disposition

Matériels

  • Dans l'Espace Culture Multimédia, 5 ordinateurs en réseau local avec accès à Internet (4 PC Windows, 1 Imac DV), imprimante, scanner, appareil photo numérique, mini-disc, carte d'acquisition vidéo, magnétoscope.
  • Support papier.

Ressources humaines

  • Formateur : Yffic Cloarec, ingénieur informaticien, webmestre du site du www.lefourneau.com
  • Intervenant : Claude Morizur, co-directeur du Fourneau

7. Financement

Dans le cadre de la formation continue, cette formation peut être prise en charge par l'organisme dont les stagiaires relèvent (AFDAS pour les intermittents du spectacle par exemple). N° d'agrément 53290622629.

Ce stage bénéficie également d'une subvention DMDTS au titre de la formation Arts de la Rue.

 

Annexe

Observation et analyse des usages des Technologies de l'Information et de Communication dans les "Espaces Culture Multimédia" - Partenaires et usages collectifs (Extrait)

(...) Quelle relation entre les arts de la rue et les technologies d'information et de communication ? Ces technologies peuvent être utilisées par les artistes de la rue, comme par tout le monde, comme outils de gestion ou de promotion. Mais on peut, a priori, s'interroger sur l'existence d'une relation spécifiquement artistique. Pourtant, l'observation des pratiques au Fourneau montre que, dans les faits, la relation entre multimédia et arts de la rue va au-delà de ces premières intuitions. Et là encore, la généalogie de la rencontre entre les deux disciplines, dans le contexte du Fourneau, va nous aider à la comprendre.
Le Fourneau est la seule fabrique à avoir adopté les nouvelles technologies dans son fonctionnement quotidien ; mais cette particularité n'était pas inscrite, dès le départ, dans son histoire : "Au début, dans notre groupe, on avait tendance à rejeter les nouvelles technologies . On disait : oh lui ! il est toujours fourré sur le Minitel ou l'ordinateur ! les nouvelles technologies, ça tue la convivialité… A la fin de l'année 1997, lorsque le premier Fourneau a été démoli, nous n'avions plus de toit. Et quand on n'a plus de toit, on se projette dans l'imaginaire… C'est là qu'on a pensé à un site Web parce qu'on avait rencontré Yffic Cloarec qui avait suivi les "Grains de Folie" et il avait envie de créer un site. Alors, on s'est inventé un nouvel hébergement sous forme d'un site : il est présenté sur la photo du 31 décembre 97 : on est tous devant la porte de l'ancien Fourneau qui devait être démoli mais au-dessus de laquelle on a inscrit notre adresse virtuelle www.lefourneau.com qui, elle, nous fournissait un toit, une domiciliation…".
Aujourd'hui, plus personne ne doute de la compatibilité entre nouvelles technologies et convivialité. Mais le fond de la relation entre les deux univers, apparemment si étrangers l'un à l'autre, reste une question ouverte. Une formule à double sens traduit bien la perplexité et les espoirs qui l'entourent : "Quand les artistes de rue seront sur Internet, ils ne seront plus dans la rue...".
A partir de 1998, c'est dans l'action que le rôle des technologies pour les arts de la rue va progressivement se préciser. Le déclic se produit à l'occasion d'un voyage en Ethiopie organisé avec la compagnie Oposito, "Rhinocéros 98", dont l'un des buts est de former de jeunes éthiopiens aux arts de l'acrobatie. Le journal de bord du voyage est mis en ligne chaque semaine sur le site du Fourneau : "Là, le site a vraiment commencé à exister, à nous faire exister… Et on s'est aussi mis à organiser des activités autour du multimédia pour les compagnies et pour le grand public." Un an plus tard, en août 1999, les mêmes partenaires, Oposito et Le Fourneau, se retrouveront pour une tournée en Afrique du Sud au cours de laquelle Oposito jouera son spectacle Cinématophone dans les rues de Soweto et d'Alexandra. Là encore, le site Web servira de résonateur et de mémoire de l'événement. (...)

Sophie Tiévant - Décembre 1999 (pdf 96ko)